Catégorie : cinéma

Ma rencontre avec Louis Malle à Lugagnac dans le Lot par Michel Palis

En clin d’oeil au Festival de Cannes, nous publions cet article en hommage à l’un de nos grands du 7e art, amoureux du Quercy. Merci à Michel Palis, pour son autorisation à publier ce texte paru dans Actu.fr en 2014. Quant à l’illustration (sous licence Wikimedia Commons) elle fait référence à l’interview du réalisateur pour la sortie en salle de son film “Lacombe Lucien” tourné en partie dans le Lot (Figeac, Arcambal…)

Souvenirs de Michel Palis de sa rencontre avec le cinéaste Louis Malle dans sa propriété lotoise du Coual.

Au cours des années 70, le hasard des circonstances m’offrait le plaisir d’être reçu par le cinéaste Louis Malle dans sa propriété lotoise du Coual, à proximité du village de Lugagnac.

Nostalgies automnales

Mon interlocuteur avait toujours eu la certitude d’aimer le Quercy.

Son univers préféré était le causse de Lugagnac, parce que c’était, selon lui, le monde du silence qui était le culte même de son inspiration. Lorsque nous revenons aujourd’hui au Coual, dans la grisaille de novembre, le même silence nous attend, plus fort que l’enfer du vent dans les yeuses, plus angoissant que les solitudes moutonnées de genévriers, à l’heure de l’angélus. Le plus incroyable, c’est que Louis Malle était un poète méconnu du grand public. L’on sentait, chez lui, un amour vrai du pittoresque, et peut-être plus spécialement du singulier, voire même de l’occultisme. Le mélange de sensibilité romanesque et des douleurs de l’esprit caractérisaient la plupart de ses films : Les Amants, Ascenseur pour l’échafaud, Le souffle au cœur, Lacombe Lucien…Par une aisance prodigieuse, Louis Malle aimait à « briller », et il y parvenait aisément, car il était ardent et plein d’un esprit qu’il cultivait en l’exerçant sans cesse, à des petits tours de force. Le paradoxe l’attirait. Il le maniait avec acrobatie et je ne serai pas loin de croire qu’il y avait deux identités en Louis Malle : le professionnel du cinéma à New York et le poète lyrique du Quercy. Tout cela se ressentait par le jeu naturel d’un esprit spontané. En novembre 1975, en compagnie de Louis Malle et de l’actrice Alexandra Stewart, nous avions longuement disserté sur les légendes inquiétantes de maritornes et de sorcières à Laramière, les lieux maudits et les pierres cabalistiques à Lantouy ou à Saint-Jean de Laur, les tours templières d’Estrabols livrées à l’abandon, les coutumes et traditions pratiquées par les anciens de Vidaillac contre le mauvais sort… jusqu’à ranimer par nos propos, l’âme palpitante des gardiens de griffons. L’ensemble de notre entretien fut publié dans les magazines du centre de la France. C’était mon « premier papier » de correspondant de presse. Quelques temps plus tard, la sortie de son film « Black Moon » crachait la haine diabolique d’un monde abandonné par Dieu, livré aux démences de la déraison. Comme si les voyants, prophètes et sages, ou même prédicateurs, fantômes des mondes perdus de Lugagnac, lassés par la décadence terrestre, attendaient inexorablement le châtiment suprême pour l’humanité entière.Louis Malle croyait fermement que sa maison était bâtie sur un lieu sacré : le Coual, le cri du corbeau, « l’Oiseau Dieu » des Ligures, où nul être n’a de droits contre la divinité ancestrale. Nous avions constaté que tous les endroits mégalithiques de cette partie du Quercy avaient été occupés par des demeures templières, édifiées sur des sites présentant d’importants courants telluriques. Nous n’eussions pas élucidé tous les mystères des lieux étranges, aux préfixes « lug » et aux collines dénommées « Saint Bernard », nous eussions l’impression de ne pas nous affranchir des secrets de l’Histoire quercynoise.Ces lointains souvenirs de mes vingt ans, en compagnie de Louis Malle, me paraissent à l’instant si intenses, qu’ils demeurent impérissables. Mis en confiance, le maître de céans du Coual me livrait souvent son attachement presque viscéral avec les paysages de Lugagnac, en donnant plus encore une dimension attendrissante de sérénité et de complicité dans sa parole, comme le plus grand des peintres charmé par le modèle de sa toile.« L’enseignement le plus naturel vient de la terre : sinon, je serais mordu et usé de mille manières et en mille endroits par la superficialité des gens. Il y a toujours mieux à apprendre que de se laisser vivre : l’obscure puissance de ce pays m’attire, me passionne, me libère du doute de l’existence »…Chez Louis Malle, l’humilité et la sagesse étaient liées à son savoir.

À sa mémoire

Le cinéaste trouvait un nouveau décor dans chaque film sans pour autant sortir du périmètre délimité de ses hantises : le ring tragique de l’humanité où le bonheur qui n’atteint pas son destinataire retourne comme un boomerang à l’envoyeur. Son Lion d’Or, au Festival de Venise, en 1987, fut la suprême récompense pour le film primé Au revoir les enfants, chef-d’œuvre de civisme et d’espoir, afin de ne plus voir des enfants souffrir du racisme, de la haine, de la persécution. Ce thème est toujours d’actualité dans la conscience humaine. Il faut bien constater qu’un scénario de Louis Malle est détournement (symbolique et étymologique) d’une réalité anéantie le temps de sa durée, tantôt plaisirs et atrocités, scandales et sacrilèges, tantôt fractures de l’ordre subi journellement. Il y avait une part de cruauté dans sa philosophie pour mieux nous faire saisir les perversions de toutes les dictatures.Le cinéma était l’enseigne de sa pensée. Face à la pesanteur d’une société qui, de l’être, n’a guère plus que la force fragile du paraître, un paraître rongé par une irrépressible déperdition d’être, qui s’étale pitoyablement sur les pavés de l’absolue détresse.

Illustration : Wikimedia Commons

Sources Mon Actu.

Biographie de Louis Malle (Wikipedia)

Journée Marguerite Moreno

Si le lieu “La Source bleue” est associé à jamais à la grande actrice, icône du monde théâtral mais également cinématographique, il manquait à Touzac, sa commune de résidence, un lien “officiel”.

C’est désormais chose faite avec la présentation de cette plaque en présence des élus, de la famille Delande-Moréno, des amis du cinéma et des participants à la 6e journée dédiée à Marguerite avec la conférence donnée par Claire Delannoy, fille du cinéaste.

Ce rendez-vous organisé par Cinéphilot (Patrick Cazals et Bernard Maupou) a permis de visionner un documentaire évoquant les liens entre le réalisateur Jean Delannoy avec les actrices et acteurs qui se sont succédés dans ses 60 films.

La journée a été clôturée avec le premier film réalisé en 1933 par Jean Delannoy “Paris-Deauville”, projeté au cinéma Louis Malle.

Une belle rencontre ponctuée de témoignages émouvants évoqués par  la fille de Jean Delannoy.
A noter qu’un musée lui est consacré dans la ville de Bueil, tenu par sa fille Claire. Il résume sa carrière et toutes ses collaborations autour d’expositions et de scénaries réhabilités.

L’ouvrage  de François Soustre, “Marguerite Moreno la parfaite amie de Colette”, préfacée par  Anny Duperey est édité aux éditions “Mon Limousin”.

Photo : Gilles Chevriau ©, Quercy.net

 

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