Ce livre issu de la recherche dans les archives notariales et judiciaires reste très vivant car il contient nombre d’histoires distrayantes.
Avec Françoise Auricoste, nous pénétrons dans le monde des aubergistes et cabaretiers quercynois d’Ancien Régime à la fois très différent et très proche du notre.
Dès la fin des guerres de Religion, la reprise des relations commerciales amène des Quercynois entreprenants mais sans moyens à ouvrir des auberges et des cabarets dans leur propre maison d’habitation. Sans devanture particulière, ces auberges se signalaient au voyageur par une branche de genévrier ou de pin suspendue au dessus de la porte. La promiscuité ne gênait pas les contemporains. Faute d’espace, les clients ne louaient pas une chambre, ils ne louaient pas un lit mais une place dans ce lit à côté d’un inconnu. Vu l’exiguïté des auberges, il n’y a pas de salle à manger ou de table d’hôte avant le XIXe siècle. On est servi dans sa chambre avec son ou ses compagnons d’une nuit.
Cependant l’hospitalité quercynoise annonce notre époque : la multiplicité des chambres d’hôtes dans les villages, l’excellence réputation gastronomique des hôtelleries quercynoises dès le XVIIe siècle, le contrôle constant de l’État partagé entre la répression de l’alcoolisme et les ressources que lui apportent les droits payés par les cabaretiers sur le vin en cave. Avec le développement des vignes en Quercy au XVIIIe siècle, chaque vigneron ou artisan s’improvise cabaretier pour vendre sa récolte. Réglementation d’ouverture, traque fiscale par les rats de cave, révolte, cabarets clandestins vont de pair au XIXe siècle.
La violence au cabaret mais aussi le rôle très positif des différents types d’auberges et de cabarets dans la vie économique, politique, ainsi que les loisirs sont également étudiés, sans oublier les grandes dynasties d’aubergistes quercynois qui, en construisant des établissements modernes au XIXe siècle, ont prévu les réalités nouvelles : développement des voyages, ouverture des boulevards au pied des anciens remparts, révolution du chemin de fer, développement du thermalisme ou du tourisme.
Un index de plus de 800 noms d’aubergistes quercynois de 1600 à 1900 et leurs sources d’archives termine l’ouvrage.