Femmes outragées ! Femmes brisées ! Femmes martyrisées ! Mais femmes libérées !
D’essence gaullienne, cette formule parodique reflète assez bien le lent et douloureux cheminement qui tout au long des siècles a conduit nos compagnes jusqu’au statut qui leur est conféré aujourd’hui. Un parcours qui mériterait une vaste et passionnante étude, mais mon projet faute de temps et de moyens ne peut être aussi ambitieux en dépit de la présence dans les silos des Archives Départementales de nombreux documents susceptibles d’en constituer la trame. Je voudrais simplement, avec la compassion qui leur est due, rendre hommage à toutes ces femmes – nos aïeules – en évoquant les souffrances qui leur firent sexuellement cortège, au moyen de deux ouvrages, le premier intitulé « Rapts de séduction », le second « Rapts de violence ».
Il s’agit d’une entreprise délicate étant donné la nature du sujet à traiter. Mieux vaut sans plus attendre inviter les âmes sensibles ou exagérément pudiques à préférer la lecture des œuvres de la comtesse de Ségur. Première difficulté : avant même de commencer un problème s’est posé à moi : devais-je nommément citer les personnes qui furent impliquées dans les cruelles et souvent ignominieuses affaires dont il va être question ou me résoudre à n’utiliser que leurs initiales, au prétexte de ne pas froisser l’amour propre de leurs descendants ? A ceux-là, je voudrais dire que nul n’est débiteur des égarements de ses aïeux et que se contenter de les désigner par leurs seules initiales, outre le fait d’édulcorer le récit, pouvait avoir l’inconvénient d’engendrer de pernicieuses suspicions. Tout bien pesé j’ai opté pour la clarté au motif que tout être humain, selon un aphorisme bien connu des généalogistes, possède parmi ses ancêtres au moins un prince et un pendu, et rappeler que de célèbres affaires – Calas, Fualdès, Seznec, Dreyfus, Landru, Petiot, et tant d’autres – ont toujours été évoquées par les noms de leurs protagonistes et pas autrement. Je dirai encore à l’intention des grincheux – il va bien s’en trouver – que les documents d’archives publiques concernant la justice sont librement consultables et légalement utilisables à l’expiration d’un délai de cent ans à compter de la date de l’acte ou de la clôture du dossier.
En conséquence de quoi, dans l’intérêt des chercheurs auxquels cet ouvrage est avant tout destiné, j’ai usé consciemment de ce droit, dans le strict respect des obligations qu’il comporte.