Catégorie : Quercynois célèbres Page 2 of 5

Léo Ferré… le Quercy, la vie d’un artiste généreux et vulnérable

Léo Ferré a vécu cinq ans en Quercy de 1963 à 1968, à Perdrigal (Pech Rigal) sur la commune de Saint-Clair près de Gourdon. Une période féconde où il mit en musique les poètes Verlaine, Rimbaud, Baudelaire, rédigea des réflexions sur l’écriture, créa des chansons, écrivit des poèmes sur ce pays.

Paradis Perdrigal, le jaune te va bien,
Cette couleur qui fonce à mort vers les ténèbres …/….
Il faut prier pour moi dans ton ordre païen
Il faut me pardonner mes pas dans ton silence
Et me donner le temps pour que mon temps commence
Pour que tout aille mieux et du Mal, et du Bien1

Du jaune à l’ocre, il décline les couleurs du Lot en contrepoint au bleu et au vert de l’Île de Guesclin qui lui inspira Les Chants de la fureur dont est extrait La Mémoire et la Mer : deux lieux qui vont le marquer profondément.

En dépit du lien qui a uni, un temps, Léo Ferré à André Breton qui devait écrire la préface du recueil « Poètes… vos papiers ! » avant d’y renoncer, le « pape » du surréalisme n’est pas à l’origine de sa venue en Quercy. Léo Ferré se préfaça lui-même dans un texte à la rage magnifique : La poésie contemporaine ne chante plus. Elle rampe. Elle a cependant le privilège de la distinction, elle ne fréquente pas les mots mal famés, elle les ignore.2 Rappelons que d’autres surréalistes fréquentaient le Lot. Louis Aragon, Léo Ferré mettra en musique plusieurs poèmes dont Strophes pour se souvenir rebaptisées par Léo L’Affiche rouge, Francis Carco…, des plasticiens : Matta, Zadkine, liés au mouvement ou à sa mouvance.

C’est après un concert au Casino de Saint-Céré, que Léo Ferré demanda à son ami le peintre Serge Arnoux (1933-2014) habitant Glanes de chercher un lieu vaste et isolé pour pouvoir y accueillir ses animaux, en particulier Pépée, une femelle chimpanzé.

Pech Rigal, renommé Perdrigal  pour rendre justice aux perdrix que les chasseurs flambergent, était peut-être déjà dédié aux oiseaux, rigal signifiant rouge gorge en Occitan. Sur ce pech, un château en assez mauvais état se dressait.

L’arche de Léo va s’y ancrer : Pépée et ses compagnons Zaza, Bambino, ainsi que des chiens, des chats, des moutons, un cheval, un cochon… La vie, là-haut, n’était pas toujours facile : Je suis sorti, il ventait, il pleuvait, il merdait… La nature est une drôlesse ! Faut savoir la prendre au bon endroit../.. La révolte des choses se taire dans l’immobilité../.. Le silence, cette musique du doute et du pardon. » 3 

L’attachement de Léo Ferré pour les animaux est primordial. Toute sa vie, il en fera ses compagnons. Dans l’un des premiers textes dits, il proclame : Je suis un chien et les chiens quand ils sentent la compagnie, ils se décolliérisent.4

On trouve dans son œuvre un bestiaire plein de tendresse et d’émo­tion : l’innocence leur dégoulinant des babines. Les oiseaux sont les plus représentés : ils symbolisent la liberté et le chant. Il dit de lui-même : Je suis né une métaphore au bec.

Le cheval, autre animal emblématique, lié à la folie, au vieillissement et à la mort.

Ô Nietzche agrippé aux naseaux de Turin
Ce fiacre roulant dans le fantastique
Et la folie te prenant par la main5
À mon enterrement, j’aurai des chevaux bleus…
Des dingues et des Pop aux sabots de guitare
Des chevaux pleins de fleurs des champs dedans leurs yeux
Hennissant des chansons de nuit quand y en a marre6
Et l’on se sent blanchi comme un cheval fourbu7 »

Outre les animaux, la nature, les arbres sont omniprésents, même dans le traité Le Mot voilà l’ennemi8 :

Il n’y a pas d’arbre sans le mot « arbre ». Rien n’existe que je ne doive nommer…/…
Chez moi, je donne un nom aux chênes. Je les case et les glands ne sont plus perdus.

Léo Ferré entretient un rapport dionysiaque avec la nature, voire animiste. Quand on coupe un arbre j’ai mal à la jambe.

Les éléments naturels : la mer, le vent emportent son œuvre dans un mouvement perpétuel pour échapper à l’immobilité et aux entraves. Que de mouvements toujours sollicités du dedans ! On dirait que les choses pensent, chantent, dansent, s’immolent à quelque loi sacrée qui régit tout l’univers.9 

Une « vie d’artiste »

Léo Ferré est né le 24 août 1916 à Monaco. Dès l’âge de cinq ans, il dirige des orchestres imaginaires. À douze ans, il met en musique un poème de Verlaine. Son désir : devenir compositeur.

Très vite, il comprend qu’il faut trouver un biais pour faire connaître sa musique et recourt alors aux mots. D’abord dans des chansons faussement populaires comme C’est le printemps qui manie humour et argot tout en se référant aux tableaux de Monet, Manet, Gauguin… De nouveau, il constate que s’il ne les chante pas lui-même, il ne pourra survivre.

Et ce fut long, la vie d’artiste est éprouvante, la création exigeante : chansons, poèmes, textes, roman, arts poétiques, réflexions sur la pensée libertaire, journal, introductions… Les chants de la fureur publiés en 2013 aux Éditions Gallimard/La mémoire et la mer présentent 1577 pages de textes.

Quant à la musique : une symphonie, des opéras, un oratorio La chanson du mal-Aimé d’Apollinaire et la mise en musique de 23 poètes, Baudelaire venant en tête avec 54 poèmes.

Dans les chansons, il utilise toutes sortes d’instruments piano, accordéon, violon, orchestre symphonique qu’il dirigera lui-même : son rêve d’enfant ! Tous les rythmes : jazz, blues, pop, valse, classique… Il déclamera de longs textes sur des sons de vagues, de vent, de chant de baleines…

Des concerts témoignent de cette profusion. Ainsi en 1974, à L’Opéra Comique, le spectacle s’ouvre sur La Chanson du Mal Aimé, suivie du Concerto pour la Main Gauche de Ravel, avant d’enchaîner sur ses chansons en compagnie du groupe pop les Zoos : un spectacle bouleversant et baroque sous l’or et le rouge de ce théâtre à l’italienne.

Léo Ferré a toujours travaillé dans plusieurs directions simultanément, mais le public découvrait ces diverses facettes selon les opportunités et l’évolution des mentalités. Novateur et passeur, il partage « fraternellement » ce qu’il aime : poésie, musique, peinture.

Il décède le 14 juillet 1993 en Toscane.

Malgré cette diversité, son œuvre constitue un univers cohérent qu’il nous offre. Il revendique haut et fort la liberté de penser et de créer, aussi il dérange. Une censure multiple s’exerce contre son œuvre : politique, poétique, érotique, musical.

Il bouscule les usages et les codes dans la vie comme dans la littérature. Il passe des alexandrins aux vers libres, trousse des quatrains ou déroule de longs récitatifs basés sur des associations d’idées ou des sonorités. Il mêle argot et franglais, accouple les mots de tous les jours aux métaphores… Maîtrisant les formes classiques de la versification et les arcanes de la langue française, il se permet licences et frasques. De même en musique, il fusionne le tempo au propos ou, à contrario, dresse un terrible réquisitoire sur une berceuse, chante a cappella ou enchevêtre des morceaux différents comme en écho.

Cette œuvre magistrale, mal connue, grave et profonde est constamment tempérée par la tendresse et l’humour. J’ai développé ce dernier point lors de conférences et d’émissions de radio (disponibles sur mon site.)

Son extrême sensibilité le rendait vulnérable, mais générosité et simplicité l’animaient. Attitude qui ne se démentira jamais tout au long de sa carrière de 1945 à 1993 (une cinquantaine d’années) ; jamais il ne reniera ses conceptions artis­ti­ques ni ne trahira ses convictions politiques, n’en déplaisent aux médisants, jaloux et autres détracteurs qui rabâchent toujours les mêmes inepties.

L’utilisation qu’il a fait de sa vie, le biographique rejoignant l’universel attesté par la façon dont il jongle avec les pronoms dans ses chansons, brassant les « je » « tu » « nous » en passant par le « on » nous emporte.

Demain tu seras riche mon camarade, car ce que je te donne n’a pas de prix. Accepte-moi comme je t’accepte.10

Je voudrais que ces quelques vers constituent un manifeste du désespoir, je voudrais que ces quelques vers constituent pour les hommes libres qui demeurent mes frères, un manifeste de l’espoir. (Préface)

Colette BROGNIART

Écrivain, biographe, amie de Léo Ferré

http://colettebrogniart.com

Photo 1 – Léo Ferré (1975) – Patrick Ullmann

Photo 2 – Léo Ferré & Bambino (1966) Hubert Grooteclaes

Photo 3 – Chateau de Perdrigal (1970) – Colette Brogniart

1 Texte paru sous le titre Perdrigal en 1969 dans la revue La Rue

2  Préface – 1956

3 Je donnerais dix jours de ma vie – Revue La Rue -1967

4 Une affiche représentant un chien, intitulée « Un chien à la mutualité » annonçait un concert sans autre précision…

5 Le Chemin d’enfer – Mon Programme – 1969

6 À mon enterrement -1974

7 Avec le temps – 1969

8 Paru dans la revue – La Rue n° 7 1970

9 Benoît Misère – Roman de Léo Ferré (1970)

10 Demain -1980

Jean-Gabriel Perboyre, lazariste, missionnaire et martyr en Chine

A l’occasion de la Journée annuelle consacrée à Jean-Gabriel Perboyre, en sa maison natale du Puech sur la commune de Montgesty, nous publions cette page qui vient s’ajouter dans notre rubrique “Quercynois célèbres”.

Jusqu’au sacerdoce
Jean Gabriel Perboyre est né au lieu dit “Le Puech”, commune de Montgesty (Lot), le jour de l’Épiphanie, le 6 janvier 1802. Il a été baptisé à l’église de Montgesty, le lendemain. L’aîné d’une famille de huit enfants, dont les parents (Pierre Perboyre et Marie Rigal) sont agriculteurs, il n’a d’autre ambition que de rester à la maison paternelle. D’ailleurs on compte sur lui, l’aîné des garçons, pour assurer, la relève dans l’exploitation familiale.

Sa vocation, Jean Gabriel la doit à un événement fortuit. Au début de 1817 son jeune frère, Louis, part à Montauban, au collège dirigé par leur oncle Jacques, prêtre de la Congrégation des Lazaristes. Mais l’enfant a le mal du pays. Pour faciliter l’acclimatation, l’aîné vient le rejoindre, pour un mois ou deux.Admis provisoirement en 6ème, Jean Gabriel montre vite du goût et de réelles capacités pour les études. Le prêtre discerne chez son neveu les signes d’une vocation et persuade les parents de lui permettre de poursuivre sa formation, L’adolescent n’envisage pas encore le sacerdoce. Cependant, la prière et la réflexion aidant, il écrira bientôt à son père “qu’il a compris que Dieu voulait qu’il soit prêtre ”. C’est à cette époque que naît également son désir d’être missionnaire en Chine.Les études secondaires terminées, Jean-Gabriel demande à entrer chez les Lazaristes où son frère Louis l’a précédé. Il prononce ses vœux le 20 décembre 1820.A la fin de l’été 1823 il a achevé sa théologie, mais ne sera ordonné que le 23 septembre 1826. Entre temps ses supérieurs l’envoient au collège de Montdidier. Trois années durant lesquelles élèves et professeurs seront vivement frappés par la sagesse et la bonté de ce jeune religieux, tout comme par sa passion du travail. Ces mêmes qualités le font également apprécier à Saint-Flour où il se retrouve après son ordination professeur au grand séminaire, puis directeur du petit- séminaire.Le Père Perboyre puise dans la prière force et dynamisme pour accomplir sa tâche. Mais l’excès de travail n’améliore pas une santé déjà faible. En 1831 il est appelé à Paris pour assister le directeur du noviciat.Il garde toujours au coeur le désir ardent de partir en Chine. Il dira un jour à un séminariste : “ Priez pour que ma santé se fortifie et que je puisse aller en Chine afin d’y prêcher Jésus-Christ et d’y mourir avec lui. “ II n’était entré chez les Lazaristes que pour cela, confit-il à un autre.


Missionnaire en Chine
Plus heureux, son frère Louis était parti à la fin de l’année 1830 ; mais il meurt au court du voyage. Ce décès atteint profondément Jean-Gabriel et attise son désir. Il écrit à son oncle Jacques : “ Que ne suis-je trouvé digne d’aller remplir la place qu’il laisse vacante ! Hélas j’ai déjà 30 ans “. Ténacité et prière instante parviendront à vaincre les réticences des supérieurs… et des médecins. Avec plusieurs compagnons il embarque pour la Chine le 24 mars 1835, au Havre. Cinq mois de mer non exempts d’émotions fortes conduisent les missionnaires à Macao. Le père Perboyre y séjourna quatre mois pour s’initier à la Chine. Rude besogne pour cet homme de 33 ans que l’apprentissage d’une langue extrêmement difficile. Cependant il possède bientôt un bagage suffisant. En décembre, il peut écrire : “ Je pars bien portant et bien content. Si vous pouviez me voir un peu maintenant, je vous offrirais un spectacle intéressant avec mon accoutrement chinois, ma tête rasée, ma longue tresse et mes moustaches… On dit que je présente pas mal en Chinois. C’est par-là qu’il faut commencer pour se faire tout à tous puissions nous ainsi les gagner à Jésus-Christ ”.Dans ce pays interdit à tout européen sous peine de mort, il fallait paraître le plus chinois possible et inventer toutes sortes de ruses pour circuler. En jonque d’abord, constamment obligé de se camoufler pour éviter les regards indiscrets et déjouer les contrôles de police, toujours en éveil dans la peur des raids de pirates, le père Perboyre aborde au Fokien. Une longue route attend encore le missionnaire, au péril des fleuves et des rudes sentiers montagnards, au péril de la fièvre également. Sur ce chemin d’épreuves et de fatigues, il va à la rencontre de la communauté qui lui est confiée, dans la région du Houpé.Il y parvient en 1838. Près de deux-mille chrétiens vivent là, dispersés dans une quinzaine de villages. Une population pauvre et souvent au seuil de la misère. L’église de la résidence centrale n’est qu’une masure, “ mais sa richesse est le millier de fidèles qui la remplit, même sous la pluie et la neige ”, Dans la mesure de ses moyens, Jean-Gabriel vient en aide à tous ceux qui ont besoin de lui et se donne corps et âme à son travail apostolique. Rien ne semble devoir venir troubler la vie de la communauté.


Le martyr
Le 15 septembre 1839, sans que personne n’y prête attention, une escorte se dirige vers la résidence des missionnaires et a tôt fait de la cerner. Les deux compagnons du père Perboyre n’ont que le temps de fuir. Lui-même ne pourra que se réfugier dans la forêt voisine. Il y reste tapi jusqu’au lendemain, Pour trente taèls un catéchumène le trahit… Jean-Gabriel est fait prisonnier, enchaîné comme un malfaiteur et traîné devant un mandarin pour interrogatoire. Il reconnaît être TONG-WEN-SIAO, son nom chinois, prêtre et missionnaire.La captivité va se prolonger pendant près d’une année… Long et douloureux calvaire, de prison en prison, de tribunal en tribunal. Même sous les pires tortures, le père reste inébranlable et se refuse à toutes les compromissions. Son calme et sa sérénité en imposent à ses geôliers et redonnent courage à ses compagnons.Le 15 juillet 1840, il est condamné à mort par strangulation. Dans la paix Jean-Gabriel attend son exécution. A un catéchiste venu le visiter dans sa prison, il confie ce message pour les chrétiens de mission : “ Dis-leur de ne pas craindre cette persécution. Qu’ils aient confiance en Dieu. Moi je ne les reverrai plus, eux non plus ne me reverront pas, car certainement je serai condamné à mort. Mais  suis heureux de mourir pour le Christ. ”La sentence confirmée par l’empereur, le condamné est traîné au lieu du supplice : un gibet y est dressé en forme de croix. Les bras et les mains liés à la poutre transversale, les pieds repliés assez haut  arrière, le missionnaire paraît agenouillé entre ciel et terre pour l’ultime offrande de sa vie : Avec une lenteur calculée le bourreau serre par deux fois la corde autour du cou de sa victime. Une troisième torsion plus prolongée interrompt la prière du martyr.C’était le 11 septembre 1840, un vendredi, à l’heure de midi… à Ou-Tchang-Fou “La florissante préfecture militaire”, province de Hou-Pei “Nord du lac”. Une croix apparaît dans le ciel, visible jusqu’à Pékin, confirmeront plusieurs témoins.
Grâce à la complicité d’un catéchiste qui avait soudoyé les gardes, le corps du supplicié pourra être déposé en terre chrétienne. Plus tard, sa dépouille est transférée à Paris, à la Maison-mère des Lazaristes.
Jean Gabriel Perboyre à été béatifié le 10 novembre 1889 et canonisé le 2 juin 1996 par Jean Paul II.

Jean Gabriel PERBOYRE  est fêté tous les 11 septembre à Montgesty

Retrouvez toute l’actualité sur le site de l’association des Amis de Jean-Gabriel Perboyre
et sur la page du groupe Facebook

 

Lancement des célébrations du 150e anniversaire de la Proclamation de la IIIe République par Léon Gambetta 

Vendredi 4 septembre à 11h, dépose d’une gerbe devant le Monument Gambetta, suivie de l’inauguration de l’exposition “La statuaire commémorative : Cahors, le Monument Gambetta”, place François-Mitterrand

La ville de Cahors, l’Université Pour Tous Cahors en Quercy, la Société des Études du Lot, l’Amicale des Anciens Élèves du Lycée et du Collège Gambetta, le collège Gambetta et l’ensemble scolaire Saint-Étienne s’associent pour proposer une grande variété d’animations dont le programme vient de paraître.

Le programme est d’ores et déjà disponible en ligne (cliquez CE LIEN) et vous pourrez vous le procurer en version papier dès le 2 septembre dans les principaux lieux d’accueil du public.

Renseignements :
> Maison du patrimoine  8, rue de la Halle  46000 Cahors 05 65 20 88 91
> Office de Tourisme Cahors-Vallée du Lot, Villa Cahors-Malbec Place François Mitterrand, 46000 Cahors 05 65 53 20 65

Littérature et Histoire : septembre s’annonce très riche !

Les festivités autour du 150 e anniversaire de la proclamation de la République avec en vedette notre tribun local dont le coeur a été transféré au Panthéon il y a 100 ans, sont, plus que jamais d’actualité. La Covid oblige bien évidemment les organisateurs à prendre les mesures nécessaires pour éviter tout risque et le public est invité à se faire pré-inscrire sur le site de l’UPTC en cliquant CE LIEN.
Premier rendez-vous mardi 4 septembre avec la conférence inaugurale d’Etienne Baux “La République Gambetta”.

“À moins de cent ans après sa naissance, la République, quand Gambetta la proclama le 4 septembre 1870, n’avait pas laissé de bons souvenirs :  les luttes civiles, le désordre, la guillotine. Par deux fois, elle avait été étranglée par un Bonaparte. Les atroces fusillades de la Commune l’avaient aussi discréditée.

Inlassablement, Gambetta voulut la rétablir dans l’esprit des Français, préférant la réforme à la révolution, dans le respect absolu du suffrage universel, des libertés fondamentales et de la laïcité. C’est lui le créateur de notre modèle politique. Il a réconcilié les Français et la République”.

 

 

2020 : année Gambetta

 

Programme organisé par les associations UPTC/SEL/Amicale des anciens du lycée et collège Gambetta (sous réserve du contexte sanitaire).

(Ce calendrier est indépendant de celui de la ville de Cahors qui organise également des cérémonies et animations, se renseigner sur le site de la Ville)

 

 

 

  • vendredi 4 septembre conférence inaugurale d’Etienne Baux 14h30 “La République de Gambetta” salle Henri Martin Mairie UPTC
  • dimanche 20 septembre présentation «Grand Public» JEP de Danièle Mariotto 15h30 Léon Gambetta, « une œuvre inachevée, un rêve brisé » sous réserve ouverture du Collège Gambetta dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine AMICALE ANCIENS
  • mardi 22 septembre conférence de Philippe Naszalyi 14h “Léon Gambetta orateur et polémiste, attaqué en diffamation par le Président de la République” espace Clément Marot SEL
  • mardi 29 septembre conférence de Georges Ribeill 14h “Léon Gambetta, le plan Freycinet et les chemins de fer : des lignes projetées aux lignes réalisées” espace Clément Marot SEL
  • jeudi 1er octobre conférence André Tulet 14h30 “La presse de Cahors de 1870 à 1914” Centre universitaire Maurice Faure UPTC
  • mardi 6 octobre conférence Sophie et Laurent Wirth 14h “La République en héritage ou le fil de Marianne” Espace Clément Marot SEL
  • mercredi 7 octobre Repas républicain en soirée La Chartreuse (sous réserve)
  • mardi 3 novembre conférence de Gérard Béaur 14h “L’agriculture au temps de Léon Gambetta, à l’orée d’une crise de surproduction céréalière et de la crise du phylloxera” Espace Clément Marot SEL
  • jeudi 5 novembre conférence de Didier Cambon 14h30 “Léon Gambetta au Panthéon” Centre universitaire Maurice Faure UPTC
  • mardi 10 novembre conférence théâtralisée D. Mariotto “Léon Gambetta, l’épistolier” avec des lectures de F. Daubié, N. Mathubert, Matias Choquet (élève collège Gambetta) Théâtre municipal 14h30 UPTC
  • jeudi 19 novembre conférence de Dominique Antérion 14h “Quand monnaies, jetons et médailles racontent Léon Gambetta” espace Clément Marot ou Centre universitaire Maurice Faure SEL
  • samedi 5 décembre conférence de Jean Philippe Dumas 15h30 “Gambetta, fondateur de la IIIe République, figure de référence pour les Français” SEL séance publique Espace Clément Marot

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+ d’informations

Université pour Tous Cahors Quercy
Société des Etudes du Lot
Amicale des anciens élèves du Lycée et du Collège Gambetta

Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’Etat français et d’hommage aux « Justes » de France

Instant de recueillement

 

À l’occasion de la Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux « Justes » de France, qui s’est tenue ce dimanche 19 juillet, Madame Laurence Tur, sous-préfète de Figeac, a lu le message de Mme Geneviève DARRIEUSSECQ, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, en présence de Gilles Nacache représentant le CRIF, des élus cadurciens et de la région Occitanie.

 

 

Monsieur Hugon, dernier témoin des faits de résistance encadré par Alain Nouvian et Jean-Luc Couderc représentants le Musée de la Résistance.

+ d’infos sur le site des services de l’Etat dans le Lot  en cliquant Ce LIEN

Le 2 avril 1838, naissait Léon Gambetta

Cette semaine anniversaire de la naissance de Léon Gambetta, le 2 avril 1838, aurait dû marquer le début du cycle de conférences célébrant le 150ème anniversaire de la proclamation de la IIIe République le 4 septembre 1870 et le transfert de son cœur au Panthéon, le 11 novembre 1920.

Dans ces temps difficiles, les associations organisatrices – l’Université pour Tous Cahors, la Société des Etudes du Lot et l’Amicale des Anciens Elèves du Lycée et du Collège Gambetta – souhaitent partager avec les lecteurs cette émouvante lettre de Léon Gambetta, dont la famille fut touchée par l’épidémie de variole durant la guerre de 1870.
Cliquez CE LIEN pour lire ce document

Pour information vous pouvez accéder aux articles déjà publiés sur notre site concernant l’Année Gambetta : cliquez CE LIEN

Quatre associations pour “l’année Gambetta”

Quatre associations (l’Amicale des Anciens Élèves du Collège et Lycée Léon Gambetta, la Société des Études du Lot, l’Université pour Tous Cahors, l’Association de recherche sur l’histoire des familles) se sont unies pour organiser “l’année Gambetta”, ensemble de manifestations mémorielles commémorant le 150e anniversaire de la proclamation de la République par Léon Gambetta, le 4 septembre 1870 et le 100e anniversaire du transfert de son cœur au Panthéon, le 11 novembre 1920.

Né le 2 avril 1838 à Cahors, Léon Gambetta a été un des hommes politiques les plus importants de la période 1870-1914.

Opposant à Napoléon III, il montre ses qualités politiques dans les années troubles de la guerre de 1870-1871. Le 1er septembre 1870, l’armée française commandée par Napoléon III est écrasée à Sedan par une armée prussienne supérieure en armement et par la qualité de son état-major. Le 2 septembre, l’empereur rend les armes et se constitue prisonnier.

Grâce à la foule parisienne en colère à la suite de l’annonce de la défaite et qui envahit le Palais Bourbon où l’Assemblée siège, Léon Gambetta à la tête d’un groupe de députés se rend à l’Hôtel de Ville pour y proclamer, le 4 septembre 1870, la République et former un Gouvernement de Défense Nationale. La déchéance du corps législatif est prononcée en même temps et des élections en vue de constituer une nouvelle Assemblée Nationale sont organisées.

Le 7 octobre, Léon Gambetta quitte Paris en ballon pour tenter de réunir les armées et repousser les forces prussiennes. Il n’y arrivera pas.

La nouvelle Assemblée élue le 8 février 1871 proclame la déchéance de Napoléon III. À nouveau député, Léon Gambetta il reste un ardent défenseur du régime républicain et fonde à l’Assemblée Nationale de 1871 le groupe “Union Républicaine” pour promouvoir ses idées. Le 7 septembre 1871, il fonde un nouveau journal “La République Française” et se bat pour l’élection d’une nouvelle Assemblée qui est élue en 1873. Il est l’artisan des votes, qui, de février à juillet 1875, adoptent les trois lois constitutionnelles qui fondent le régime républicain parlementaire.

Il est nommé président du Conseil le 14 novembre 1881 mais le gouvernement tombe le 30 janvier 1882, date à laquelle il se retire à Sèvres où il meurt le 31 décembre 1882.

Considéré comme le père de la République, le cœur de Léon Gambetta est transféré le 11 novembre 1920 au Panthéon, en même temps que les cendres du Soldat Inconnu sont inhumées sous l’Arc de Triomphe.

 

Calendrier des événements organisés conjointement par

Amicale_des Anciens Elèves du Lycée et du Collège Gambetta
Société des Etudes du Lot
Université Pour Tous Cahors Quercy

La médaille de Léon Gambetta
Vendredi 31 janvier. Bilan définitif de la marque d’intérêt pour la médaille. Deux hypothèses:
Jeudi 2 avril (jour de la naissance de Léon Gambetta), fin de la souscription passation de la commande avec le nombre d’exemplaires à frapper.
Formulaire réservation

 

Les Mardis de Léon Gambetta
> Vendredi 3 avril (en relation avec la naissance de Léon Gambetta), Etienne BAUX, La République, Collège Gambetta.
> Mardi 5 mai conférence de André TULET, 14 heures, La presse de Cahors de 1870 à 1914, Centre Universitaire Maurice Faure.
> Mardi 12 mai, 14 heures, conférence de Danièle MARIOTTO, Léon Gambetta épistolier. Théâtre municipal.
> Mardi 8 septembre, 14 heures, conférence de Dominique ANTÉRION. Léon Gambetta à travers les médailles, l’art, la propagande politique, l’hommage posthume (v. site internet)
> Mardi 22 septembre, 14 heures, conférence de Philippe NASZALYI,  Léon Gambetta orateur et polémiste attaqué en diffamation par le président de la République, Espace Clément Marot (v. site internet).
> Mardi 29 septembre, 14 heures, conférence de Georges RIBEILL, Léon Gambetta, le plan Freycinet et les chemins de fer: des lignes projetées…  aux lignes réalisées…, Espace Clément Marot (v. site internet).
> Mardi 6 octobre, 14 heures, conférence de Laurent WIRTH  sur le thème de son dernier livre La République en héritage ou le fil de Marianne, Espace Clément Marot (v. site internet).
> Mardi 3 novembre, conférence de Gérard BÉAUR, 14 heures,  Vice-Chair de l’EURHO (EUropean Rural History Organisation) L’agriculture aux temps de Léon Gambetta, entre optimum et phylloxera, Espace Clément Marot (v. site internet).

Les dates-clefs
Vendredi 4 septembre (jour de la proclamation de la République par Gambetta), Visite de la Monnaie de Paris et de l’Assemblée Nationale, groupe de 50 souscripteurs de la médaille. Cette visite est préparée en relation et avec le soutien d’Aurélien Pradié.

L’exposition
Une exposition intitulée Léon Gambetta, l’homme et l’œuvre aura lieu vers septembre-novembre dans les salons de la préfecture du Lot.

Elle sera organisée principalement par L’Amicale des Collectionneurs Lotois en coopération avec les trois associations du mémorandum (l’Amicale des Anciens Élèves du Collège et Lycée Léon Gambetta, la Société des Études du Lot, l’Université pour Tous Cahors).

Le mémorandum
Les trois associations l’Amicale des Anciens Élèves du Collège et Lycée Léon Gambetta, la Société des Études du Lot, l’Université pour Tous Cahors ont signé un mémorandum permettant aux membres à jour de leur adhésion de suivre toutes les activités organisées par les deux autres associations dans le cadre de “l’année Léon Gambetta”.

Médaille de Léon Gambetta

Le 4 septembre 1870, notre compatriote Léon Gambetta prononçait la déchéance du Corps législatif napoléonien et proclamait la République, installant notre régime démocratique parlementaire. Le 11 novembre 1920, le cœur de Léon Gambetta entrait au Panthéon.

Cinq associations (Amicale des Anciens Élèves du Lycée et du Collège Gambetta, Association des Collectionneurs Lotois, Association sur l’Histoire des Familles, Société des Études du Lot et Université pour Tous Cahors) commémorent cet anniversaire en frappant une médaille avec le portrait gravé en mars 1882 par Jules Chaplain et approuvé par Léon Gambetta lui-même peu avant sa mort.

Cette médaille produite par la Monnaie de Paris (68 mm) serait disponible en bronze au prix maximum de 115 € et 430 € en argent. Chaque exemplaire serait numéroté (format 1/x) et sa production serait limitée au strict nombre d’exemplaires souscrits. Il n’y aura aucun retirage possible. La souscription débutera en 2020 pour une délivrance le 4 septembre 2020, exactement le jour anniversaire de la proclamation de la République.

Si vous voulez être informé de l’ouverture de la souscription, marquez votre intérêt sans engagement, vous recevrez tous les renseignements, dont le prix définitif. La souscription sera ouverte dès que 100 marques d’intérêt (ou plus) sont reçues.

Nom: ………………………………………………Prénom:………..……..……………………….

Adresse: ……………….……………………………………………………………………

Mail:…………………………………………..@……………………………………………………………..

Serait intéressé(e) (sans engagement) par … exemplaire(s) de la médaille en / bronze ….argent

À retourner à: Société des Études du Lot, 38, rue de la Chantrerie, 46000 Cahors
etudesdulot@orange.fr

Formulaire réservation

Jean MOULIÉRAT, le Ténor de l’Opéra comique, “sauveur” du château de Castelnau-Bretenoux

Jean Mouliérat en costume de Don José, pour Carmen, de Georges Bizet. Collection J. Mouliérat, Château de Bretenoux.

Jean Mouliérat (1853-1932) est né à Vers, à quelques kilomètres de Cahors, le 13 novembre 1853. Il vient d’une famille plutôt aisée : son père, Etienne, est propriétaire de  plusieurs gabares et tient l’hôtel de la Truite Dorée, qui existe toujours.
Jean est l’aîné d’une famille de cinq enfants : Jean, Adélaïde, Catherine, Emilie et Albert. Il passe son enfance en Quercy, où il est berger.

A vingt ans, il s’engage au 18ème régiment de Chasseurs à pied du fort de Rosny. Il y sera remarqué par son général de corps d’armée, le général Gaucher. Le 14 juillet 1875, ce dernier l’entend chanter l’Alsace et la Lorraine.Recommandé à M. Grosset, professeur au Conservatoire national de musique et de déclamation de Paris, la carrière du futur ténor est lancée.

Il est engagé à l’Opéra-Comique de Paris, où il interprète les plus grands rôles : Andréa, dans Le secret, d’Auber, sur un livret de Scribe, Wilhem Meister, dans Mignon, d’Ambroise Thomas, Tybalt dans Roméo et Juliette de Gounod, Don José dans Carmen de Bizet, Tamino dans La flûte enchantée de Mozart, Alfredo dans La Traviata de Verdi. En 1893, il brillera dans le Werther de Massenet, qui lui dédicaça une photographie, conservée au château. Atteint d’une maladie des cordes vocales, Jean Mouliérat met un terme à sa carrière en 1898. Il consacrera les trente-quatre dernières années de sa vie à Castelnau.

Le ténor ne vivait à Castelnau que la moitié de l’année. En effet, à la fin de sa carrière, il continua à garder des liens avec le milieu de l’Opéra-Comique. Il vivait donc une grande partie de l’année à Paris où il était membre du Conseil supérieur du Conservatoire national de musique. Il y fera entrer la jeune Jeanne Myrtale, future chanteuse lyrique, qui restera sa muse jusqu’à sa mort prématurée en 1931.
Par son amour des arts et de l’histoire, Jean Mouliérat ne tardera pas entrer dans le cercle des grandes figures politiques et littéraires locales. Il se lie d’amitié avec Henri Ramet, premier président de la Cour d’Appel de Toulouse. Passionné d’art et d’histoire, ce dernier est particulièrement attaché à la ville de Martel, à laquelle il consacre son ouvrage Un coin du Quercy. Après la mort de Jean Mouliérat, c’est lui qui accueillera les sociétés savantes venues visiter le château. Il écrit également en préambule de Un joyau du Quercy : Castelnau-de-Bretenoux une oraison funèbre qui témoigne de l’affection mutuelle que se portaient les deux hommes.
Il invitera également les nombreuses personnalités qu’il côtoyait à Paris à venir lui rendre visite dans son Quercy natal. Les salles du château deviennent alors “salons”, le lieu de rencontres entre grands esprits : s’y retrouvent Colette, Auguste Rodin, Louise Massenet. Ces visites sont souvent relayées dans la presse locale : le 17 octobre 1903, Le Réveil du Lot retrace la visite de la reine de Madagascar, Ranavalo. Henri Lavedan, de l’Académie française, séduit par la région, achètera le château de Loubressac, qui fait face à Castelnau. Le peintre Henri Martin, qui passe à Castelnau en 1898 songera à acheter celui de Montal, mais le propriétaire en demande une somme trop importante. Dans l’entourage immédiat de Jean Mouliérat se trouve également Anatole de Monzie, député du Lot, ancien ministre de l’Education Nationale. Il demeure à Saint-Jean-Lespinasse, à quelques kilomètres du château.

Jean Mouliérat participe aussi à la vie locale du Quercy. Il est l’ami du maire de Prudhomat, M. Jammes, et sera nommé conseiller municipal “d’honneur” de cette commune. Comme Gustave de Pradelle, il est admis dans la S.E.L. lors de la séance du 9 août 1897. Dès 1897, la presse locale reprend avec fierté les apparitions publiques de ce nouvel arrivant : le 25 Juillet, L’Indépendant du Lot relatait, en même temps que le Figaro ou que La Paix, le triomphe du chanteur invité par le ministre des Beaux-Arts à chanter pour le 14 Juillet “la fille du régiment” et “la Marseillaise”. La presse locale met également l’accent sur la générosité du ténor. La Dépêche du 5 octobre 1897 évoque un concert donné par le ténor à Saint-Céré en faveur des pauvres de la ville. Pendant la Première guerre mondiale, d’après un article de La Dépêche du 8 août 1918, il donne des concerts “à Toulouse ou bien dans quelque hôtel inoccupé dont on ouvre pour lui le grand hall” afin de collecter des fonds pour les blessés. L’article poursuit :

“l’an dernier, à l’hôtel de la source, dans le village d’Alvignac, où les buveurs d’eau affluent en été, il cueillait ainsi en une après-midi pour ses convalescents la jolie somme de 1.200 francs, et voici que cette année, le 11 août, il va recommencer”
Georges Renard, “Artistes et blessés”.

Il fait partie des souscripteurs au Guide du Quercy, édité en 1907 par le syndicat d’initiative du Lot. Il en est un membre d’honneur avec Henri Lavedan. Les articles publiés lui témoignent beaucoup de respect et de reconnaissance pour son activité au château de Castelnau.

Jean Mouliérat meurt le 20 avril 1932 à Paris. Il sera inhumé au cimetière Montparnasse. Le Figaro du 22 avril 1932 lui rend hommage :

“Jean Mouliérat vient de mourir, il avait 79 ans. Son nom restera inséparable de notre Opéra-Comique où il fut pendant un quart de siècle le magnifique interprète du répertoire français […] Il laissera d’unanimes regrets et dans son pays natal, le plus beau château-musée médiéval qui existe en France, ce manoir de Castelnau-Bretenoux dont il avait fait une relique inestimable”.

Quelques jours avant sa mort, le 8 avril pour la première partie, le dernier propriétaire avait fait rédiger devant Me Courcier et Me Burthe, notaires à Paris, l’acte de donation en faveur du ministère des Beaux-Arts. Cet acte juridique fixe le sort du château pour les décennies qui vont suivre.
“Le château ne pourra, à aucune époque, être affecté différemment qu’à un musée. Jamais comme hôpital, sanatorium, maison d’éducation, d’instruction ou de correction, établissement militaire”. Mouliérat, informé des différentes tentatives qui avaient eu lieu au XIXème siècle de réutiliser certains châteaux ou certaines abbayes, donne ainsi à vie une dimension artistique et historique au château.

Extrait de l’article de Juliette LOBRY “Le château de Castelnau-Bretenoux au XIXème siècle… destin d’un monument historique” paru dans le Bulletin de la Société des Études du Lot, 4ème fasicule 2003, Tome CXXIV, Octobre-Décembre 2003, pages 251-280.

Médaille Léon Gambetta, projet de souscription

Vous trouverez, en pièce jointe, un formulaire à remplir par tous ceux qui souhaitent “marquer leur intérêt” pour la réalisation, par la Monnaie de Paris, d’une médaille devant commémorer le 150ème anniversaire de la proclamation de la 3ème République par notre compatriote cadurcien Léon Gambetta et le centenaire du transfert de son corps au Panthéon.

Le renvoi de ce formulaire n’engage en aucun cas celui qui le retourne.

En effet, s’il est reçu un nombre de réponses suffisant, un “Bon de souscription” sera postérieurement mis à votre disposition.
Le formulaire complété est à renvoyer à la “Société des Etudes du Lot” 38 rue de la Chantrerie 46000 Cahors.
formulaire médaille Gambetta

Philippe GAUBERT, flûtiste virtuose, chef d’orchestre et compositeur

Philippe Gaubert (1879-1941), Grand Prix de Rome 1905, chef d’orchestre à l’Opéra de Paris, professeur de direction d’orchestre au Conservatoire de Paris Coll. Musica et Memoria

Cahors 1879 ‑ Paris 1941.

Élève de Paul Taffanel (1844-1917) au Conservatoire de Paris, il obtint le premier prix de flûte à l’âge de quinze ans. Avec son ancien Maestro il a écrit une Méthode pour flute qui est encore aujourd’hui un des ouvrages de fond pour l’étude de cet instrument.

Il travailla la composition avec Fauré et fut second grand prix de Rome en 1905. Depuis 1904, il secondait André Messager au pupitre de la Société des concerts du Conservatoire où il était également flûte solo. Il devait devenir un flûtiste virtuose sans égal et un chef d’une grande autorité et d’une grande sensibilité, tant au concert qu’au théâtre.

En 1908, il fut nommé professeur de flûte au Conservatoire, et, en 1919, professeur de composition. La même année, il devenait chef permanent de la Société des concerts du Conservatoire,  tandis que Jacques Rouché lui confiait la direction  musicale de l’Opéra.

Il assura de nombreuses créations parisiennes, notamment le Chevalier à la rose,Turandot, Elektra. Comme compositeur, il a laissé de nombreuses pièces, sonates et transcriptions pour flûte, un concerto pour violon, de la musique symphonique (Symphonie en «fa », 1936) et des ballets (Philotis, 1914 ; Alexandre le Grand, 1937 ; le Chevalier et la Damoiselle, 1941), dont les deux derniers sur des livrets de Serge Lifar.
L’école de musique de Cahors porte son nom

Article réalisé avec le concours de J.-P. RODRIGO, Ancien Directeur de l’École Intercommunale de Musique de Cahors.

 

 

 

 

 

 

Pour Philippe Gaubert, le « debussysme » de ses premières compositions n’apparaît plus que très discrètement dans les oeuvres de la maturité. Sa tendance néo-classique s’y affirme, mais elle est exempte de cette froideur qu’on relève trop souvent chez les artistes académiques.

Le Concert en fa, les fastueuses Inscriptions pour les Portes de la Ville, I’harmonieuse et puissante Symphonie en fa sont ses oeuvres maîtresses. Mais ses ballets : Alexandre le Grand et le Chevalier et la Damoiselle, demeurent ses meilleures réussites. De même que Caplet, Philippe Gaubert fit une brillante carrière de chef d’orchestre et présida aux destinées de la Société des Concerts de 1904 à 1936.
Il fut alors nommé directeur de l’Opéra. Il avait été un des meilleurs flûtistes de son temps.

 

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Musica et Mémoria

François Marcellin Certain de CANROBERT, Maréchal de France

Général et aide de camps de Louis Napoléon Bonaparte, il participe à la conquête de l’Algérie et est promu Maréchal de France.
Né le 27 juin 1809 à Saint-Céré, décédé le 28 janvier 1895 à Paris
Le Maréchal Canrobert se distingua jeune en Algérie, aide de camp du Prince Napoléon, il prit une part importante au coup d’Etat dirigeant la répression. Il conduisit les troupes françaises pendant la Guerre de Crimée en 1854/1855 et notamment organisa le siège de Sébastopol. Il prit une part importante dans la victoire de Solférino en 1859 pendant la campagne d’Italie. En 1870, il fit la guerre à un poste secondaire mais ne fut pas écouté par Bazaine. A partir de 1876, il fut Sénateur de la IIIe République et devint alors un des chefs du parti Bonapartiste.

Notice biographique : François-Marcellin Certain de Canrobert (1809-1895) se signala, dès 1835, par sa bravoure, en Algérie, notamment à l’assaut de Zaatcha. Général et aide de camp du prince Louis-Napoléon en 1850, il prit une part active à l’exécution du coup d’Etat du 2 décembre 1851. En 1854, il partit en Orient comme commandant de la Première division, fut blessé à l’Alma, puis reçut du maréchal Saint-Arnaud mourant le commandement de l’armée d’Orient. Ses difficultés avec lord Raglan, qui commandait l’armée anglaise, l’obligèrent à passer son commandement à Pélissier en 1855. Canrobert reçut, à son retour en France, le bâton de maréchal. Commandant du 6e corps à l’armée du Rhin en 1870, il défendit Saint-Privat-la-Montagne mais du se replier à Metz où il fut fait prisonnier. Après la guerre, membre du Conseil supérieur de la guerre, il fut sénateur du Lot (1876-1879) puis de la Charente (1879-1894).

Statue du maréchal Canrobert à Saint Céré. L’inauguration de cette statue, en 1897, fut une grandiose cérémonie pour la ville

Alors que son père, officier de l’Ancien Régime, sert à l’armée de Condé et émigre en 1791, son demi-frère, Antoine, brillant officier issu de Saint-Cyr est tué par un boulet de canon à Fleurus le 16 juin 1815, en combattant pour l’Empereur. Lui-même, après avoir été orléaniste, est dès 1851 un fidèle serviteur du régime bonapartiste.Elève de Saint-Cyr en 1826, Canrobert sert au 47ème régiment d’infanterie de ligne de 1828 à 1840. En 1835, il part une première fois pour l’Algérie et rentre en France en 1839. Capitaine adjudant major, il demande, en 1840, à retourner en Afrique. Versé au 6ème bataillon de chasseurs à pied le 17 octobre 1840, Canrobert est de retour en Algérie en 1841 et y demeure jusqu’en 1850.

Il sert dans plusieurs régiments d’infanterie de ligne et d’infanterie légère et, colonel le 8 novembre 1847, commande le 2ème régiment d’infanterie de ligne, le 2ème régiment de la Légion étrangère puis le régiment de Zouaves.
Il débloque le poste de Bou Saada et monte l’un des premiers à l’assaut de Zaatcha en 1849. Il en hérite la cravate de commandeur de la Légion d’honneur.

Nommé général de brigade le 13 février 1850, il est rappelé à Paris et y commande différents corps de troupes. Il adhère au coup d’Etat et sa brigade est l’une de celles qui opèrent sur les boulevards dans les jours qui suivent. Tout en conservant le commandement de la 3ème brigade de la 1ère division de l’armée de Paris, il est nommé aide de camp du prince président le 17 février 1852. Général de division le 14 janvier 1853, il est maintenu dans ses fonctions d’aide de camp de l’Empereur.

Photo Nadar, Paris

Lorsque la campagne d’Orient est décidée, Canrobert est désigné pour accompagner Saint-Arnaud, Bosquet, Forey, et le prince Napoléon. Après la victoire de l’Alma où il est blessé, il remplace Saint-Arnaud, mourant, à la tête du corps expéditionnaire en Crimée. Le 16 mai 1855, en mésentente avec lord Raglan commandant le corps expéditionnaire anglais, ne supportant plus les pressions en provenance de Paris, Canrobert abandonne son poste au profit de Pélissier. Cet évènement ne porte pas atteinte au courage de Canrobert, mais il illustre son incapacité à assumer des responsabilités trop lourdes et à supporter des situations conflictuelles.

Commandant du 1er corps de l’armée d’Orient le 16 mai 1855, Canrobert reprend à sa demande le commandement de son ancienne division, devenue 1ère division d’infanterie du 2ème corps. Cette situation étant moralement difficile, Napoléon III insiste pour qu’il renter en France et après plusieurs refus, par fierté, de Canrobert, il le nomme à nouveau aide de camp et lui intime l’ordre de rentrer à Paris occuper ses fonctions.

De retour en France et toujours aussi populaire, Canrobert est nommé d’abord sénateur le 17 août 1855, puis maréchal en même temps que Bosquet et Randon, le 18 mars 1856.

En Italie, Canrobert commande le 3ème corps de l’armée et s’illustre à la bataille de Magenta en tenant la position clé de Ponte-di-Magenta. A Solférino, un malentendu l’oppose à Niel quant à l’assistance qu’il lui prêta pendant la bataille. Mais le différend est aplani et les deux hommes restent ensuite en bons termes.

De 1859 à 1862, Canrobert exerce les fonctions de commandant supérieur du 3ème corps d’armée à Nancy. Chargé du commandement des troupes réunies au camp de Châlons le 10 mars 1862, quelques mois plus tard, le 14 octobre, il prend le commandement supérieur du 4ème corps d’armée à Lyon, en remplacement de Castellane, décédé le 16 septembre.

Le 22 juin 1865, il est nommé au commandement supérieur du 1er corps d’armée et de la 1ère division militaire à Paris, en remplacement de Magnan, décédé le 29 mai. Canrobert exerce ce commandement jusqu’à l’entrée en guerre contre la Prusse et le 17 juillet 1870, il est à la tête du 6ème corps de l’armée du Rhin.

Le 12 août, il refuse de prendre le commandement de l’armée du Rhin, effrayé par les responsabilités qui en découlent ; il abandonne ce commandement vicié à Bazaine et est un subordonné obéissant.

Il ne prend aucune part à la bataille de Borny, le 14 août 1870, mais s’illustre par son héroïque résistance à Gravelotte, le 16 août. Deux jours plus tard, le 18 août, à Saint-Privat il décime la garde royale prussienne ; faute de munitions et de renforts il abandonne sa position. Il participe encore aux combats de Sainte-Barbe, Noisseville et Ladonchamps mais encerclé dans Metz avec l’ensemble de l’armée du Rhin, il est prisonnier le 28 octobre 1870.

Après plusieurs mois de captivité il est libéré et regagne la France en mars 1871. Il occupe dès lors différentes fonctions militaires jusqu’en 1883 et fait une carrière politique dans le groupe de l’Appel au peuple, en étant élu sénateur du Lot en 1876 puis sénateur de la Charente en 1879, fonction qu’il occupe jusqu’en 1894. Fidèle à la mémoire de Napoléon III, il assiste aux funérailles de l’Empereur, le 15 janvier 1873 en Angleterre. Lui-même s’éteint dans son domicile parisien le 28 janvier 1895. Il était le dernier maréchal de Napoléon III encore en vie.

Agréable de sa personne, le maréchal était éloquent à ses heures, doué d’une chaleur de langage imagée et inspirait une confiance sans borne à ses soldats. Au feu il était d’un entrain irrésistible mais dans le commandement il se montrait parfois incertain, manquant de confiance en lui.

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Bataille de Saint-Privat (18 Août 1870) … A sept heures du soir, 50.000 hommes et 150 pièces marchent sur ce village; le maréchal Canrobert est obligé d’évacuer progressivement, Roncourt et tout le terrain situé au nord de Saint-Privat. Depuis deux longues heures, le maréchal avait vainement réclamé le secours de la Garde impériale toujours immobile en avant du fort de Plappeville … Le Petit Journal MILITAIRE, MARITIME, COLONIAL, 15 Septembre 1907, n° 197

La campagne d’Italie Au début de 1859 les rumeurs de guerre commencent à se faire plus précises. Napoléon III veut aller au secours du roi de Sardaigne en butte à l’empereur François Joseph qui s’oppose à la formation de l’unité italienne.
Le 46ème régiment d’infanterie dit 46ème de ligne est alors basé à Chalon sur Saône depuis quelques mois.
Le 11 avril 1859 le régiment fait route sur Lyon. Là est formé le IIIe corps d’armée de l’armée d’Italie. Ce corps d’armée est commandé par le maréchal Canrobert. Le 46ème de ligne est affecté à la Brigade du général Ducrot qui fait partie de la 2ème division du général Bourbaki.
L’armée d’Italie qui compte 125.000 hommes, 13500 chevaux et 450 pièces d’artillerie va se diviser en deux pour entrer en Italie. Une partie par le col du Mongenèvre l’autre par mer via Toulon et Gènes.
La division Bourbaki passe par les Alpes. On se met en route fin avril, passage à Briançon le 1er mai et le col est franchi le 3. Ce passage ne se fait pas sans mal. L’armée est mal équipée mais “l’allant du soldat français et son opiniâtre ténacité compensent la manque complet d’organisation et la médiocrité du commandement”. Le général Bourbaki avant de passer les Alpes télégraphie au ministère “les troupes de ma division sont sans couverture. Il fait froid nous n’avons ni tente, ni bidon ni effet de campement cartouches. Absolument rien de ce qui est nécessaire à l’organisation n’a été envoyé”( c’est à la suite de ce télégramme que dans l’armée on désigne par “l’armée de Bourbaki” une armée désorganisée et inefficace n.d.l.r ).Son chef le maréchal Canrobert confirme que la désorganisation va plus loin “on a oublié dans mon corps d’armée les états majors, l’intendance, la prévôté les services de santé l’artillerie et le génie”

Bataille de Magenta, 1859, Victoire Française sur les Autrichiens .. À mesure qu’ils se déploient sur la ligne de feu, les débris des régiments qui luttent depuis le matin les acclament . Les cris redoublent quand les vétérans de Crimée, reconnaissant Canrobert, toujours aux endroits les plus exposés .
Et lui, dont l’héroïsme est un peu théâtral, debout sur ses étriers, lève son képi en répondant d’une voie éclatante :“ Salut ,messieurs de la garde ! ”

La bataille de l’Alma … Emportées par l’élan des unités de l’Armée d’Afrique, les divisions françaises emportent la décision avec celle du prince Napoléon à gauche, celle de Canrobert au centre et celle de Bosquet à droite, celle de Forey restant en réserve.
Canrobert lance ses hommes en tirailleurs, appuyés par deux batteries d’artillerie. Zouaves et légionnaires rivalisent de courage à la pointe du combat. Les zouaves du 3e régiment s’emparent du plateau de l’Aklèse et ceux du 1er du pont de l’Alma. Menchikov choisit de contre-attaquer avec la moitié de ses réserves, profitant du fait que les forces françaises sont encore pour moitié de l’autre côté de l’Alma, mais la puissance de feu des fusils rayé et de l’artillerie française s’avère décisive.

Campagne d’Italie ...La campagne de Crimée n’avait employé que deux des éléments modernes, la vapeur et l’électricité ; la guerre d’Italie en introduisit un autre, l’artillerie rayée. Examinons pas à pas l’influence de chacune de ces données.
Le début de la campagne trouve l’armée française encore en deçà des Alpes : les Autrichiens prenant l’offensive, passent le Tessin, envahissent la Lomelline et menacent Turin. Déjà les esprits sont troublés dans l’état-major sarde ; mais bientôt la vapeur interpose son influence salutaire : 40 000 hommes (3e et 4e corps français), amenés par le chemin de fer de Suse, s’établissent à Valenza et à Casale, et portent l’armée sarde à 100 000 hommes, prêts à tomber par Casale sur le flanc de Giulay : cette concentration, due au maréchal Canrobert, sauve Turin en ramenant l’ennemi sur le Tessin.

Témoignages & documents : Ces textes ont été écrits essentiellement par des militaires, lors de la guerre de Crimée.

Le général François-Certain Canrobert commandait la 1ère division d’infanterie du corps expéditionnaire français. Au mois de mai 1854, le maréchal de Saint-Arnaud, commandant en chef de l’armée d’Orient, le chargea de la remonte de la cavalerie, et, en particulier, lui demanda d’étudier la possibilité d’utiliser les bachi-bouzouks.

“C’était bien une bande du Moyen-Âge, dont le spectacle nous reculait de dix siècles en arrière. Tantôt c’étaient des Arnautes ou des Albanais aux beaux traits, aux longues et fines moustaches, avec des vestes soutachées d’or et la fustanelle blanche plissée autour du corps, qu’ils balançaient avec des mouvements plein de souplesse ; tantôt des Kurdes au teint basané, la tête couverte d’énormes turbans de laine ou de soie terminés en pointe, d’où pendaient des sequins, des verroteries et des coquillages ; ceux-là étaient vêtus sordidement, sans linge, avec des pantalons étriqués, laissant la jambe entièrement nue. Il y avait encore des Syriens ou des Arabes et des nègres avec le haïk et le burnous. Tous étaient armés jusqu’aux dents, de pistolets à pierre, de yatagans recourbés, de kinjars, de kris, de couteaux de boucher, véritable arsenal renfermant depuis les armes les plus grossières et les plus rudimentaires jusqu’aux plus beaux chefs d’œuvre de damasquinage, de ciselure et d’incrustation. Dans leurs rangs, on voyait aussi des femmes, véritables sorcières de Macbeth, repoussantes de laideur et de saleté, et tout aussi fournies en armes que leurs compagnons. Quand ils se mettaient en marche, ils étaient précédés d’un timbalier dont l’accoutrement eût détrôné celui du plus extravagant des chienlits du mardi gras. Il s’avançait à cheval, portant sur la tête plusieurs plumeaux défraîchis et le corps couvert d’une cotte de mailles du genre des miroirs à attraper les alouettes. Il n’y avait pas un bouton de métal, un morceau de glace ou de verre cassé ou une pièce de monnaie qu’il n’attachât à ses guenilles. De leur masse confuse s’élevaient, au milieu de mille lances et piques de toutes sortes, d’énormes drapeaux dont les étoffes, de dimension et de couleurs étranges, en flottant au vent, donnaient à cette troupe un aspect troublant.”

 

Louis-Jean MALVY, député radical-socialiste, ministre

Figeac :  1er décembre 1875 / Paris : 10 juin 1949

Le 10 juin prochain, sera le jour du 70e anniversaire de sa disparition !
Quercy net évoque ce personnage dont le nom est très familier aux lotois ; il est le grand-père de Martin Malvy et son nom illustre quelques rues et avenues de nos villages.

Député radical-socialiste (1906-1919), parrainé par Joseph Caillaux, Louis Malvy est nommé ministre de l’Intérieur en juin 1914 (ministère René Viviani),  poste qu’il conserve dans les ministères Briand et Ribot. En août 1917, alors que la propagande défaitiste est à son paroxysme, Louis Malvy est attaqué par la droite (Léon Daudet, directeur du journal royaliste L’Action française), qui lui reproche son manque de fermeté dans la répression des grèves, et son « défaitisme ». Il est même accusé d’avoir renseigné l’ennemi lors de l’attaque du chemin des Dames (1).

Il démissionne le 31 août 1917 et entraîne dans sa chute le ministère Ribot. Traduit à sa demande, devant la Haute Cour de justice, il est accusé de forfaiture et condamné à cinq ans de bannissement (août 1918).

Il revient en France après avoir expurgé sa peine, reçoit l’accueil de la population lotoise et est élu député du Lot (1924 à 1942). Nommé ministre de l’Intérieur dans le cabinet Aristide Briand (1926), il est forcé de démissionner après un mois par les violentes attaques de la droite.

Il fut l’ami de Pierre Verlhac, célèbre poète occitan.

(1) Louis-Jean Malvy, ayant connu l’emprisonnement et l’exil à la suite de l’épuration Clémenceau, a expliqué l’affaire simplement : “Il fallait un responsable à certains échecs militaires, il fallait trouver des causes d’ordre politique aux mouvements qui se produisirent dans l’armée en juin 1917.”

 

Louis Malvy, photo du journal Le Réveil du Lot du samedi 22 novembre 1924.

17 mars 1914 – Avocat, député radical socialiste (1906-1919), il fut un spécialiste des questions économiques et financières. Très proche de Caillaux, il fut considéré comme le meilleur représentant de la politique financière de ce dernier.
Gaston Doumergue lui confia le portefeuille du Commerce et des PTT en 1913, et après l’assassinat de Gaston Calmette et un remaniement ministériel, celui de l’Intérieur.

 

 

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François de MAYNARD, grand poète, académicien 1582-1646

François-Achille de Maynard (Son principal biographe n’a pas réussi à imposer l’orthographe Mainard) est né à Toulouse en 1582, ville où s’est établie sa famille après le pillage de Saint-Céré où ils vivaient. précédemment. Il est fils d’un conseiller au parlement de Toulouse.
Reçu avocat, puis, attiré par les lettres, il vient à Paris comme secrétaire de la reine Margot, Marguerite de Valois, dont il corrige les vers, à l’hôtel de Sens, rendez-vous des poètes (1602).
En 1606-1607, il rencontre à Paris le poèteFrançois de Malherbe, dont il devient le fervent «écolier» et conquiert vite une réputation que consacre son ample participation aux Délices de la poésie françoise de 1615. Marié en 1611, président au présidial d’Aurillac (1611-1628), il séjourne habituellement dans son domaine de Saint-Céré (Lot), mais également à Paris, où il fréquente l’hôtel de Rambouillet, et y a pour amis des poètes tels que Racan,Desportes, Régnier, Théophile de Viau, Saint-Amant, Colletet, et Flotte.
En 1619, il fait éditer son «Philandre», poème pastoral en cinq chants, en stances de six vers octosyllabes (où une pause est marquée après le troisième vers, selon la recommandation de Malherbe qu’il suit scrupuleusement).
Devenu Conseiller d’État, il est chargé de quelques missions diplomatiques. Assez en faveur auprès de quelques grands personnages qui devinrent ses protecteurs, Cramail, Bassompierre, Montmorency, il inspire à Richelieu une froideur que renforcent ses sollicitations importunes. La charge de Conseiller d’État lui vaut néanmoins d’être anobli en 1644.
En fait d’emploi, il n’obtient rien. Bien qu’élu à l’Académie française dès la fondation de celle-ci, Maynard n’est pas parmi les premiers membres choisis avant le 13 mars 1634 ; il semble même qu’il soit un de ceux qui attaquèrent tout d’abord l’Académie naissante. Quelle que soit l’époque à laquelle il y est admis, il est certain qu’il la fréquente peu et qu’il est dispensé de la résidence.
Après la mort de Richelieu, sans doute aigri de n’obtenir ni de Séguier ni de Mazarin les pensions qu’il souhaite, il se croit quelque peu persécuté et vit le plus souvent retiré à Saint-Céré, où il aime à recevoir les visites de jeunes poètes (La Fontaine, Pellisson, etc.). et où l’attachent des deuils (un fils, une fille, sa femme) et la résignation.
En 1646, conscient de la valeur de son oeuvre et peut-être mû par un pressentiment («Je, François Mainard, misérable pécheur, averti par la commune condition des hommes et par l’âge de soixante ans, me prépare à quitter la vie…»), il fait publier un volume de ses poésies, «Les Oeuvres» où sont notamment recueillies des élégies dont les vers harmonieux ont une mélancolie rêveuse, allant parfois jusqu’à la tristesse («À La Belle Vieille», «En attendant la mort»,…). La même année il meurt après un voyage à Paris.

Il a laissé un volume de vers et un volume de lettres où il traite des questions de prosodie ; ses poésies latines n’ont pas été imprimées. Il a fait éditer, en 1619, Philandre, poème en cinq chants, en stances de six vers de huit syllabes. Les juges des Jeux Floraux de Toulouse lui décernèrent une Minerve en argent qu’ils ne lui donnèrent pas.
« C’est de ses vers qu’il a tiré sa plus grande gloire, comme il le prétendait bien aussi ; et véritablement il faut avouer qu’ils ont une facilité, une clarté, une élégance et un certain tour que peu de personnes sont capables d’imiter. » (Pellisson).

S’il fut un poète sérieux proche des jésuites, Maynard écrivit également des poèmes érotiques et libertins, voire blasphématoires, ainsi que des chansons à boire, rassemblées sous le titre les Priapées. Il sera loué par Voltaire : «On peut le compter parmi ceux qui ont annoncé le siècle de Louis XIV. Il reste de lui un assez grand nombre de vers heureux. »

Mort le 28 décembre 1646, il a été inhumé à sa demande, dans l’église Sainte-Spérie à Saint-Céré. Une plaque commémorative le précise.

 

Epigramme

Ce que ta plume produit
Est couvert de trop de voiles.
Ton discours est une nuit
Veufve de lune et d’estoilles.

Mon ami, chasse bien loin
Cette noire rhétorique :
Tes ouvrages ont besoin
D’un devin qui les explique.

Si ton esprit veut cacher
Les belles choses qu’il pense,
Dy-moy qui peut t’empescher
De te servir du silence ?

Que j’aime ces forêts !…

Que j’aime ces forêts ! que j’y vis doucement !
Qu’en un siècle troublé j’y dors en assurance !
Qu’au déclin de mes ans j’y rêve heureusement !
Et que j’y fais des vers qui plairont à la France !

Depuis que le village est toutes mes amours,
Je remplis mon papier de tant de belles choses,
Qu’on verra les savants après mes derniers jours,
Honorer mon tombeau de larmes
et de roses.

Ils diront qu’Apollon m’a souvent visité,
Et que, pour ce désert, les Muses ont quitté
Les fleurs de leur montagne, et l’argent de leur onde.

Ils diront qu’éloigné de la pompe des rois,
Je voulus me cacher sous l’ombrage des bois
Pour montrer mon esprit à tous les yeux du monde.

D’après J.A. Delpon, dans Statistique du Département du Lot (1831) : “A Saint Céré on voit encore le cabinet  sur la porte duquel il écrivit ces vers si connus :

Las d’espérer et de me plaindre
Des muses, des grands et du sort,
C’est ici que j’attends la mort,
Sans ma désirer ni la craindre.”

D’après : Poésie sur la Toile et Statistique du Département du Lot, JA Delpon, 1831.

Jean-Jacques Chapou 1909-1944

Jean-Jacques Chapou, une figure importante de la résistance dans le Lot

Jean-Jacques Chapou naît le 10 avril à Montcuq où ses parents, instituteurs, ont été nommés quelques années auparavant. C’est en troisième qu’il entre au Lycée Gambetta. Ses études secondaires finies, il se destine à l’enseignement : d’abord comme maître d’internat (1935-1936), puis comme professeur-adjoint (1937-1938). On le retrouve répétiteur, de 1938 à 1939 et de 1940 à 1941.

Mobilisé en 1939, il part pour Annot, petit village dans les Basses-Alpes. Dès 1940, il participe à quelques combats qui s’engagent à la frontière avec les soldats de Mussolini. Après l’armistice, il est démobilisé. Le 29 juillet 1940, il rejoint Cahors. A la fin de l’année 1941, il est renvoyé de l’Éducation Nationale par le gouvernement de Vichy, en raison de son appartenance à la franc-maçonnerie. A la recherche de travail, il devient secrétaire, en décembre 1941, au Groupement des Transports Routiers du Lot.

Au cours de l’hiver 1941-1942, Chapou entreprend de mettre sur pied la Résistance dans le Lot. Ce premier groupe veut former un syndicat clandestin tout en noyautant les syndicats officiels. Bientôt la Résistance touchera une part croissante de la population ; ainsi de 1942 à 1943, divers mouvements voient le jour.

Chapou devient le chef départemental du mouvement « Libération » dès septembre 1942. Il utilise son récent emploi de chef de service des autobus, à la maison Artigalas, à Cahors, comme moyen de reconnaissance continue de la région : il projette en effet d’élargir son mouvement.

Les autorités vichyssoises éprouvent une défiance grandissante envers ce fonctionnaire révoqué. Suite à une instruction ouverte contre lui, il est condamné par un tribunal spécial à Agen le 10 mars 1943, à un an de prison avec sursis. Le 8 juillet 1943, il quitte Cahors et rejoint le maquis d’Arcambal dit « France ». Il prend le nom de « Capitaine Philippe » et participe aux coups de mains, aux sabotages…

En 1944, il fait adhérer ses maquis aux Francs-Tireurs-Partisans, pour plus de coordination. Sabotages de voies ferrées, occupations de villes (Cajarc, Gramat…).

Route d’Eymoutiers, à la sortie de Bourganeuf (Creuse), le mémorial à J.-J. Chapou (Photo C. Laroche, Mémorial GenWeb)

Lorsque « Philippe » reçoit l’ordre de l’état-major supérieur des F.T.P. (3) de quitter le Lot pour prendre le commandement militaire des F.T.P. de la Corrèze, il abandonne son pseudonyme pour celui de « Kléber ».

Le dimanche 16 Juillet 1944, à Bourganeuf, pris dans une embuscade, il préfère la mort au déshonneur.

 

 

René Andrieu, qui l'a rejoint au maquis, dit de lui :
« Professeur adjoint au lycée de Cahors quand j’y étais élève, Philippe a été l’étincelle de la résistance armée dans le département. C’est lui qui a pris la tête du premier maquis, une vingtaine d’hommes armés de revolvers et de vieux fusils, traqués par les Groupes mobiles de réserve de Vichy. Il était un entraîneur d’hommes, toujours prêt à payer de sa personne, un mousquetaire courageux jusqu’à la témérité ». “Encerclé par les Allemands, il préféra se tuer plutôt que de se rendre. Sa dernière balle fut pour lui. Cela aussi, il me l’avait dit. Et il a tenu parole. C’était un brave”. (René Andrieu : Un rêve fou ?)

Le Lycée Gambetta, à Cahors, lui rend un dernier hommage le 18 décembre 1944 :
« Le corps de Jacques Chapou vint au parloir faire sa dernière halte. Couvert de drapeaux, entouré d’un amoncellement de fleurs, venues de tous les coins du Quercy, l’héroïque Capitaine Philippe… fut glorifié au cours d’une cérémonie grandiose où la population unanime honora une des plus hautes et des plus pures figures de la Résistance en Quercy » Discours de M. R. Saissac. Proviseur du Lycée. Distribution des Prix du 12 Juillet 1945.

Copie de la Citation de Jacques CHAPOU :

Par délégation du Commandant en chef des F.F.I., le colonel Rousselier, commandant la 12e Région Militaire, cite à l’ordre de la division à titre posthume, Chapou Jacques (Kleber), Capitaine, avec le motif suivant :
« Officier de haute valeur, d’une bravoure admirable. A organisé la Résistance dans le Lot, puis en Corrèze. A participé à de nombreuses actions contre l’ennemi. Directeur militaire de la Région Corrèzienne, a attaqué sans répit l’adversaire avec ses bataillons de patriotes. Combats de Tulle, Brive, d’Ussel. Directeur de l’inter-Région B, le 16 juillet 1944, est tombé dans une embuscade à Bourganeuf (Creuse). Blessé mortellement, a déchargé son revolver sur les Allemands et s’est achevé de sa dernière balle ».

La présente citation comporte l’attribution de la Croix de guerre à étoile d’argent.

Sophie VILLES, La Mémoire Vive, Cahors, 1998.


Les maquis

La transformation des refuges pour réfractaires ou résistants pourchassés en maquis s’est faite au fur et à mesure de l’arrivée sur le terrain de responsables à l’esprit offensif et de la disponibilité d’un armement minimal.

Dès 1943 les maquis s’organisent eux aussi en groupes francs. Les hommes vivent en totale clandestinité et sont mobilisés à plein temps. L’Armée secrète compte fin 1943 les maquis suivants :

– maquis Timo, du 1er avril 1943 à janvier 1944;
– maquis Bessières, du 15 février 1943 à février 1944;
– maquis France, du 3 mai 1943 à février 1944;
– maquis Caniac, du 15 juin 1943 à février 1944;
– maquis Douaumont, du 15 juin 1943 à février 1944;
– maquis Imbert, du 15 novembre 1943 à février 1944;
– maquis Liberté, du 15 novembre 1943 à février 1944;
– maquis République, du 15 novembre 1943 à février 1944;
– maquis Vayssette (Figeac), du 1er octobre 1943 au 15 juin 1944;
– maquis La Figuerade, du 1er mars 1943 au 30 octobre 1943.

C’est Jacques Chapou, « Philippe », qui assure la coordination de l’ensemble. Au titre de l’Armée secrète ? Au titre des M.U.R. ? La confusion est extrême. C’est sûrement au titre des deux, la distinction entre action armée et action civile n’étant pas très claire. Lorsque la direction de l’A.S.. est forte, les maquis sont A.S. Lorsque le comman­dement A.S. est mis en cause certains maquis se disent M.U.R.

Il est illusoire de vouloir coller une hiérarchie du type classique au-dessus des maquis. Les hommes des maquis ne connaissent que leur chef de maquis et ceux-ci sont farouchement indépendants et n’admettent pas qu’on leur impose un cadre rigide.

François Bessou et Jacques Chapou

Seul Chapou est admis par tous d’emblée. Son rôle est d’ailleurs tout en nuances. Il est l’exemple à suivre, le conseiller écouté, d’ins­tinct accepté.

Il ne s’agit pas de monter des opérations d’envergure mais d’orienter les actions au coup par coup. Sans état-major, avec un ou deux complices, Chapou est bien à la fin de 1943 le meneur de jeu des maquis, choisi d’instinct par tous.

Les maquisards de l’Armée secrète.

Un ouvrage, écrit par des amis très proches de Philippe, Georges Cazard et Marcel Metges, paru en 1950, retrace d’une façon magistrale le destin de ce grand résistant.

L’admiration qui l’entoure, la confiance qu’il inspire le poussent encore plus à se démarquer de l’A.S. et des M.U.R. Un rendez-vous manqué avec Collignon et Verlhac lui donne à penser à une mise à l’écart. C’est dans cet état d’esprit que se trouve Philippe lorsque, début 1944, le parti communiste lance une offensive d’envergure pour s’implanter en tant que tel dans la résistance lotoise.

Pour le P.C. ramener vers lui les militants communistes qui agissent au sein des divers mouvements est facile. Mais cela ne suffit pas, il lui faut récupérer tout ce qui est valable chez les autres. Philippe est un objectif de choix. « Récupérer » Philippe c’est aussi faire main basse sur les maquis A.S. et grâce à « Georges », communiste, chef du maquis Bessières depuis peu, s’installer en force dans ce département plutôt anticommuniste. Philippe hésite longtemps puis, vers le 15 janvier 1944, accepte.

Quinze jours après l’acceptation de Philippe, les groupes « Francs-Tireurs Partisans » émergent dans le Lot; le 15 février, la plupart des maquis A.S. ou M.U.R. passent aux F.T.P. avec armes et bagages, et en mars 1944 le triangle de direction F.T.P. est constitué :

– commissaire aux effectifs : Georges;
– commissaire technique : Gaston;
– commissaire aux opérations : Philippe.

L’éclatement des maquis A.S., M.U.R. ou S.-Vény qui fait suite au changement d’orientation de Jacques Chapou n’est que le prolo­gue d’une longue action menée par les F.T.P. pour prendre en main la Résistance lotoise. Un résultat positif pour les A.S.-Vény est quand même enregistré. Les groupes gagnent en homogénéité et en esprit d’équipe ce qu’ils ont perdu en hommes et en armes.
[…]

Ombres et espérances en Quercy, (Armée secrète le Groupe Vény du Lot 1940-1945), Les Éditions de la Bouriane, Gourdon, 1999.

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