l’ASMPQ (Association pour la Sauvegarde des Maisons et Paysages du Quercy) milite depuis plus de 40 ans pour la défense et la promotion de notre bâti et de nos paysages. 

 

 

 

Catherine David, architecte spécialisée en patrimoine paysager, conférencière et membre de l’Association, proposera, cette semaine dans le quotidien La Dépêche du midi, une analyse des paysages emblématiques du Lot.

Première région présentée : LE QUERCY BLANC, lequel vient après les grandes vallées lotoises en termes d’intérêt et de beauté des panoramas

En quoi les paysages du Quercy blanc sont-ils emblématiques ?
Le Quercy est un vieux pays qui dégage un fort et délicieux parfum médiéval. Les fermes quercynoises voisinent sans problème avec les monuments médiévaux. Quand le paysan enrichi construit un pigeonnier-tour, il perpétue la forme la plus symbolique du pouvoir féodal. Le four à pain est une réplique de l’église romane. C’était une grande époque d’architecture. On visait la beauté pour la gloire de Dieu ou son propre prestige. On faisait à la fois de la performance et de la mise en scène en perchant les forteresses sur les roches ou bien en flanquant une cité religieuse contre la paroi rocheuse, créant ce qu’on appelle des paysages épiques.

Quelle est donc la composition de ces paysages ?
Les serres du Quercy blanc sont caractérisées par ces motifs épiques, avec leurs châteaux et leurs villages perchés : Charry, Lastours, Saux, Marcillac, Flaugnac, Castelnau-Montratier, Montcuq… Dans les vallons du Quercy blanc, les fermes étaient admirablement implantées à la rupture de pente, offrant des paysages étagés, ordonnés et bien dessinés par les toisons boisées surplombant les champs en partie basse.

Comment préserver ce patrimoine et quel va être le rôle du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) ?
Parce que très vieux, ces paysages sont très sensibles à la modernité et à son désordre. Les services de l’État, du département, les collectivités et les bureaux d’études ont généralement préservé, au travers des PLUi, cet étagement et ce caractère épique des vallées. Cela réclame aussi un attachement profond des habitants à cet art de bâtir à partir d’une géographie originale, point fort de la culture quercynoise. Continuons à employer notre génie à inventer des solutions contemporaines à hauteur de cet héritage.

Que pensez-vous du projet de parc solaire de 66 ha à Montcuq ?
Pour ce qui est du photovoltaïque, il faut éviter les paysages épiques ou remarquables, les bonnes terres agricoles, les biotopes des pelouses sèches, rester à l’échelle d’un pays jardiné par la petite et moyenne propriété avec des surfaces de panneaux raisonnables, s’adapter avec souplesse à cette géographie complexe et pittoresque. Il y a un modèle quercynois à inventer digne de cette intelligence du sol et des reliefs qui caractérisait la culture paysanne quercynoise. C’est précisément pour protéger ces paysages épiques que les projets de grandes éoliennes de 180 m de haut ont été écartés en Quercy blanc. La bonne méthode est de réfléchir en amont avec tous les services concernés dont le CAUE, la chambre d’agriculture, la DDT, le milieu agricole, les collectivités, les instances du tourisme. Pour définir à l’avance des critères en intelligence avec le paysage.

Sources : La Dépêche du midi 9/12/2020