Crécy, Poitiers, Azincourt… Derrière les noms des grandes batailles, on oublie souvent que la guerre de Cent Ans ne fut pas seulement l’affaire des rois, des princes et des soldats. En effet, dans les provinces proches de l’Aquitaine anglaise, comme le Quercy, les habitants furent quotidiennement confrontés aux compagnies de routiers qui agissaient sous l’ombre du roi d’Angleterre. Forte de 50 à 80 hommes chacune, elles se fortifièrent ici et là, dans des châteaux, des églises ou des villages fortifiés et soumirent la région à une pression militaire constante… Face à elles, le rôle défensif que tinrent les centres urbains fut primordial.

Une ville ou un bourg, c’était quelques centaines ou milliers de citadins, un espace de vie et des activités économiques débordant largement le périmètre bâti à protéger : la défense à mettre en œuvre était complexe et, sur le long terme, ne pouvait se faire avec les seuls moyens militaires. Cette tâche délicate revint aux consulats, ces municipalités bourgeoises qui avaient en main les rênes de leurs communautés : ils ne négligèrent aucun domaine, de la fortification à l’armement, en passant par la défense économique et la résolution des problèmes sociaux et sanitaires.

Alors que le pouvoir des Valois était ébranlé jusque dans ses fondements et que les cadres de la vie rurale se disloquaient sous les coups de boutoirs anglais, les villes et les bourgs restèrent dans la province les plus sûrs appuis de l’autorité royale et d’incontestables îlots de stabilité.

Les municipalités quercinoises du bas Moyen Age nous ont légué d’importantes archives où se côtoient des dizaines de registres de comptes et de délibérations, des centaines d’actes notariés et d’imposantes correspondances. Nicolas Savy les a parcouru, déchiffré et exploité durant plusieurs années et à présenté une synthèse de ses recherches dans sa thèse de doctorat en histoire. Cet ouvrage en est directement issu.