En termes héraldiques, la croix de Toulouse, ou croix du Languedoc ou encore croix occitane, est une croix grecque à branches égales rectilignes, cléchée (ses extrémités sont en forme d’anneaux de clefs) et pommetée d’or, dont les extrémités des branches sont triplement bouletées et perlées.croix occitane

Elle apparaît avec le sceau de Raymond VI en 1211 et sera toujours utilisée ensuite par les comtes de Toulouse. Elle s’imposera dans tout le domaine toulousain au début du XIIIème siècle et figurera dès lors sur les armes de la ville de Toulouse, puis sur celles du Languedoc du XIVème au XVIIIème siècle. Plusieurs hypothèses existent sur son origine et elle a fait l’objet de nombreuses interprétations symboliques. Au début, une simple roue solaire à douze rayons, chacun bouleté à son extrémité, symbolisant les douze maisons du zodiaque. Aux XIIème et XIIIème siècles, les clercs voyaient dans cette figuration le christ crucifié entouré de ses douze apôtres.

Elle a également été appelée croix cathare dans la mesure où elle s’opposait à la croix latine, rejetée par les cathares. Enfin, elle semble matérialiser l’itinéraire des Wisigoths, des rives de la Mer Noire à Toulouse, par les Balkans, l’Italie et l’Espagne… Il en existe de semblables en Provence, en Catalogne espagnole et en Italie du Nord. Elle apparaît officiellement sur le sceau du comtal en 1211. Les 12 cercles qui coiffent les 4 branches sont décorés des signes stylisés du zodiaque. Cette croix est antérieure à l’épopée cathare.

Elle vient de la Provence : les auteurs du «Vieux Toulouse» l’attribuent au mariage du comte Guillaume Taillefer (Comte de Toulouse de 951 à 1037) et de Emme de Venasque, la croix provenant du Marquisat de Provence. On dit aussi que le premier Comte Thorson l’avait déjà utilisée à la suite du siège de Bayonne. On retrouve également des réminicenses dans les stèles discoïdales du Languedoc.

La ressemblance la plus frappante, il faut aller la chercher dans les surprenants chapiteaux du cloître de Santa-Maria de l’Estany dans la Catalogne : cette croix semble matérialiser l’itinéraire des Wisigoths de la mer noire à Toulouse via les Balkans et l’Italie, elle était utilisée comme symbole de ce peuple chrétien, mais arien, et c’est ce souvenir que les stèles discoïdales du Lauragais auraient conservé. C’est ceci qui nous rapproche de l’épopée Cathare, qu’il faut toujours relier à l’histoire wisigothique de la région.

LES CATHARES ET LA CROIX OCCITANE

Il est peu vraisemblable que les Cathares aient porté une croix quelconque. En effet, ils rejetaient tout symbolisme pour ne pas adorer une image à la place du Dieu Vrai. De la même manière, aucune église ne pouvait devenir, dans leur croyance, un lieu saint. Seul le recueillement intérieur pouvait prétendre à être une prière. Anne Brenon, dans son «Petit Précis de Catharisme» (Editions Loubatières, 1996) présente même la religion cathare comme un christianisme sans croix, cette dernière étant réduite à un instrument de torture.

Pierre des Vaux-de-Cernay, dans son «Historia Albigensis» (Librairie philosophique, 1951), nous dit : «…Ils appelaient idolâtrie les images qui sont dans les églises, …». En fait, ils ne rejetaient pas la matière dans son ensemble, à la différence de ce que leurs détracteurs ont bien voulu nous faire croire, mais combattaient tout ce qui est éphémère.

Il est alors plus facile de comprendre leur position – et les extrapolations qui en découlent – vis-à-vis de ce qui est vivant, … En fait de combat entre deux croix, il a bien existé, mais dans cette acception religieuse et spirituelle, mais dans une dimension politique : la croix de Toulouse et la croix de Rome. La société structurée naissante dans le Languedoc, ainsi que celle qui voyait le jour notamment au nord de l’Italie ne pouvaient laisser les catholiques inactifs.