Hugues SALEL,

poète de la Renaissance  1504 – 1553

Ouvrage de Salel, 1545, (Bibliothèque Municipale de Cahors)

Hugues Salel est né à Cazals en 1504, d’Hilaire Salel et de Jeanne Peyrusse, dans un milieu aisé. Ayant perdu son père à l’âge de cinq ans, il est sous la protection du seigneur de Montcléra et à ce titre, il est l’un des treize boursiers du Collège Pelegry, de 1516 à 1526.

Il acquiert à l’Université de Cahors une parfaite connaissance des langues et littératures grecques et latines, érudition essentielle à cette époque. Il est enthousiasmé par la poésie et surtout celle de Virgile et d’Homère avec son ton héroïque. A l’Université, il rencontre la famille d’Olivier de Magny qui deviendra son secrétaire en 1547.

A Toulouse, il est secrétaire des Présidents du Parlement Jacques Minot puis Jean Bertrandi ; c’est ce dernier qui l’aurait recommandé à la Cour. Tout à sa vocation poétique, Salel se joint à l’entourage de François Ier, à une époque où le Roi tente de ressusciter l’éclat des beaux-arts pour fixer tous les regards sur le royaume de France.

La place Hugue Salel à Cazals

Son goût dominant pour l’étude l’amène à fréquenter assidûment les leçons de Du Bellay et de Guillaume Budé qui avaient ouvert chez eux une sorte d’académie. Son talent retient l’attention de ses maîtres, qui s’empressent de le distinguer aux yeux du roi.

Jodelle et Ronsard consacrèrent à sa mémoire des vers qui prouvent la haute réputation que Salel s’était acquise.

L’épitaphe que lui fit Jodelle commence ainsi :

Quercy m’a engendré, les neuf soeurs m’ont appris ;
Les rois m’ont enrichi, Homère m’éternise

Plusieurs essais poétiques le révèlent alors ; sa renommée s’accroît. François Ier l’élève à la dignité de valet de chambre ; il devient le compagnon de Clément Marot auprès du monarque.

Dizain

Un jour Vénus, désirant me fâcher

Pour un dépit piéça! sur moi conçu;

Fit à son fils Cupidon delâcher

Un trait sur moi, mais il fut bien déçu,

Car, aussitôt que j’eus le coup reçu,

Et que la plaie était fraîche et entière,

Pallas y mit tel onguent et matière

Que je me vis guéri le lendemain ;

Arrière donc, Vénus rebelle et fière,

Puisque Minerve y met pour moi la main.

Entré en défaveur sous Henri II (1547), il se retire dans l’abbaye que lui a donnée François Ier, à Saint-Chéron près de Chartres. Il s’y consacre à sa grande œuvre : une traduction en vers de l’Iliade. Désirant se vouer tout entier à son entreprise, le poète endosse l’habit ecclésiastique. Pension et riche bénéfice lui permettent d’accomplir sa tâche.

Hugues Salel meurt malheureusement en 1533, avant l’achèvement de son ouvrage. Il n’a pu traduire que les douze premiers livres d’Homère. Son travail, incomplet, parut quelques années après sa mort, en 1553.

A Cazals, sur l’un des piliers de l’Hôtel de ville, on peut lire ces vers de Clément Marot :

Quercy, Salel de toy se vantera

Et comme croy de moi ne se taira

Clément Marot

D’après : La Mémoire vive, Sophie Villes, Cahors, 1998 et Anthologie des Poètes du Quercy, par Gilles Lades, éditions du Laquet et Encyclopédie du Lot, Bonneton Statistique du Département du Lot, JA Delpon, 1831.