Général et aide de camps de Louis Napoléon Bonaparte, il participe à la conquête de l’Algérie et est promu Maréchal de France.
Né le 27 juin 1809 à Saint-Céré, décédé le 28 janvier 1895 à Paris
Le Maréchal Canrobert se distingua jeune en Algérie, aide de camp du Prince Napoléon, il prit une part importante au coup d’Etat dirigeant la répression. Il conduisit les troupes françaises pendant la Guerre de Crimée en 1854/1855 et notamment organisa le siège de Sébastopol. Il prit une part importante dans la victoire de Solférino en 1859 pendant la campagne d’Italie. En 1870, il fit la guerre à un poste secondaire mais ne fut pas écouté par Bazaine. A partir de 1876, il fut Sénateur de la IIIe République et devint alors un des chefs du parti Bonapartiste.

Notice biographique : François-Marcellin Certain de Canrobert (1809-1895) se signala, dès 1835, par sa bravoure, en Algérie, notamment à l’assaut de Zaatcha. Général et aide de camp du prince Louis-Napoléon en 1850, il prit une part active à l’exécution du coup d’Etat du 2 décembre 1851. En 1854, il partit en Orient comme commandant de la Première division, fut blessé à l’Alma, puis reçut du maréchal Saint-Arnaud mourant le commandement de l’armée d’Orient. Ses difficultés avec lord Raglan, qui commandait l’armée anglaise, l’obligèrent à passer son commandement à Pélissier en 1855. Canrobert reçut, à son retour en France, le bâton de maréchal. Commandant du 6e corps à l’armée du Rhin en 1870, il défendit Saint-Privat-la-Montagne mais du se replier à Metz où il fut fait prisonnier. Après la guerre, membre du Conseil supérieur de la guerre, il fut sénateur du Lot (1876-1879) puis de la Charente (1879-1894).

Statue du maréchal Canrobert à Saint Céré. L’inauguration de cette statue, en 1897, fut une grandiose cérémonie pour la ville

Alors que son père, officier de l’Ancien Régime, sert à l’armée de Condé et émigre en 1791, son demi-frère, Antoine, brillant officier issu de Saint-Cyr est tué par un boulet de canon à Fleurus le 16 juin 1815, en combattant pour l’Empereur. Lui-même, après avoir été orléaniste, est dès 1851 un fidèle serviteur du régime bonapartiste.Elève de Saint-Cyr en 1826, Canrobert sert au 47ème régiment d’infanterie de ligne de 1828 à 1840. En 1835, il part une première fois pour l’Algérie et rentre en France en 1839. Capitaine adjudant major, il demande, en 1840, à retourner en Afrique. Versé au 6ème bataillon de chasseurs à pied le 17 octobre 1840, Canrobert est de retour en Algérie en 1841 et y demeure jusqu’en 1850.

Il sert dans plusieurs régiments d’infanterie de ligne et d’infanterie légère et, colonel le 8 novembre 1847, commande le 2ème régiment d’infanterie de ligne, le 2ème régiment de la Légion étrangère puis le régiment de Zouaves.
Il débloque le poste de Bou Saada et monte l’un des premiers à l’assaut de Zaatcha en 1849. Il en hérite la cravate de commandeur de la Légion d’honneur.

Nommé général de brigade le 13 février 1850, il est rappelé à Paris et y commande différents corps de troupes. Il adhère au coup d’Etat et sa brigade est l’une de celles qui opèrent sur les boulevards dans les jours qui suivent. Tout en conservant le commandement de la 3ème brigade de la 1ère division de l’armée de Paris, il est nommé aide de camp du prince président le 17 février 1852. Général de division le 14 janvier 1853, il est maintenu dans ses fonctions d’aide de camp de l’Empereur.

Photo Nadar, Paris

Lorsque la campagne d’Orient est décidée, Canrobert est désigné pour accompagner Saint-Arnaud, Bosquet, Forey, et le prince Napoléon. Après la victoire de l’Alma où il est blessé, il remplace Saint-Arnaud, mourant, à la tête du corps expéditionnaire en Crimée. Le 16 mai 1855, en mésentente avec lord Raglan commandant le corps expéditionnaire anglais, ne supportant plus les pressions en provenance de Paris, Canrobert abandonne son poste au profit de Pélissier. Cet évènement ne porte pas atteinte au courage de Canrobert, mais il illustre son incapacité à assumer des responsabilités trop lourdes et à supporter des situations conflictuelles.

Commandant du 1er corps de l’armée d’Orient le 16 mai 1855, Canrobert reprend à sa demande le commandement de son ancienne division, devenue 1ère division d’infanterie du 2ème corps. Cette situation étant moralement difficile, Napoléon III insiste pour qu’il renter en France et après plusieurs refus, par fierté, de Canrobert, il le nomme à nouveau aide de camp et lui intime l’ordre de rentrer à Paris occuper ses fonctions.

De retour en France et toujours aussi populaire, Canrobert est nommé d’abord sénateur le 17 août 1855, puis maréchal en même temps que Bosquet et Randon, le 18 mars 1856.

En Italie, Canrobert commande le 3ème corps de l’armée et s’illustre à la bataille de Magenta en tenant la position clé de Ponte-di-Magenta. A Solférino, un malentendu l’oppose à Niel quant à l’assistance qu’il lui prêta pendant la bataille. Mais le différend est aplani et les deux hommes restent ensuite en bons termes.

De 1859 à 1862, Canrobert exerce les fonctions de commandant supérieur du 3ème corps d’armée à Nancy. Chargé du commandement des troupes réunies au camp de Châlons le 10 mars 1862, quelques mois plus tard, le 14 octobre, il prend le commandement supérieur du 4ème corps d’armée à Lyon, en remplacement de Castellane, décédé le 16 septembre.

Le 22 juin 1865, il est nommé au commandement supérieur du 1er corps d’armée et de la 1ère division militaire à Paris, en remplacement de Magnan, décédé le 29 mai. Canrobert exerce ce commandement jusqu’à l’entrée en guerre contre la Prusse et le 17 juillet 1870, il est à la tête du 6ème corps de l’armée du Rhin.

Le 12 août, il refuse de prendre le commandement de l’armée du Rhin, effrayé par les responsabilités qui en découlent ; il abandonne ce commandement vicié à Bazaine et est un subordonné obéissant.

Il ne prend aucune part à la bataille de Borny, le 14 août 1870, mais s’illustre par son héroïque résistance à Gravelotte, le 16 août. Deux jours plus tard, le 18 août, à Saint-Privat il décime la garde royale prussienne ; faute de munitions et de renforts il abandonne sa position. Il participe encore aux combats de Sainte-Barbe, Noisseville et Ladonchamps mais encerclé dans Metz avec l’ensemble de l’armée du Rhin, il est prisonnier le 28 octobre 1870.

Après plusieurs mois de captivité il est libéré et regagne la France en mars 1871. Il occupe dès lors différentes fonctions militaires jusqu’en 1883 et fait une carrière politique dans le groupe de l’Appel au peuple, en étant élu sénateur du Lot en 1876 puis sénateur de la Charente en 1879, fonction qu’il occupe jusqu’en 1894. Fidèle à la mémoire de Napoléon III, il assiste aux funérailles de l’Empereur, le 15 janvier 1873 en Angleterre. Lui-même s’éteint dans son domicile parisien le 28 janvier 1895. Il était le dernier maréchal de Napoléon III encore en vie.

Agréable de sa personne, le maréchal était éloquent à ses heures, doué d’une chaleur de langage imagée et inspirait une confiance sans borne à ses soldats. Au feu il était d’un entrain irrésistible mais dans le commandement il se montrait parfois incertain, manquant de confiance en lui.

+ d’informations sur le site consacré à Napoléon III

Bataille de Saint-Privat (18 Août 1870) … A sept heures du soir, 50.000 hommes et 150 pièces marchent sur ce village; le maréchal Canrobert est obligé d’évacuer progressivement, Roncourt et tout le terrain situé au nord de Saint-Privat. Depuis deux longues heures, le maréchal avait vainement réclamé le secours de la Garde impériale toujours immobile en avant du fort de Plappeville … Le Petit Journal MILITAIRE, MARITIME, COLONIAL, 15 Septembre 1907, n° 197

La campagne d’Italie Au début de 1859 les rumeurs de guerre commencent à se faire plus précises. Napoléon III veut aller au secours du roi de Sardaigne en butte à l’empereur François Joseph qui s’oppose à la formation de l’unité italienne.
Le 46ème régiment d’infanterie dit 46ème de ligne est alors basé à Chalon sur Saône depuis quelques mois.
Le 11 avril 1859 le régiment fait route sur Lyon. Là est formé le IIIe corps d’armée de l’armée d’Italie. Ce corps d’armée est commandé par le maréchal Canrobert. Le 46ème de ligne est affecté à la Brigade du général Ducrot qui fait partie de la 2ème division du général Bourbaki.
L’armée d’Italie qui compte 125.000 hommes, 13500 chevaux et 450 pièces d’artillerie va se diviser en deux pour entrer en Italie. Une partie par le col du Mongenèvre l’autre par mer via Toulon et Gènes.
La division Bourbaki passe par les Alpes. On se met en route fin avril, passage à Briançon le 1er mai et le col est franchi le 3. Ce passage ne se fait pas sans mal. L’armée est mal équipée mais “l’allant du soldat français et son opiniâtre ténacité compensent la manque complet d’organisation et la médiocrité du commandement”. Le général Bourbaki avant de passer les Alpes télégraphie au ministère “les troupes de ma division sont sans couverture. Il fait froid nous n’avons ni tente, ni bidon ni effet de campement cartouches. Absolument rien de ce qui est nécessaire à l’organisation n’a été envoyé”( c’est à la suite de ce télégramme que dans l’armée on désigne par “l’armée de Bourbaki” une armée désorganisée et inefficace n.d.l.r ).Son chef le maréchal Canrobert confirme que la désorganisation va plus loin “on a oublié dans mon corps d’armée les états majors, l’intendance, la prévôté les services de santé l’artillerie et le génie”

Bataille de Magenta, 1859, Victoire Française sur les Autrichiens .. À mesure qu’ils se déploient sur la ligne de feu, les débris des régiments qui luttent depuis le matin les acclament . Les cris redoublent quand les vétérans de Crimée, reconnaissant Canrobert, toujours aux endroits les plus exposés .
Et lui, dont l’héroïsme est un peu théâtral, debout sur ses étriers, lève son képi en répondant d’une voie éclatante :“ Salut ,messieurs de la garde ! ”

La bataille de l’Alma … Emportées par l’élan des unités de l’Armée d’Afrique, les divisions françaises emportent la décision avec celle du prince Napoléon à gauche, celle de Canrobert au centre et celle de Bosquet à droite, celle de Forey restant en réserve.
Canrobert lance ses hommes en tirailleurs, appuyés par deux batteries d’artillerie. Zouaves et légionnaires rivalisent de courage à la pointe du combat. Les zouaves du 3e régiment s’emparent du plateau de l’Aklèse et ceux du 1er du pont de l’Alma. Menchikov choisit de contre-attaquer avec la moitié de ses réserves, profitant du fait que les forces françaises sont encore pour moitié de l’autre côté de l’Alma, mais la puissance de feu des fusils rayé et de l’artillerie française s’avère décisive.

Campagne d’Italie ...La campagne de Crimée n’avait employé que deux des éléments modernes, la vapeur et l’électricité ; la guerre d’Italie en introduisit un autre, l’artillerie rayée. Examinons pas à pas l’influence de chacune de ces données.
Le début de la campagne trouve l’armée française encore en deçà des Alpes : les Autrichiens prenant l’offensive, passent le Tessin, envahissent la Lomelline et menacent Turin. Déjà les esprits sont troublés dans l’état-major sarde ; mais bientôt la vapeur interpose son influence salutaire : 40 000 hommes (3e et 4e corps français), amenés par le chemin de fer de Suse, s’établissent à Valenza et à Casale, et portent l’armée sarde à 100 000 hommes, prêts à tomber par Casale sur le flanc de Giulay : cette concentration, due au maréchal Canrobert, sauve Turin en ramenant l’ennemi sur le Tessin.

Témoignages & documents : Ces textes ont été écrits essentiellement par des militaires, lors de la guerre de Crimée.

Le général François-Certain Canrobert commandait la 1ère division d’infanterie du corps expéditionnaire français. Au mois de mai 1854, le maréchal de Saint-Arnaud, commandant en chef de l’armée d’Orient, le chargea de la remonte de la cavalerie, et, en particulier, lui demanda d’étudier la possibilité d’utiliser les bachi-bouzouks.

“C’était bien une bande du Moyen-Âge, dont le spectacle nous reculait de dix siècles en arrière. Tantôt c’étaient des Arnautes ou des Albanais aux beaux traits, aux longues et fines moustaches, avec des vestes soutachées d’or et la fustanelle blanche plissée autour du corps, qu’ils balançaient avec des mouvements plein de souplesse ; tantôt des Kurdes au teint basané, la tête couverte d’énormes turbans de laine ou de soie terminés en pointe, d’où pendaient des sequins, des verroteries et des coquillages ; ceux-là étaient vêtus sordidement, sans linge, avec des pantalons étriqués, laissant la jambe entièrement nue. Il y avait encore des Syriens ou des Arabes et des nègres avec le haïk et le burnous. Tous étaient armés jusqu’aux dents, de pistolets à pierre, de yatagans recourbés, de kinjars, de kris, de couteaux de boucher, véritable arsenal renfermant depuis les armes les plus grossières et les plus rudimentaires jusqu’aux plus beaux chefs d’œuvre de damasquinage, de ciselure et d’incrustation. Dans leurs rangs, on voyait aussi des femmes, véritables sorcières de Macbeth, repoussantes de laideur et de saleté, et tout aussi fournies en armes que leurs compagnons. Quand ils se mettaient en marche, ils étaient précédés d’un timbalier dont l’accoutrement eût détrôné celui du plus extravagant des chienlits du mardi gras. Il s’avançait à cheval, portant sur la tête plusieurs plumeaux défraîchis et le corps couvert d’une cotte de mailles du genre des miroirs à attraper les alouettes. Il n’y avait pas un bouton de métal, un morceau de glace ou de verre cassé ou une pièce de monnaie qu’il n’attachât à ses guenilles. De leur masse confuse s’élevaient, au milieu de mille lances et piques de toutes sortes, d’énormes drapeaux dont les étoffes, de dimension et de couleurs étranges, en flottant au vent, donnaient à cette troupe un aspect troublant.”