Pierre Cerou appartenait à une famille d’avocats et de médecins.
Il est devenu un dramaturge célèbre au XVIIIème siècle.

Pierre Cérou  est né le 7 juillet 1709 à Gignac. Le registre paroissial des baptêmes  porte les indications suivantes :
Le 9 juillet 1709 a été baptisé Pierre Cerou, fils légitime de Jean Cerou, bourgeois et de Danielle Jeanne de Chalvet, mariés, est né le 7 du mois et an, parrain Pierre Crémoux marraine Toinette de Cerou, le parrain a signé non la marraine.
Signés : Crémoux Maniol vicaire.

La maison familiale, imposante avec son toit à la Mansard, était située au centre du bourg, près de la halle aux grains. Elle a été utilisée comme maison d’école après la mort du docteur Joseph de Cérou en 1866, puis détruite en 1904. Sur son emplacement  a été construite en 1905-1906 l’école actuelle. Pierre Cérou est le fils de Jean Cerou et Jeanne Chalvet, bourgeois de Gignac.

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Gignac avant 1904

Au premier plan, devant la tour-donjon, la maison familiale des Cérou.

Pierre Cérou, fils cadet de Jean Cérou, bourgeois de Gignac, et Jeanne de Chalvet, fait ses études à Brive, dans le Collège  que dirigent alors les Pères de la Doctrine Chrétienne. A 16 ans, il part pour Paris, au Collège Sainte-Barbe.
Pendant ses études de droit, il écrit sa première comédie L’Amant auteur et valet qui sera jouée en 1740 au Théâtre des Italiens . La pièce obtient un très grand succès. Il quitte Paris pour devenir précepteur dans la famille de Jean-Gabriel-Amable Riquet de Monrepos, avocat général au Parlement de Toulouse . Il retrouve dans la ville rose son frère aîné, Joseph, docteur en médecine, capitoul pour le quartier du Pont-Vieux.
En 1742, l’Infant don Philippe, né du second mariage de Philippe V, roi d’Espagne, avec Elisabeth Farnèse, se rend d’Espagne en Italie. Il s’arrête quelques jours à Montpellier. Pierre Cérou est envoyé par Jean Riquet de Monrepos à Montpellier pour saluer de sa part l’Infant et lui offrir des chiens de chasse. Le 25 mars, le duc de Richelieu, qui avait la passion du théâtre, fait donner deux représentations en l’honneur du Prince : Mithridate de Racine, et L’Amant auteur et valet, la comédie à succès de Pierre Cérou.
Ce soir-là, Pierre Cérou fait la connaissance de Guillaume Léon du Tillot, garçon de chambre du prince, qui sera intendant général, puis premier ministre, quand l’Infant deviendra duc de Parme (1748, Traité d’Aix-la-Chapelle). Guillaume Léon du Tillot organise une entrevue entre l’Infant et Pierre Cérou.

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Isabelle de Bourbon Parme
petite fille de Louis XV et de Philippe V roi d’Espagne

Quand l’Infant devient duc de Parme, en 1748, du Tillot propose à Pierre Cérou d’instruire la jeune princesse Isabelle appelée à devenir Impératrice d’Autriche, en particulier au niveau de l’histoire, de la langue française et des Lettres. Lors de la parution de son ouvrage « Je meurs d’amour pour toi ». Lettres à l’archiduchesse Marie-Christine – 1760-1763 d’Isabelle de Bourbon-Parme, Elisabeth Badinter, philosophe et historienne, déclare : « Elle fut éduquée par Pierre Cérou, un homme fort cultivé qui lui donna le goût de la connaissance. C’est ce qui explique qu’elle parlait quatre langues et que sa correspondance, comme ses traités, sont rédigés en français.« 

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Pastel de Pierre Cérou réalisé en 1756 à la cour du Duc de Parme
par Giuseppe Baldrighi, premier peintre à la cour de Parme

En avril 1751, Pierre Cérou est élevé au grade de chevalier de l’Ordre de Malte et décoré de la Grand-Croix d’honneur par le grand-maître Emmanuel Pinto da Fonseca

Lorsque l’éducation de l’Infante est terminée, en 1758, Pierre Cérou quitte la Cour de Parme. Le duc de Parme le récompense avec largesse pour les services rendus à la cour de Parme. Il lui offre un anneau d’or, avec son portrait entouré de diamants, et lui fait remettre une gratification de 50 000 livres.

Il rentre en France et fait représenter à la Comédie Française une autre pièce le 10 juillet 1758, le Père désabusé, jouée trois fois.

Pierre Cérou revient à Gignac, son village natal, puis s’installe dans une de ses maisons à Brive. En 1771, seigneur de Rochefort, il fait don de sa maison de Brive à son neveu, Joseph Cérou, lieutenant criminel.
Le 2 juin 1885 il fait donation  de ses biens à son neveu Dominique de Cérou qui va  épouser Thérèse d’Algay.

Le 15 avril 1790, Pierre Cérou reconnaît qu’il aime la Révolution, mais qu’il craint la licence ; car la licence ne veut pas de lois, et la liberté ne peut subsister sans lois.
Les événements se précipitent. Le 21 janvier 1790, une insurrection terrible éclate à Salignac où réside une partie de sa famille. Fin 1790 et début 1791, des châteaux sont brûlés et pillés. Pierre Cérou doit quitter le château de Jayle qui va, en grande partie, être démoli. Il se réfugie dans une petite maison qu’il possédait à Vielfour

Les habitants de Gignac vont l’appeler le Chevalier de Vielfour.

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Messire de Cérou arbore,
c
omme son frère Joseph, médecin, Capitoul de Toulouse, puis juge de Gignac,
un blason d’Or à trois bandes de gueules, chargées de sept roues posées 2 et 3 et 2.

Le décret de l’Assemblée Nationale du 16 février 1790 transforme les paroisses en communes. Le premier maire de Gignac sera son neveu Dominique Cérou.
La même année, Pierre Cérou et son neveu Joseph, frère du premier maire de Gignac, font don à l’église de Gignac d’une très belle sculpture sur bois représentant le dernier repas de Jésus. Joseph et Pierre Cérou avaient acheté cette sculpture sur bois de noyer à l’abbaye d’Aubazine. Ce panneau a alors été installé devant le maître-autel.
Bien qu’ayant la goutte, Pierre Cérou allait à la messe chaque dimanche : il parcourait à pied les trois kilomètres qui séparaient sa maison de Vielfour de l’église Saint-Martin de Gignac. Il s’asseyait quelques minutes sur une pierre, devant l’église, et encourageait dans leurs jeux les enfants du bourg qui se pressaient autour de lui. Il leur distribuait ensuite quelques pièces de monnaie. Ces enfants lui avaient manifesté leur reconnaissance en disposant sur le chemin de Vielfour de grosses pierres pour qu’il pût s’asseoir.
Il meurt  le 25 frimaire de l’An VI.

Un écrivain du XVIIIème siècle
Pierre Cerou est l’auteur de 3 pièces de théâtre :  Les comédiens, Le père désabusé et  L’amant auteur et valet.
La comédie  » L’amant auteur et valet » a été jouée pour la première fois en 1740. Cette pièce en un acte a été reprise plus de deux cents fois au Théâtre des Italiens au cours du XVIIIème siècle . Elle a été traduite en Néerlandais, Allemand et Anglais, jouée aux Etats-Unis d’Amérique, à Moscou, avant de tomber dans l’oubli.

Les représentations : un bilan flatteur
Cette comédie sera représentée au Théâtre des Italiens plus de deux cents fois en un demi-siècle, aussi souvent que L’Epreuve  de Marivaux, jouée également pour la première fois en 1740. En deux ans, il y eut donc 39 représentations publiques au Théâtre Italien. La comédie de Pierre Cérou a été vue par 18 800 spectateurs
Deux autres représentations sont données à Versailles :
– l’une, le 23 juillet 1776, par la Comédie Française,
– l’autre, le 10 mars 1786, par les Italiens.
La pièce est également jouée à l’étranger ou en Province.
La comédie de Pierre Cérou est représentée aux USA à La Nouvelle-Orléans le 8 janvier 1764 lors de l’entrée en fonction du nouveau Directeur Général de la Louisiane, d’Abbadie.
Début XIXe siècle, cette comédie connaît encore un succès certain, comme en témoigne par exemple Henri Troyat dans son roman Le Moscovite. Après l’incendie de Moscou (septembre 1812), « ayant appris la présence de comédiens français dans la ville, l’empereur a ordonné de les aider à organiser des spectacles pour le divertissement de l’armée. (…) Pour la première représentation, l’unanimité se fit sur le Jeu de l’Amour et du Hasard que l’on accompagnerait d’un acte en prose de Céron (sic) : l’Amant auteur et valet. » Le mercredi 7 octobre 1812, ces deux pièces sont jouées dans une salle privée dépendant de l’hôtel d’un richissime seigneur russe, Pozniakoff.

La première édition date de 1740. Publiée sans nom d’auteur, elle sera suivie, de 1740 à 1829, de 39 autres éditions. Les traductions en allemand et polonais, les représentations de la pièce à La Nouvelle-Orléans en 1764, à New-York  et à Londres soulignent le succès international de cette comédie. Mais il faudra attendre un siècle et demi pour qu’une nouvelle édition voie le jour… aux USA  :
Textes littéraires, Collection dirigée par Keith Cameron, XXIX : Pierre Cerou, L’Amant auteur et valet, comédie, édition critique par H. Gaston Hall, University of Exeter, 1978.

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Frontispice de la première édition (1740)

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Page 1 de cette première édition

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Dernière édition en 2007 aux Editions de L’Harmattan, dans la collection Les Introuvables
Etude réalisée par Robert Vayssié qui habite sur un terrain ayant appartenu à Pierre Cérou

 

+ d’information sur le site de Gignac-en-Quercy