On ne présente plus Christian Rapin tant il est connu pour son œuvre aussi éclectique que savante et à la portée de tous ceux qui sont concernés par la langue occitane ou s ‘y intéressent ainsi que pour son action militante efficace et discrète au sein de diverses associations ou dans le quotidien.
On connaît déjà le romancier, le poète, I ‘essayiste, le grammairien, le lexicographe et le critique qu ‘il est. Ceux qui l ‘apprécient pour l ‘avoir approché ou qui le côtoient savent avec quelle ténacité et quelle régularité exemplaire il écrit et publie, malgré le labeur qu ‘il s ‘impose, le dictionnaire Français-Occitan. Il prépare déjà le tome V.
Mais nous voudrions présenter le quatrième concernant les lettres de H à M incluses. Aussi riche que ceux qui l ‘ont précédé. S ‘adressant à un public qui, dans son immense majorité, a été éduqué, depuis les premiers mots prononcés, en français, ce dictionnaire vise à la promotion de la langue. Il cite neuf cents auteurs et trois mille ouvrages. C ‘est dire les recherches qu ‘a dû faire l ‘auteur pour être pragmatique et exhaustif. Il est plutôt normatif sans pour autant négliger les synonymes toujours utiles aux écrivains et à ceux qui sont à l ‘affût de néologismes.
Si le dictionnaire rend compte en priorité de la langue actuelle il ne passe pas sous silence la diachronie qui affecte les mots. Ils évoluent au rythme de la vie.
L ‘auteur n ‘hésite pas à mentionner des mots souvent censurés dans d ‘autres dictionnaires et à citer le vocabulaire des techniques de pointe (fibrociment, trinomi, quimioterapia, gonococ, lopidoptèr).
Les racines gréco-latines ou bibliques qui ont façonné notre culture occitane y sont premières mais les anglicismes et les germanismes ne lui sont pas étrangers (bunker = bloc, bastion, casamata, reduch, avançada).
Evidemment, le dictionnaire n ‘oublie ni le parler branché ou populaire, ni les exclamations et les onomatopées, ni les dictons et les proverbes si importants pour une langue parlée et qui expriment l ‘âme d ‘un pays.
Enfin, le dictionnaire permet souvent de passer du niveau synthétique à l ‘analytique.
Nous n ‘avons retenu ici que quelques-uns des grands mérites de ce travail de bénédictin qu ‘il est convenu d ‘appeler désormais: ” le Rapin “.
Il est l ‘œuvre d ‘une vie.
Tous ceux qui auront recours à ce dictionnaire diront merci à son auteur pour ce labeur de choix qui a demandé beaucoup de temps, de compétence et d ‘amour pour la langue et la culture occitanes. Ils attendent, avec impatience, la parution du 50 tome, I ‘avant-dernier, de cet important ouvrage qu ‘on ne pourra pas ignorer dans l ‘avenir.
André MATEU
Publié dans la Revue de l’Agenais d’octobre 2003, Académie des Sciences, Lettres et Arts, Agen 2003