Le Lot comme vous ne l ‘avez jamais vu ! Jean-Pierre Otte rend un hommage littéraire et pittoresque à cette contrée marginale devenue depuis un siècle le pays d’élection de nombreux artistes et écrivains.

Sous forme de chroniques regorgeant d’anecdotes drôles et savantes, Jean-Pierre Otte se penche sur la région où il a élu domicile depuis plus de vingt ans. Louant non seulement la beauté du paysage, la majesté du Causse, l’auteur dévoile aussi la magie, les zones d’ombre, l’isolement, le côté sauvage et surréel de ce lieu protégé de l’invasion touristique, comme de la spéculation immobilière. Sous la plume de l’auteur, le Lot devient alors une contrée exotique et fascinante, dont le canton méconnu de l’Arnal semble représentatif à maints égards. Notamment pour sa population éclectique, divisée en trois groupes. Commençons par les autochtones. Reliés au sol, au climat et aux bêtes, leurs préoccupations terriennes semblent rythmer leur vie entière. Il s ‘avère pourtant que les mœurs paysannes sont bien plus libertines et divertissantes que ne l ‘imaginent les citadins. Ou que d ‘autres passions régissent leur existence, comme dans le cas de ce cultivateur passionné d’égyptologie, obsédé par les les premiers hiéroglyphes et leur ressemblance avec les symboles de la nature. Vient ensuite le cercle des « parachutés », ces réfugiés volontaires « apatrides », le plus souvent excentriques. On y trouve ainsi un homme qui soigne sa manie de la persécution en étudiant les mathématiques, un chercheur du CNRS reliant les mythes anciens à l’astronomie, une prostituée vivant dans les bois, un Américain venu avec une valise vide et un perroquet sur l’épaule, un travesti nostalgique, un peintre et une botaniste vivant dans une yourte mongole. Ils ont en commun d’être différents. Tous ont trouvé dans l’Arnal leurs vraies racines. Le troisième cercle est composé de nomades. Depuis qu’une longue tradition d’asile s’est perpétrée dans la région, l’Arnal sert de cachette pour toutes sortes de fugueurs, de clandestins, de déserteurs, qui disparaissent aussi mystérieusement qu’ils sont apparus. Parmis ceux qui ne font que passer, on trouve aussi des convalescents, chez qui s ‘opèrent parfois des miracles, comme pour ces suicidaires qui repartent guéris de leur désespoir. Vient enfin une dernière frange de cette population qu’on nomme touriste, souvent anglaise, à la peau blanche couverte de taches de rousseur, amoureuse des vieilles pierres et amatrice de bons vins, à qui il faut néanmoins beaucoup de patience pour se faire accepter. Et lorsque Jean-Pierre Otte et ses voisins ont la bonne idée d ‘organiser chez eux des cycles de conférences ouverts à chacun, la vie dans l ‘Arnal devient pour cette drôle de communauté une véritable université de tous les savoirs. C’est enfin dans cette belle commune que l’auteur fait la connaissance de celle qui deviendra sa femme, Minna, écrivain comme lui, et pour ajouter à l’originalité du tout, spécialisée dans le roman préhistorique ! Pour vivre heureux, vivons caché, professe le dicton. C’est en lisant ce livre que l’on comprend en quoi la notion de marge peut coïncider, parfois, avec celle de bonheur. Mais, surtout, ne le dites à personne. Seuls les initiés sont admis.

Jean-Pierre Otte est né dans les Ardennes en 1949. Avide de savoir, il étudie des disciplines aussi diverses que la biologie, la physique, la philosophie et les mythologies du monde. Spécialiste des mythes de la création, il s’adonne aussi à la botanique et à l’observation des insectes. Installé depuis 1984 dans le Lot, il vit entouré d’animaux familiers. Écrivain, conteur, conférencier et peintre, il est un des auteurs les plus originaux de notre époque.