Auteur/autrice : christian.esteve Page 5 of 10

Le martien

Le martien de la combe de la croix
par Bernard Davidou

Parfois, les soirs d’été après le repas, je prends ma canne et je me laisse porter par mes pas. Tout en remuant les pensées de la semaine, je rends visite à mes amis les chênes, j’écoute le vent et essaye de surprendre les biches ou sangliers qui sont très nombreux dans nos bois.

Je devine sous le tapis végétal, les traces de nos prédécesseurs, murettes, gariottes ou chemins abandonnés, pampres attestant la présence d’une ancienne vigne et j’imagine les hommes qui depuis les soldats sur la voie romaine à nos jours se sont succédés sur cette terre ingrate où je suis né et je retournerai.

Un jour mes pas me conduisirent dans la combe de la croix (sur la commune de Calamane) où je m’assis sur une souche pour profiter des dernières couleurs du ciel. Devant moi s’étendait une petite clairière.

Tout était calme et le jour finissait doucement, me permettant de retrouver l’équilibre après une semaine dans la fébrilité de Toulouse. Dans le cours de ma rêverie je me remémorais les propos de mon ami Daniel à qui j’avais fait lire quelques jours auparavant une de ces petites histoires où, sur une page maximum, je raconte un souvenir ou invente une histoire autour de celui-ci.

« C’est bien toi ! Tu es toujours tourné vers le passé de ton village natal. » Je n’ai jamais eu d’autre ambition ce faisant, que de m’évader d’un « comité stratégique de direction » ou d’une réunion de type « brain storming » décidée par le président sur le conseil cher payé d’un consultant, (comme Daniel), extérieur à l’entreprise qui avait la faveur très éphémère du précédent.

Cependant, Daniel avait raison et comme je regrettais de ne pas être né plus tard, au cœur d’une ville tentaculaire, dans un appartement aseptisé et ripoliné et une famille sans passé, ne faisant aucun cas de ces absurdités. La vie eut été plus simple, je n’aurais eu que l’avenir à assumer.

J’en étais là de mes pensées lorsque je pris conscience de sa présence attentive mais discrète. Il m’observait sans bouger depuis quelque temps certainement, car les grillons et les oiseaux dont j’avais inconsciemment noté le silence subit peu de temps auparavant avaient repris leurs chants.

C’était un petit homme vert de la tête aux pieds, affublé d’une antenne sur le casque et d’un giro-phare que – me dit-il plus tard – les règles de la politesse martienne obligent à éteindre quand on veut engager la conversation.

Nous nous saluâmes fort civilement et je l’invitai à prendre place à côté de moi sur mon tronc d’agar. Après quelques banalités sur le temps sur terre, la dernière histoire de Bouvard aux grosses têtes, il me demanda de reprendre le cours de mes réflexions qu’il avait suivi car il accédait sans peine à la longueur d’onde de celles-ci, comme celles de tous les autres humains: Il avait été programmé pour cela avant son départ de sa base cosmique, (baptisée «Aldous Huxley » en hommage à notre écrivain visionnaire,) dont il me montra la direction dans le ciel.

Peu soucieux de trouver un allié à Daniel et un second détracteur de mes rêveries, je refusai de les poursuivre et lui demandai de me parler de lui et de ses souvenirs de jeunesse.

Il se figea dans un garde-à-vous impeccable et éructa une bordée de x d’y de z et de t suivie d’un numéro qui correspond à son nom mais contient aussi toute l’information utile pour le joindre et le réparer quand c’est nécessaire. Il me parla un peu de sa naissance qui résultait d’une manipulation de cellules « in vitro » dans le laboratoire central (1), mais fût incapable de m’en dire plus sur ce qu’avait été son enfance ou l’histoire de sa famille.

Il semblait gêné d’aborder ce sujet, comme s’il était obscène ou injurieux d’évoquer tout ce qui a trait à la mémoire. Pressé par mes questions, je compris par ses réponses que le mot « mémoire » n’avait pas, chez lui, le sens que nous lui donnons. Il s’agissait pour lui d’un terme technique qui désignait l’information que le laboratoire central installait dans chaque individu. Celle-ci était limitée au strict nécessaire pour le bon fonctionnement de la machine ultra-sophistiquée qu’il était.

Je n’insistai pas sur ce sujet. Après un moment de silence qui nous permit d’apprécier la féerie du crépuscule qui s’installait, il en vint à ce qui était son objectif en venant vers moi. Peu de temps auparavant, sur ordre du grand ordonnateur d’Huxley, il avait récupéré deux de nos compatriotes « le bombé » et «le glaude », afin de produire sur sa planète la fameuse soupe aux choux décrite par René Fallet.

Sa seconde mission, aujourd’hui, consistait à trouver la boisson qui serait digne d’accompagner ce plat qui, depuis lors, faisait fureur sur mars. Sans hésiter et avec le prosélytisme que j’ai toujours manifesté pour notre noble breuvage, je lui suggérai le vin de Cahors. Je lui conseillai aussi, pour les soifs d’entre les repas, un fond de verre de cet excellent « ratafia » que fabrique mon Beau-Frère, René.

Malgré le nombre respectable de méga-hertz de son unité centrale il eut du mal à prononcer correctement ce mot et s’amusait à le répéter comme un parisien en vacances chez nous. Il voulut goûter l’un puis l’autre puis l’un puis recommencer revenant sur le premier et ne souvenant plus du second qu’il fallait regoûter…

Verre après verre, il appréciait de plus en plus les deux nectars. Il avait du mal à comprendre comment, des terriens aussi en retard sur le plan technique, avaient acquis une avance aussi considérable dans ce domaine œnologique précis. Je lui expliquai le long travail de mémoire qui, depuis Noé, l’antiquité, les romains, le bon roi Henri, jusqu’à mon oncle Robert et maintenant son fils, avait abouti au produit parfait qu’il appréciait tant et qui pouvait accompagner la fameuse soupe aux choux pour laquelle René Fallet avait oublié d’indiquer la boisson.

La nuit avançait, les merles s’étaient tus et les hauteurs de Saint-Pierre LaFeuille, à l’est, commençaient à rosir. Il décida de repartir en emportant une de mes bouteilles « Domaine des Tilleuls 1985 » qui fait l’orgueil de mon Tonton et la joie de son neveu.

Je l’accompagnai jusqu’à sa soucoupe qui, malgré l’aube naissante, illuminait toute la clairière. Après un dernier signe d’adieu de son bras manipulateur robotisé, il mit le contact, tira sur le démarreur, tira sur le démarreur, … tira sur le démarreur, … agita ses antennes avec colère et dit quelque chose que je ne compris pas mais qui ne devait pas être très joli, … tira à nouveau sur le démarreur … mais rien ne vint.

Alors, et là Daniel ne me croira pas quand il me lira, mais je jure que c’est la vérité : M’arc-boutant sur le tronc d’Agar, sur les pampres de vigne et sur la gariotte en ruine, j’ai poussé son magnifique vaisseau jusqu’à ce qu’il démarre enfin dans un énorme nuage bleuté d’ozone malodorant.

Depuis cette soirée, je n’ai pas revu mon martien. Je sais qu’il reviendras’approvisionner (celui qui a goûté à nos produits ne peut pas les oublier) et que je ne le suivrai pas puisque les vignes sont dans les environs de Cahors et pas ailleurs. Je regarde souvent le ciel étoilé en pensant à lui et certains soirs il me semble y voir un point vert qui scintille.

(1) L.C.A.H.F.T. Laboratoire Central d’Approvisionnement en Humanoïdes à Flux Tendu (« just in time » pour ceux qui préfèrent)

PS : Je dédie cet amusement à Daniel SANSEIGNE, Consultant en Knowledge Management, spécialiste de la mémoire des entreprises. Avec mes amitiés. Par ailleurs, Daniel, diplômé des Eaux et Forêts est un éminent amateur de « ratafia ».

Bernard DAVIDOU Juillet 200

Le viaduc de Calamane

C’est en 1881 que commença la construction de notre viaduc.

Lors des études, avant les travaux, le projet ne semblait présenter ni plus ni moins de difficultés que ses onze frères qui étaient prévus de Cahors à Brive. Sa hauteur, de vingt et un mètres et sa longueur de cent huit mètres en faisaient un ouvrage très accessible aux techniques de l’époque.

Les travaux commencèrent par les piles extrêmes, des deux côtés de la vallée, qui furent établies facilement, à sec, sur le rocher. Il n’en alla pas de même lorsqu’on arriva aux piles centrales et les fouilles révélèrent l’absence de rocher bien qu’on soit descendu, par sondage, à dix-huit mètres. A la place du socle dur attendu, on s’aperçut que la vallée, qui résulte d’un plissement très obtus (dû selon les savants à un cataclysme géologique) a été remplie de blocs de calcaire noyés dans l’argile déposée par le ruisseau de Reignac.

A ce stade, on ne pensait pas pouvoir continuer l’ouvrage comme il avait été commencé. Les travaux furent interrompus en 1883 et trois projets étudiés pour combler le vide laissé au centre: Une poutre métallique droite, un arc métallique incurvé et un remblai de terre incurvé.

Si l’on peut retrouver facilement la preuve de ce qui précède, il n’en est pas de même de ce qui suit qui m’a été raconté par les anciens dans ma jeunesse.

Il semble que le projet de remblai, qui aurait défiguré le village, ait soulevé l’unanimité de nos prédécesseurs contre lui.

Que l’on s’imagine le chantier et l’état du village: Des ouvriers partaient dès l’aurore des villages voisins (Caillac, Crayssac, Saint-Pierre …) pour venir travailler à Calamane où des commerces s’étaient créés: restaurants, buvettes, artisans… Cet apport de population entraînait une effervescence inhabituelle dans le bourg et tout le monde disait du mal du projet de remblai.

En ces temps-là vivait dans l’actuelle maison Serres, un homme que l’on voyait toujours en haut de forme et médecin de son état: Monsieur Valette. Le Docteur, cousin de la femme de Gambetta, avait de plus usé ses fonds de pantalons avec ce dernier sur les bancs de l’école qui maintenant porte son nom.

Monsieur Valette partît donc à Paris – avec une barrique de bon vin selon les uns, après avoir juré de renoncer à son nom si le talus se faisait selon les autres – plaider auprès de son ami devenu président du conseil (1881-1882) la cause de notre viaduc.

Les travaux reprirent en 1887. Les piles centrales furent enchâssées dans du béton d’une largeur suffisante. La ligne Cahors-Brive fut mise en service le seize juin 1889.

L’ouvrage avait coûté six cent trente huit mille francs d’alors pour vingt deux mille six cent mètres cubes de maçonnerie. La charge à l’essieu qui était de dix tonnes en 1889 a été doublée pour répondre aux besoins actuels de la ligne sans que notre viaduc en paraisse affecté.

Reconnaissez qu’après une récente restauration, bien que conçu sans l’aide de l’ordinateur, le viaduc, plus que centenaire, se porte bien.

Bernard DAVIDOU 1998

Le miracle de Berthot

par Bernard Davidou

Cette histoire m’a été racontée par mon père qui la tenait du sien. Notre lignée (je n’aime pas ce mot que les hommes de notre contrée emploient dans leur patois avec le sens de bois coupé pour aller au feu), franchit les millénaires en deux ou trois générations, mais nous avons l’habitude de compter les années, comme le font les humains, depuis la naissance du Christ.

Vous noterez que pour eux, il faut plus de trente générations pour un millénaire. Pour cette raison cette histoire s’est perdue dans leur souvenir. Je vais donc vous la restituer.

C’était au cours des années qui ont précédé l’an mille. Mon Grand-Père s’était pris d’amitié et de compassion pour un vieil homme qui vivait sur le causse de Calamane, non loin de notre terre de Berthot.

Il avait l’habitude d’écouter et observer la nature et appris ainsi le langage des végétaux et des animaux. Il avait avec mon aïeul, les soirs d’hiver, de longues conversations silencieuses empreintes de cette sagesse qui nous est naturelle, mais qui, disait mon ancêtre, est exceptionnelle chez les humains.

Peu avant l’an mille, les hommes avaient, à Paris, un roi qui s’appelait Robert II. Il était fils et successeur de Hugues CAPET fondateur de la dynastie. Malgré sa grande piété, il s’était mis en tête de divorcer de la belle Rozala, fille de Béranger roi d’Italie, pour épouser sa cousine Berthe veuve d’un petit comte de province (dont il était fort épris malgré ses grands pieds).

Bien que son comportement et son assiduité aux offices lui aient valu le surnom de ” Robert le pieux “, il aimait la compagnie des filles. Il se maria une troisième fois quelques années plus tard. Le pape menaçait Robert d’excommunication (ce qu’il se résolut à faire finalement) et l’affaire, avec l’anarchie dans laquelle se trouvait le royaume et la réputation de fainéantise que s’étaient forgé les rois précédents, occupait les conversations des hommes de toutes conditions.

A cette époque, où les rares et courtes périodes de paix et de relative prospérité alternaient avec la barbarie de la guerre, les famines ou les épidémies, tout était sujet de pessimisme et raison de désespérer pour le vieillard qui, de plus ayant perdu ses enfants en bas age, était persuadé que tous ces signes annonçaient avec la fin du millénaire, celle de son espèce et des temps. Cet avis, disait-il, était partagé par ses semblables qui déploraient, eux aussi, le relâchement général des mœurs et de la religion.

Nous avions encore, en cette fin du premier millénaire, la suprématie sur la forêt qui s’étendait sur la presque totalité du royaume. Le ” Mas del Leu ” était habité par des loups qui lui avaient donné son nom. Des moines avaient repris une vieille villa gallo-romaine à ” Bouydou ” et s’occupaient à reconstruire et défricher, abattant à grands cris nos cousins issus des glands que les animaux avaient disséminés aux quatre coins du causse. La cloche de leur chapelle égrenait les heures de la journée.

La beauté de cette nature presque vierge que le soleil réinventait chaque matin, le travail des hommes et leurs efforts pour coloniser cette terre qui leur était destinée depuis la bible, tout était pour mon grand-père motif de joie, d’émerveillement et de confiance.

L’homme l’écoutait poliment sans le croire ou partager son assurance dans l’avenir.

Au fil des jours, il espaça ses visites , les rhumatismes, la vieillesse l’empêchaient de rendre visite plus souvent à son ami. Puis il ne vint plus et le glas de Calamane porté par le vent mauvais du nord renseigna mon grand-père sur les raisons de son absence.

Mon aïeul resta seul, pleurant son ami de toutes ses feuilles. L’an mille tant redouté vint puis disparut et avec lui les terreurs des hommes. Le défrichement timidement engagé s’amplifia, les terres vierges mises en culture, les nouvelles techniques d’assolement triennal, d’attelage par joug frontal permirent le développement de la population. Les hommes oublièrent la terreur de l’an mille.

Peu après on vit s’installer à Berthot un jeune couple avec un petit prince blond comme le blé qui désormais remplaçait la broussaille et les bois.

Le vieillard avait eu tort de penser que le temps allait s’arrêter et qu’il n’aurait pas de succession. Les hommes, dés qu’ils eurent repris espoir perdirent l’habitude de parler aux chênes, mais nous continuons à les observer et les aimer.

Si l’an deux mille ou Internet vous font peur, retrouvez notre langage, venez me voir, je vous l’apprendrai : Je suis le gros chêne de Bayonnet sur le bord du plateau. Je vous connais tous, le soir je contemple les lumières de vos maisons du haut de Calamane mais aussi des villages environnants que sont Espère, Mercués, Douelle, Caillac ou Saint-Henri, Saint Pierre la Feuille …. (en étirant beaucoup mes plus hautes branches j’arrive à voir le bourg de Calamane et Nuzéjouls).

Venez vous asseoir entre mes racines, je vous apprendrai l’optimisme.

PS : Je dédie ce texte à Claudine, Jean-Pierre et leur petit prince blond.

Bernard DAVIDOU 6 décembre 1999

Le voyage

Le Voyage

par Philippe Desjeux    Extrait …

Il avait été prévu de quitter le Val de Loire pour rejoindre le Quercy et de passer quelques jours dans la propriété dont Flavien avait hérité des ses parents dans le Lot.

Après Brive et Martel, après le passage de la Dordogne à Montvalent la route remonte sur le causse de Rocamadour, traversant des étendues caillouteuses, plus ou moins désertiques, parsemées de loin en loin de bouquets de genévriers autour desquels poussent seulement quelques herbes rares. Et puis, tout d’un seul coup, en arrivant à Alvignac, le paysage change.

On quitte le causse pour rentrer dans la Limargue, cette bande de terre fertile et verte, qui s’étend au nord, de Rocamadour à Saint Céré, en passant par Padirac. La coupure d’avec le causse est très brusque, mais, néanmoins, les habitudes de vie, de l’un ou l’autre coté, ne diffèrent guère. Le sentiment d’appartenance à une région bien déterminée ne touche pas les autochtones. Pourtant les familles ne sont pas dispersées. Elles vivent depuis toujours dans les mêmes lieux, sur les mêmes terres, enracinées.

En fin d’après midi, après avoir traversé cette bande de terre fertile, ils arrivèrent de nouveau dans le causse, de l’autre coté de Gramat, à Lunegarde.

C’est là que Flavien avait sa propriété, un manoir du XVIII ème siècle, carré, trapu, avec une cour intérieure marquée en son milieu par un puits à qui l’on avait gardé son caractère un peu vieillot.

La maison, couverte de lierre, dans le style des maisons quercynoises, au toit de tuiles vieillies, était flanquée à l’ouest d’une tour carrée, qui, sans doute jadis avait servi de pigeonnier, mais où une vaste chambre confortable avait été aménagée. La vue par les fenêtres qui donnaient sur le causse portait au loin jusqu’à la braunhie, cette forêt de petits chênes rabougris, dans laquelle les promeneurs non initiés pouvaient se perdre.

Cette maison, le manoir de Tartadelle, avait été la propriété des parents de Flavien après la guerre de 1914. Son père l’avait restaurée avec soins ; sa position en dehors du village de Lunegarde l’avait séduit. Isolée, sans maisons voisines que l’on pouvait voir, elle était entourée d’une trentaine d’hectares de cailloux et de landes, où seule, sur une petite colline, avait été plantée une vigne rabougrie, qui à l’époque de son acquisition donnait un mauvais vin, proche d’une amère piquette. Depuis, le travail, le savoir-faire de son père, lui avait permis en quelques années de produire un vin très buvable. La rentabilité qui couvrait les frais de cette propriété était assurée par un troupeau de moutons aux yeux noirs qui font la renommée des moutons du Quercy.

Flavien était né dans cette maison et gardait pour elle une très grande tendresse. Il y avait passé naturellement sa plus petite enfance, un peu en sauvageon courant dans les bois, libre de toutes contraintes, autres que d’être à la maison aux heures des repas, signalées un quart d’heure avant par une sonnerie de la cloche qui avait toujours eu un son particulier dû au fait qu’elle avait été fêlée un jour par le gel d’un hiver rigoureux. Et puis un second appel signalait qu’il fallait se mettre à table, les mains propres.

– Mon père, dit Flavien, avait sa place au milieu de la table, en face de la grande cheminée, au-dessus de laquelle, semblant comme vous narguer, était accrochée la tête d’un énorme sanglier aux défenses inquiétantes. Cette salle à manger a gardé le décor que j’ai toujours connu. Je n’ai rien changé, en partie pour conserver la tradition, en partie parce qu’elle me plait telle qu’elle est. Sur un corbeau de pierre est placée une statue ancienne d’une sainte dont la tradition disait qu’il s’agissait de Jeanne d’Arc, et sur lequel mon père avait fait graver la devise ” Ne t’hesbahit pas, mais prend tout en gré, Dieu t’aidera “

Flavien avait fait préparer les chambres. Lui retrouvait la sienne en haut de la tour dont les fenêtres donnaient au sud et à l’ouest, d’où il avait une vue étendue sur la campagne et d’où, par temps clair, il pouvait voir jusqu’au château de Rocamadour. Pour Prisca il avait choisi la chambre que sa grand’mère avait occupée à la fin de sa vie. Mais il n’avait pas voulu la séparer de Tiphaine à qui il avait donné la chambre contiguë que ses sœurs avaient choisie au cours de leurs présences à Tartadelle …

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La fille muette – La filha muda

Propausat pel Sèrgi Rossèl de Cabrairets, amb l’ajuda postuma del canonge Amadèu Lemozi.

Photo Tourisme Lot

Voici le “cantique de Notre-Dame de Paillès”, légende indiquant l’origine du pèlerinage de Notre-Dame de Paillès, commune de Marcilhac-sur-Célé, (Lot).

Il s’agit de la légende de la fille muette, connue également dans d’autres régions, sous des formes variables. Cette version est entièrement en occitan, avec quelques gallicismes. Nous en donnons un résumé en français.

A Paillès, près de la grotte de Bellevue, on peut voir au bord de la route une chapelle, vraisemblablement construite à la fin du XIX° siècle ou au commencement du XX°.

Il existe une carte postale ancienne, non datée, où figure, au recto, une photographie de l’intérieur de la chapelle du pèlerinage et, au verso, le texte du cantique. Actuellement, la mélodie de ce chant n’a pu être retrouvée.

Ecrit à l’origine avec une orthographe phonétique, le texte est ici transcrit en occitan actuel.

La filha muda

Sus Marcilhac la bèla, coma sabètz, se tròba una capèlaal cap del puèg.

L’istòria es agradeta, la vos dirai. S’agís d’una filheta qu’al Bon Dieu plai.

S’apèla Isabeleta pòt pas parlar “cependant” la siá maire la fa pregar.

La pregaria qu’ensenha lo chapelet, la filheta fa signeque l’a comprés.

Cada jorn Isabèla Se’n va gardar las fedas de son paire de vèrs Palhièrs.

Un bèl jorn una femna li apareguète
la foguèt pas en pena
li soriguèt.

Bonjorn Isabeleta, la Dama ditz,
io soi una visita del paradís.

Tu voldriás pas pichona, mon Isabèl,
me donar una feda del tieu tropèl ?

Isabèl es plus muda : Si fèt, si fèt, Madama, se vos volètz.

Tu diràs al tieu paire, mon Isabèl : voldriái la feda blanca del sieu tropèl.

Son paire, e mai sa maire, son plan estonats avián lor filha muda, ara pòt parlar.

Òc ben, òc ben, ma filha, mon Isabèl la Dama a la causida dins ton tropèl.

Mon paire vos fa dire ma maire “aussi”, que sul tropèl Madama podètz causir.

E ben mon Isabèla, anèm partir, Tu ès la feda blanca del paradís. An trobada Isabèla, lo lendeman, mòrta, una letra escricha entre sas mans.

Li a pas clergue, ni prèire, ni capelan, Que pogue prendre la letra qu’a entre sas mans.

Li a pas que lo sieu paire, quand li foguèt que poguèt prendre la letra, la legiguèt.

Soi la Maire de Jèsus. Me bastiretz aicí una capèla ont pregaretz !

La fille muette

Isabelle est une jeune bergère de Marcilhac.

Elle est muette, ses parents l’élèvent dans la foi catholique.

Elle garde le troupeau de brebis familial tous les jours au lieu-dit Paillès.

Un jour, une belle dame lui apparaît (c’est la sainte Vierge) et lui demande de lui donner une brebis.

Du coup la fillette est guérie et se met à parler.

Ses parents, ravis du miracle, sont d’accord pour offrir une brebis à cette dame mystérieuse.

Mais la brebis qu’elle choisit… c’est la bergère !

Le lendemain, on retrouve la fillette morte, dans la main elle serre une lettre que personne ne peut lui prendre, sauf son père.

Il la lit.

C’est un message de la sainte Vierge qui demande à ce qu’on construise une chapelle à l’endroit des apparitions.

 

 

La naissance de Figeac

En ce temps là, le monastère du bon abbé de Lunan, Anastase, était dans un état de vétusté que les inondations répétées auxquelles il était soumis, n’arrangeaient certes pas.

Le bon curé avait en vue une vallée riante, ensoleillée, à l’abri des flots destructeurs, mais pour l’instant, personne pour financer son projet de construction.

Ce matin là, il cheminait tranquillement vers son petit paradis quand, au pied d’un buisson, il aperçut une colombe qui se débattait prise au collet d’un braconnier.

Très doucement, il délivra la pauvre bête, la caressa, puis la laissa partir. Mais la colombe ne prit pas tout de suite son envol.

– “Tu m’as sauvé la vie, lui dit-elle, que veux-tu en échange.”

– “Rien que tu ne puisses me donner, gentille colombe. Mon monastère est vieux, humide et malsain ; il me faudrait un riche mécène pour en construire un autre ici.”

– “Qu’à cela ne tienne ! Je sais que le roi doit venir en Quercy. Fais en sorte de le faire venir ici-même, je me charge du reste …”

Et la colombe disparut dans le ciel.

En effet, à quelques temps de là, le Roi s’en vint en Quercy avec toute sa cour et Anastase en profita pour guider ses pas vers la riante vallée, lui promettant un miracle.

– “Que devrais-je voir Anastase ?”

– “Sire, regardez au ciel.”

Et en effet, loin vers l’est, un gros nuage blanc avançait vers eux et au fur et à mesure où le nuage s’approchait, les yeux émerveillés du Roi, de ses soldats, de toute la cour et d’Anastase distinguaient, sur le bleu du ciel, des milliers de colombes blanches.

Elles tournoyèrent au-dessus de leurs têtes, quand, tout à coup, l’une d’elle se détacha et vint poser sur la terre à l’emplacement souhaité par Anastase, un brin de laurier.

Puis, elle repartit droit dans le ciel et disparut au milieu des milliers d’ailes éparpillées.

Tous tombèrent à genoux et le roi promit à Anastase son monastère.

” Fiat là ! (qu’il soit fait là ! ) dit le Roi, d’où le nom de Figeac qu’on donnera ensuite à la ville qui se construira autour du monastère.

 

Nouvelle rubrique Généalogie

La récupération des archives de Quercy Net se poursuit avec la reprise de la rubrique Généalogie.

Cette rubrique réalisée, il y a quelques années par Claude Lufeaux, avec le concours de l’Association de Recherche sur l’Histoire des Familles ARHFA est en cours de mise à jour.

De nombreux articles supplémentaires seront ajoutés dans les semaines à venir.

Pierre Verlhac

Pierre Verlhac est né en 1868 à Souillac. Il est mort aux Quatres-routes en 1955.

Il fit une carrière d’instituteur. Laïque, ami de Louis-Jean Malvy, Pierre Verlhac militait en faveur des exclus et de la langue d’oc. Il a été l’animateur de la section de Souillac de la ligue des droits de l’homme, et s’est engagé en faveur des républicains espagnols.

Il était aussi un musicien populaire, un fin conteur occitan, un auteur de poèmes et de chansons. Signalons également qu’il fut un des premiers à militer pour l’enseignement de l’occitan.

A lire l’article qui lui est consacré par Gaston Bazalgues dans la revue QUERCY RECHERCHE dans son numéro 96.

Tous les textes et poèmes ci-dessous sont reproduits par Quercy Net, avec l’autorisation de la famille de Pierre Verlhac ©


T’aïmi Soulhac (chanson sur l’air de “Charme d’amour”)

T’aïmi Soulhac, polida vila,
Pincada sus un pitchou riu,
Acocolada dins ton niu,
Ont la vida i es bien tranquila,
T’aïmi Soulhac, polida vila.

Es rescondut dinsun trauquet,
Oval, tout pres de la riviera,
Que faï bronzit son fin orquet,
En lo bressen l’annada entiera,
Coma un nene dins sa brassiera.

Quand lo solelh sus el lusit,
Sus sa companha bravonela
Que cosqueletga e resolit
Mon vielh Soulhac sembla una estela
Es escompat dins de dentela.

Contaria pas per ma vilota
Mai me donesson tout Paris
Per que la trova trop bravota
e qu’ai l’amor de mon païs
Contaria pas per va vilota.

Dins mon Soulhac ieu restarai
Fier s’aqui ma vida s’engruna
Lo servirai, lo contarai
Que sera tota ma fortuna
T’aïmi Soulhac, o ma comuna !

 

La lampe (écrit en décembre 1938)

L’ennui tombe sur moi comme un lourd crépuscule.
Ma chambre est pleine d’ombre et mon coeur est désert.
Espoirs, regrets, désirs, tout est mort ! et dans l’air,
Je ne sais quoi de morne et de glacé circule.

Mon âme, où tout le deuil des choses s’accumule,
Tremble devant le soir, d’un grand frisson amer.
L’horizon a sombré dans la brume d’hiver.
On dirait que la vie, incertaine recule.

Je vais mettre très haut ma lampe et ma pensée,
Pour que, si quelque ami, passant sur la chaussée,
Vers mon humble logis vient à lever les yeux,

Ou bien si quelque rêve égaré dans les cieux,
Cherche, pour s’y poser, une âme triste et tendre,
L’ami songe à monter, et le rêve à descendre.

Mon front trop lourd s’incline et je suis las d’attendre.
Voici que le jour point ; ma lampe va mourir.
Ils ne sont pas venus, ceux qui devaient venir.


Josepon e l’Emperur

Josepon e l’emperur est une histoire de fin de banquet sans prétention. C’est l’histoire d’un souillagais qui lors de son service militaire rencontre l’empereur Louis Bonaparte, mais le héros n’est pas celui qu’on croit. Ce texte décrit bien une époque où les quercinois parlent mieux l’occitan que le français.

Josepon Bernotel fasia son servici al 78ème quand, un matin, una novèla recruda arribèt à l’escoada.

Josepon, assetat sus son bas-flanc, fumava una vièlha pipa culotada quand lo novèl blu s’aprochèt, li demandèt del fèc e s’assetèt a costat de guel.

– Comment t’appelles-tu ?
– Josepon Bernotel.

– Tu parles français ?
– Je le comprenne mais pour le parladis j’étions plus fort en patois.

– D’où es-tu ?
– De Souillac.

– Où celà se trouve-t-il ?
– Tu n’en connes pas ta jographie, ni mai ieu tanpauc. Tu ne saves pas où se trouve Souillac, la plus poulide ville du Lot où res manque, mila Dius ?

– Si c’est dans le Lot, je vois.
– Et toi caman que tu t’appelles ?

– Louis Bonaparte.
– Quoi que tu fais dans le civil ? Tu n’as pas une place ?

– Oui, pas trop mal.
– Eh bé tope aqui Bonatrappe. Tu déves savre lisir, tu m’apprendra à lisir un peu.

– C’est entendu et toi tu m’apprendras ta belle langue patoise (qui de l’avis de Charles Nodier développe tant de noblesse et d’imagination.
– Je n’enconné pas tous ces bestials mais pel potois tè: diga-li que vengue mila Dius !

Louis Bonaparte aprenguèt perfectament lo potois mas Bernotel poguèt pas aprene a legir. Tot parièr, fasquèron un brave parelh d’amics.

Bernotel, son temps acabat, torna a Solhac. Tres ans après, lo portur li porta una letra. Josepon la vira e la revira entre sos dets.

– Tè factur, legis-me aquela letra. Lo factur la duèrp, la legis e ne’n tira un bilhet de cinq cents francs.
– Bogre, quo’s l’Emperur que t’escriu e t’espèra dissabte a detz oras.

– L’Emperur, mila Dius, e qué me vol aquel ome ? Pagui regulieroment ma talha, n’ai jamai fach de mal a degun, mos certificats al regiment portan: bon soldat, bonne conduite… Qué diable me vol aquel ome ?

Josepon, la letra a la man, vai trovar lo mèra.

– Digatz-me, monsur lo mèra, qué me vol l’Emperur ?
– E mon brave Josepon, del moment que t’envoia los sous pel viatge, te cal i anar, veiras aital de qué te vol.

Mon Josepon part per Paris. A detz oras se presenta a las Tuilarias. Es arrestat a la porta per un oficièr que li demanda ço que vol.

– Vèni veire l’Emperur, pardi !
– Avez-vous une lettre d’audience ?

– De qué, nom d’un Diu, n’ai pas de letra de dança mai l’Emperur m’a mandat venir. Tenètz, legissètz aquel papieron.

L’oficièr legis e saluda. Josepon dintra, agacha de tots pans e, a una fenèstra, te guèita Louis Bonaparte.

– O ! per mon arma ! A ! pr’exemple, quo’s un pauc fort, es aqui mon vièlh Louis, o ! lo diable me flambe ne’n soi tot estomagat, davala un psuc, me foras veire ont cal passar.

Un autre oficièr, tot cambaligat d’or, ven prene Josepon e lo mena davant Bonaparte. Louis e guel s’embraçan coma pan tendre.

– Mai diga-donc Louis, ès dins un polit ostal ! Tu tanben ès vengut veire l’Emperur ? As una bona plaça ? Qué fas ?
– Que soi content de te veire Bernotel e de parlar un brieu lo potois que m’as après.

– Es maridat Louis ?
– Oui.

– Coma s’apela ta femna ?
– Eugénie.

– Génie quo’s un polit nom. Es qué as deus mainatges ?
– Oui, un drolle.

– N’a màs un troç de gaulem ? Me faras pas veire ta femna ?
– Si, mai es pas levada encara.

– Es pas levada ! Qual troç de fenhanta ! E la daissas far ? E ben, mon vièlh, li te brandiria las negras ieu !

L’emperur risia, risia, risia de bon cur.

– Quo te fai rire aquo. La nostra se lèva a poncha d’auba e d’aquesta ora a bacat los tessons, mozut las vacas e estremat la bugada. Podes pas la degordir un pauc nom d’un Diu !

An aquel moment, I’lmperatriça intrigada peus escluts de rire de l’Emperur, alors qu’aquel d’aqui èra totjorn triste, dintra ambe lo pichon mainatjon.

– Quo’s Génie aquela ?
– Oui.

– Compren lo potois ?
– Non.

– Tant pis ! Bonjour Génie comme ça va ? Oh que votre drolle il est mindiou, il est brave mais qu’il est prin: c’est un regoutsioulou: il faudra me le donner, je le d’emporterai à Souillac et quand il tournera, il aura des galojes comme s’il avait les gotages. II faut que je le poutoune ce drolle. Tenez Génie véqui deux sous pour lui cromper un croque-lin.

L’lmperatriça es aurida. L’Emperur ritz a se’n téner las costas.

– Mai diga-donc Louis, quo’s pas tot aquo, quo’s pro parlufejar, I’Emperur m’a escrich de venir lo veire. Se Io conneisses, mena-me près de guel. Tè, agacha sa letra. Qué diable me voI ?

– Mon amic Bernotel, I’Emperur volia te veire per serra la man d’un brave ome. Quo i arriba pas trop sovent. Quo’s ieu que soi l’Emperur.

– Ane, ane, fasque pas lo nèci, bogre de falordas vos està suau.
– Mai te disi que quo’s ieu l’Emperur.

– C’est varté Génie ?
– Oui.

– E ben mon tesson, en parlent per respect, escusa-me, ne’n soi tot embluat. Me racontas pas de porrimelas benleu ? E ben que lo diable me crame, podètz o dire qu’avètz una brava plaça. Coquin de Diu, I’estonament me copa l’alen, bufi coma un cordaire.

Mai parlem que valgue. Soi content de t’aver vist mai me tarda d’esprandir, soi tot escafornit. I a pas moien de far chabrot ?

 

Louis Jean Malvy

Louis Malvy est né à Figeac le 1er décembre 1875, il est décédé à Paris le 9 juin 1949.

Louis-Jean Malvy est issu d’une famille de Souillac, dont on retrouve des traces dans les registres locaux jusqu’en 1466 et de la petite bourgeoisie active d’artisans et de commerçants : aubergistes, vitriers, plâtriers, négociants….

Son père, Martin Malvy, directeur d’une minoterie, a été élu maire (de gauche ; radical-socialiste) de Souillac en 1892 et conseiller général du canton en 1894.

Avocat, Député radical-socialiste de 1906 à 1919, il fut un spécialiste des questions économiques et financières. Très proche de Caillaux, il fut considéré comme le meilleur représentant de la politique financière de ce dernier. Gaston Doumergue lui confia le portefeuille du Commerce et des PTT en 1913, et après l’assassinat de Gaston Calmette et un remaniement ministériel, celui de l’Intérieur en juin 1914 (ministère René Viviani), poste qu’il conserve dans les ministères Briand et Ribot

En août 1917, alors que la propagande défaitiste est à son paroxysme, Louis Malvy est attaqué par la droite (Léon Daudet, directeur du journal royaliste L’Action française) qui lui reproche son manque de fermeté dans la répression des grèves, et son « défaitisme ».

Louis Malvy, photo du journal Le Réveil du Lot du samedi 22 novembre 1924.

Il est même accusé d’avoir renseigné l’ennemi lors de l’attaque du chemin des Dames (1).

Il démissionne le 31 août 1917 et entraîne dans sa chute le ministère Ribot. Traduit à sa demande, devant la Haute Cour de justice, il est accusé de forfaiture et condamné à cinq ans de bannissement (août 1918).

Il revient en France après avoir expurgé sa peine, reçoit l’accueil de la population lotoise et est élu député du Lot (1924 à 1942). Nommé ministre de l’Intérieur dans le cabinet Aristide Briand (1926), il est forcé de démissionner après un mois par les violentes attaques de la droite.

Il fut l’ami de Pierre Verlhac, célèbre poète occitan.

(1) Louis-Jean Malvy, ayant connu l’emprisonnement et l’exil à la suite de l’épuration Clémenceau, a expliqué l’affaire simplement : “Il fallait un responsable à certains échecs militaires, il fallait trouver des causes d’ordre politique aux mouvements qui se produisirent dans l’armée en juin 1917.”

Roger Couderc

Roger Couderc est né le 12 juillet 1918 à Souillac où son père dirigeait l’hôtel Bellevue. Dès l’enfance il commence le rugby au sein de « La Quercynoise », association sportive du Lycée Gambetta à Cahors où il y prépare son bac.

Il participe à de nombreux matchs, notamment contre « La violette » de Toulouse. Etudiant à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts, il se révèle un peintre de talent : l’état lui achètera d’ailleurs une de ses œuvres, possession actuelle du musée d’Anzin (Nord).

L’art étant insuffisant pour satisfaire ses appétits, il se tourne vers le journalisme et entre à l’Agence de Presse Fournier comme stagiaire. En 1939 il est appelé au 12ème régiment d’artillerie coloniale à Agen, en compagne de l’acteur Charles Boyer. Puis il se retrouve prisonnier en Allemagne au stalag XIII A où il est chargé de reconstruire le stadium local.

Blessé au genou à la suite d’un bombardement, il est autorisé à rentrer au pays. Il va se joindre au maquis du Gers.

Il s’initie au métier de journaliste dans différents journaux : d’abord à Libre, organe des Prisonniers de guerre et déportés, dont le directeur était François Mitterrand, puis au Courrier de la Nièvre, à La Dépêche du Midi, au Midi-Olympique, à L’Auto-Journal.

Après un passage à la radio française : RTL et Europe 1, il rentre à la télévision en 1955 et il se spécialise dans le reportage sportif : rugby, catch et sport automobile. À partir de 1968, il forma avec Pierre Albaladejo un tandem de commentateurs (un journaliste et un consultant, une première).

Suite aux événements de mai 1968 en France, il fit partie de la charrette des journalistes sportifs licenciés par l’ORTF, au même titre que Roger Marcillac, Robert Chapatte et Thierry Roland. Il réintégra la structure, ainsi que les deux derniers cités, sur Antenne 2 pour faire partie de l’équipe du magazine hebdomadaire sportif Stade 2 en 1975.

Stèle Roger Courderc à Mauvezin

Via ses commentaires enthousiastes et enflammés, parfois chauvins mais toujours bon enfant, il contribua largement à populariser le rugby en France. Son « Allez les petits » pour encourager le XV de France, son chant de la Marseillaise pendant un essai français contre les All Blacks en 1979, sont restés célèbres.

Ses réparties flamboyantes lors des grands matchs de catch parisiens télévisés durant les années 1960 sont également restées dans toutes les mémoires.

Il fut nommé Chevalier de la Légion d’Honneur en 1982. Il prit sa retraite en 1983, Pierre Salviac lui succédant aux commentaires sur Antenne 2. À sa retraite internationale, le capitaine de l’équipe de France Jean-Pierre Rives lui remit son dernier maillot. Il décède le 26 janvier 1984 à Paris. Il est enterré à Mauvezin dans le Gers ; une stèle à sa mémoire y est installée.

De très nombreux stades ou complexes sportifs portent aujourd’hui son nom en France.

D’après : La Mémoire vive, Sophie Villes, Cahors, 1998 et Wikipédia

Joachim Murat, maréchal d’Empire

Joachim Murat est né à Labastide-Fortunière, (aujourd’hui Coeur de Causse et anciennement Labastide-Murat), Lot, le 25 mars 1767, fusillé à Pizzo (Calabre) le 13 octobre 1815. Il fût Maréchal de France, Prince, grand amiral de France, grand duc de Clèves et de Berg, roi de Naples.

Fils d’aubergiste, il entre au Collège royal de Cahors avec Bessières et Ambert, puis au séminaire des Lazaristes à Toulouse. Pas très passionné par l’étude de la théologie, il s’enfuit et s’engage dans l’armée en 1787.

Il devient officier en 1792 et fait partie de la garde constitutionnelle de Louis XVI. Il seconde Bonaparte lors du 13 Vendémiaire et devient son aide de camp lors de la campagne d’Italie (1796).

Nommé général pendant la campagne d’Egypte, il participe activement au 18 Brumaire et devient commandant de la garde consulaire.

En 1800, il épouse Caroline Bonaparte. Napoléon le comble d’honneurs : il est maréchal en 1804 puis prince d’Empire en 1805. Il participe aux campagnes de l’Empire en faisant preuve d’un remarquable courage physique.

Il accepte le royaume de Naples en juillet 1808 et règne – avec faste – sous le nom de Joachim Napoléon en poursuivant les réformes inspirées du Consulat entamées par son prédécesseur, Joseph Bonaparte. Rappelé par Napoléon, il participe à la campagne de Russie.

Tableau de A. Gros (Musée du Louvre)

En 1812, l’empereur, rentrant à Paris, lui laisse le commandement. Mais, après une violente dispute avec Davout, il abandonne son poste en janvier 1813 et rentre dans son royaume où il intrigue avec l’Autriche. Cela ne l’empêche pas de participer avec Napoléon à la campagne d’Allemagne de 1813.

Finalement, le Congrès de Vienne rend Naples à l’Autriche et Murat échoue à soulever les nationalistes italiens. Au moment des Cent-jours, il les incite à lutter pour leur indépendance et déclare la guerre à l’Autriche (30 mars 1815). Après Waterloo, il se réfugie en Corse et tente un débarquement en Calabre. Il y est capturé, condamné et fusillé sur ordre de Ferdinand IV, le 13 octobre 1815.

Le château de Labastide-Murat a été édifié par Joachim Murat (1767-1815). André Murat son frère fut chargé de la bonne exécution du château destiné à la famille. André Murat, frère de Joachim, fut maire de Labastide-Fortunière de 1800 à 1816 et de 1819 à 1841.

Le fils d’André, Pierre Gaétan, puis son petit-fils, Joachim, seront élus tour à tour député du Lot.

Du plus pur style Empire, le château s’élève au sud du village au centre d’un parc magnifique. Le premier plan a été dressé par Lecomte, architecte de Joachim Murat alors grand duc de Berg. Ce plan établi sur le modèle du palais de l’Élysée, résidence de Murat, gouverneur de Paris, fut modifié par la suite. Les travaux commençaient le 30 août 1807 se poursuivirent jusqu’à décembre 1814. Des aménagements se prolongèrent jusqu’en juin 1817.

Musée Murat
Place Tolentino
Labastide Murat
46240  CŒUR DE CAUSSE

Contact : Gérard Fénelon 05 65 24 97 82 / 06 71 69 50 89

Olympe de Gouges

Lorsque Robespierre et ses amis en novembre 1793 se félicitent d’avoir guillotiné une femme pour ses idées démocratiques (aucune attaque contre les personnes ni contre les biens, aucun acte de trahison ne pouvaient lui être reprochés), ils ne devinaient pas qu’ils seraient eux-mêmes bientôt raccourcis et jetés aux poubelles de l’Histoire. Que c’est leur victime, la plus belle des Quercynoises, qui serait reconnue comme la fondatrice des mouvements pour l’émancipation des femmes.

Olympe n’est pas entrée au Panthéon, mais l’auteur de l’article a déjà suggéré que son nom soit donné à l’université de Cahors, si celle-ci est un jour rétablie. L’occasion de rendre hommage à une femme exécutée le 3 novembre 1793 pour avoir, entre autres, demandé le droit de vote pour ses sœurs, lesquelles devront attendre 1945 (en France) pour ce faire.

Olympe est née en 1745 de la passion de Jean-Jacques Lefranc de Caïx pour son premier amour de jeunesse à Montauban, Anne-Olympe Mouisset, épouse Gouze. Jamais reconnue par son père naturel, Marie Gouze, veuve très jeune d’un monsieur Aubry, choisira d’être appelée Olympe de Gouges. Elle sera décapitée en 1793 par Robespierre parce qu’elle a exigé l’égalité des sexes et la démocratie. C’est le moment où son fils Pierre, qu’elle adorait, va la renier.

Depuis la division du Quercy par Napoléon en deux départements, Lot et Tarn-et-Garonne, c’est Montauban, sa ville natale, grâce au regretté Félix Castan, qui a le mieux conservé son souvenir en attribuant son nom à un lycée. Mais Olympe appartient au Quercy dans son ensemble et mérite assurément que les élus réclament qu’elle figure à l’avenir non seulement sur des timbres de la Poste, ou les euro-billets.

Jusqu’aux travaux d’une parfaite érudition d’Olivier Blanc, colorés de sympathie communicative pour le sujet de son étude, Olympe était souvent décrite, avec condescendance, comme une exaltée politique, un auteur sans grand intérêt, une illettrée suspecte de galanterie, mais dont il convenait – malgré tout – de reconnaître un coup de génie : avoir détourné la “Déclaration des Droits de l’Homme” en la faisant suivre d’une “Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne” qui a fait le tour du monde et a été au centre des célébrations du bicentenaire de la Révolution française.

Un génie en avance sur son temps

En fait, comme Louise Labbé deux siècles auparavant, Olympe est tout simplement un génie en avance sur son temps, en avance sur ses premiers commentateurs, y compris Michelet et pas seulement pour sa Déclaration. C’est une héroïne qui s’impose pour un roman, un film, une bande dessinée, un opéra, c’est un grand personnage de l’Histoire de l’humanité dans laquelle une province et un pays peuvent se reconnaître, et qui n’appartient pas seulement aux militantes féministes qui lui ont déjà rendu divers hommages mérités. On rêve de retrouver le manuscrit du roman qu’Alexandre Dumas n’a pas écrit sur Olympe de Gouges après son Olympe de Clèves.

C’est le mélange intime, sans contradictions, de sa manière de vivre son théâtre et ses convictions, de s’exprimer et de se battre, qui a été reproché à Olympe de Gouges, mais qui, aujourd’hui, impressionne le plus : il est vraisemblable qu’elle ne savait pas très bien écrire, mais elle dictait admirablement, comprenant aussi qu’il suffisait de changer quelques mots et d’ajouter un ou deux paragraphes pour que certains textes admis et admirés explosent en plein vol comme des feux d’artifice.

Amour de la liberté et liberté de l’amour

Le père d’Olympe, J.-J. Lefranc, Marquis de Pompignan, de l’Académie Française (1709-1784)

Veuve très jeune, décrite par tous comme une femme d’une beauté exceptionnelle, Olympe décide de quitter le Quercy avec son fils Pierre. Ce serait à ce moment-là, selon certains de ses admirateurs, qu’Olympe aurait fait escale à Parnac, au bord du Lot, exactement en face du château de son père à Caïx, où elle ne semble avoir jamais été admise. C’est ainsi qu’Olympe est devenue l’ombre qui hante les vieilles pierres de Régagnac.

De là, elle s’installe à Paris où elle apprendra à parler français, vivant en femme libre et libertine, c’est-à-dire en choisissant ses amants avec discernement, sans se remarier, en dépensant les ressources offertes par son principal amoureux, à publier des affiches politiques, des manifestes et des pièces de théâtre qui témoignent d’une prodigieuse anticipation démocratique : égalité des sexes, y compris dans les engagements conjugaux et les séparations, reconnaissance et égalité pour les enfants adultérins, jury populaire pour les crimes et délits, solidarité avec les plus démunis, impôts sur le revenu, libération des esclaves dans les colonies françaises, abolition de la peine de mort, etc.

Et il ne s’agit pas d’une mondaine à la Simone de Beauvoir qui aurait eu le petit talent de repérer les thèmes porteurs de l’époque pour les avilir dans la complaisante adoration des dictatures. Olympe ne récupère pas, elle ne se compromet pas, elle précède – avec un courage incontestable pour déglinguer toutes les dictatures.

Contre les sanguinocrates

Elle insulte les Comédiens-français qui refusent de se teinter le visage avec du jus de réglisse pour jouer le rôle des nègres dans sa pièce sur l’esclavage. Elle descend dans la rue pour faire face aux abrutis venus la conspuer sous ses fenêtres.

Républicaine, elle se propose comme avocat de Louis XVI parce qu’elle craint que celui du monarque, Malesherbes âgé, ne fatigue en expliquant, pertinemment, que la logique impose de garder le roi vivant, une fois la royauté déchue, car Capet guillotiné aurait fatalement un successeur dynastique et une régence dans l’émigration. On croirait entendre Cromwell expliquant à Mordaunt, dans Vingt ans après, pourquoi il eut été préférable qu’il laissa le roi Charles échapper à la hache du bourreau.

Le courage d’Olympe va s’illustrer de manière encore plus confondante et émouvante lorsque, de sa prison, à la veille d’une exécution à laquelle elle aurait pu échapper en tentant une évasion, son “Adresse au Tribunal révolutionnaire” s’en prend à Robespierre avec une éloquence et une violence rarement entendues contre les Montagnards pendant la Révolution française.

Mad Maximilien, le mollah de la religion de l’Être suprême, le plus célèbre des sanguinocrates, le pervers dissimulé dans la défense des cordonniers d’Arras, l’ancêtre de Staline et de ses purges, de Mao Tse-Tung et de ses massacres, l’inspirateur de si nombreux dictateurs, ne peut supporter des vérités assenées avec tant de fougue : Olympe est guillotinée le 13 brumaire de l’An 2 (le 3 novembre 1793) le jour de la première, à l’Académie de musique (le futur Opéra), de Miltiade à Marathon (musique de Le Moyne sur des paroles de Guillard), quelques jours après la première parisienne sur cette même scène des Noces de Figaro de Mozart.

Le bicentenaire de la Révolution française ne pouvait guère glorifier la guillotine qui décapita en France près de 20 000 personnes en quelques mois, celle-là même qui trancha le cou de Mme Roland et d’Olympe de Gouges. Avec ses bois peints en rouge, elle ne semble pas avoir été époussetée pour l’occasion, ni dressée pour la commémoration.

Le château de Parnac, où Olympe trouva, dit-on abri lorsque la porte de celui de Caïx, restait fermée

Elle est restée piteusement rangée dans les réserves de la Conciergerie et inscrite sur l’inventaire du ministère de la Justice.

Mais elle en sortira sans doute pour les films en préparation sur Olympe, de Montauban à Parnac, puis du Quercy à l’échafaud de la Place de la Révolution (désormais Place de la Concorde), pour exalter le souvenir de la belle Quercynoise et lui faire retrouver la position qui lui revient.

René Viénet : rene.vienet@free.fr

L’article de René Viénet a été publié en français le 3 novembre 2001 à Cahors .

Rarement l’histoire nous propose des figures aussi intellectuellement stimulantes que celle d’Olympe de Gouges. Pourtant, deux siècles ont été nécessaires pour que l’on distingue enfin cette femme extraordinaire, qui, en son temps, avait fait siennes les valeurs qui fondent notre pacte républicain.

De 1789 à 1793, année de sa fin tragique, elle a régulièrement adressé de nombreuses lettres et autant d’imprimés (pièces de théâtre, affiches et brochures) aux assemblées élues. La plupart de ces documents forment la chronique ininterrompue d’une prise de parole audacieuse et si révolutionnaire, celle d’une femme libre à une époque où les femmes n’étaient ni électrices ni éligibles.

Les combats humanistes d’Olympe de Gouges, incomprise ou longtemps marginalisée pour de mauvaises raisons liées à son sexe ou à ses opinions politiques girondines, nous touchent aujourd’hui. Elle passe à juste titre pour l’ancêtre du féminisme moderne. Sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791), texte fondateur, constitue aujourd’hui un repère pour tous ceux qui, dans le monde, luttent contre les maltraitances et les discriminations visant les femmes.

Plus que tout autre, Olympe de Gouges a fait la promotion continue des droits civils et politiques au féminin, que ce soit dans ses brochures politiques ou dans son théâtre engagé. Dans une de ses pièces, elle stigmatise la prise de voile forcée des jeunes filles sans dot, usage fréquent dans la France d’Ancien régime ; dans une autre, elle revendique une loi sur le divorce si nécessaire, selon elle, pour permettre aux femmes maltraitées d’échapper à leur bourreau domestique ; dans son roman Le prince philosophe, elle insiste sur l’importance de l’éducation des femmes.

Olympe de Gouges ne s’est pas contentée de restreindre sa parole à la sphère privée, aux salons philosophiques ou libéraux qu’elle fréquentait, que ce soit chez Mmes Helvétius ou Condorcet, mais elle s’est s’est directement impliquée dans le grand débat public de 1789.

Dans la Lettre au Peuple ou dans ses Remarques patriotiques, elle inaugura cette « carrière épineuse où, disait-elle, tant d’hommes ont trébuché ». Par des apparitions remarquées dans les assemblées élues, dans les sections et les clubs, elle s’exprimait avec chaleur, initiant une garde nationale de femmes (juin 1791) ou soutenant des manifestations publiques ou défilés de femmes, autant de projets qu’elle cherchait à faire valider par l’Assemblée nationale.

Elle entendait ainsi donner visibilité, consistance et respectabilité à l’engagement politique au féminin. Sentant monter les périls, Olympe de Gouges a diffusé des écrits courageux dans le souci de favoriser l’union et la réconciliation nationale à l’heure de « la patrie en danger ». Et elle s’est élevée contre les factions « désorganisatrices » et la violence.

Après le 10 août 1792, qui marque la fin de la monarchie, elle a dénoncé les massacres de septembre par cette phrase sublime : « le sang même des coupables, versé avec cruauté et profusion souille éternellement la révolution et d’un système de gouvernement on passe dans un autre ».

Elle s’éleva contre les dangers de la dictature montagnarde ciblant Robespierre et Marat qu’elle soupçonnait de prétendre au « dictatoriat ».

Dans une lettre du 9 juin 1793 à la Convention, elle dénonça le coup d’état contre‑révolutionnaire dirigé contre les députés girondins – plus de 150 députés furent en effet arrêtés le jour même ou les semaines suivantes -, et elle mit en cause la légitimité du gouvernement et de l’Assemblée soi-disant épurée mais désormais sous influence.

Dans une affiche en date du 20 juillet 1793 elle proposait de s’en remettre au peuple réuni en assemblées primaires pour se prononcer sur la forme du gouvernement souhaité par les Français. Cet acte de résistance contre l’oppression lui valut d’être arrêtée par les amis de Robespierre dont plusieurs étaient membres du jury qui la condamna à mort le 2 novembre 1793.

Olympe de Gouges fut avant tout une humaniste, une philanthrope et, à sa manière si originale et sincère, une philosophe des Lumières. Elle a été l’avocate de toutes les grandes causes de son temps, que ce soit celle des exclus de la société civile et politique ou celle des esclaves noirs des colonies françaises, ainsi qu’elle le rappelle dans sa dernière affiche en forme de testament (Une patriote persécutée, 1793).

Elle y faisait notamment un rapprochement entre l’arbitraire de sa situation, au pied de l’échafaud, et l’emprisonnement par lettre de cachet qui l’avait menacée lorsqu’elle avait inauguré, en 1785, le premier débat national sur la suppression de l’esclavage dans les colonies. Olympe de Gouges a toute sa place dans la mémoire collective.

Olivier BLANC
Historien

 

Le 19 octobre 2016, un buste d’Olympe de Gouges a été installé dans la salle des Quatre-Colonnes du palais Bourbon, siège de l’Assemblée nationale. C’est la première représentation d’une femme politique parmi les œuvres d’art présentées dans l’édifice.

Léon Bouzerand ; le Doisneau de Cahors

Léon Bouzerand est né en 1907 à Cahors où puisaient ses racines familiales très anciennes et où il est mort le 18 novembre 1972. Après ses études au Lycée Gambetta à Cahors puis au Lycée Pierre de Fermat à Toulouse, jusqu’au baccalauréat de philosophie, Léon Bouzerand est allé étudier la photographie à Paris.

Il a été élève de la promotion de 1932 de l’Ecole nationale de photographie de la rue de Vaugirard, (devenue aujourd’hui École nationale supérieure Louis Lumière, ENSLL.) Il a ouvert ensuite, le 13 février 1934, rue Foch, à Cahors, un studio, un atelier et un magasin de photographie. Tout au long de sa vie, Léon Bouzerand a été un fervent sportif, mais aussi un homme de culture, latiniste, germaniste, brillant joueur d’échecs.

100 000 images : Toujours armé de ses appareils, Leica, Rollei, …, il a notamment réalisé au long de sa carrière, plus de 100 000 images illustrant la vie quotidienne dans le Lot et la France des années 1930 aux années 1970. Il a également collaboré au quotidien Sud-Ouest.

Certaines de ses photographies empreintes de tendresse, d’humour ou reflets d’un art de vivre aujourd’hui disparu, ont été reprises dans des livres publiés.

Le premier de ces ouvrages, paru en 1991, Vitesse limitée, est consacré à l’automobile sous toutes ses facettes dans le Cahors des années 50 aux années 70;

le deuxième, publié en 1992, Couleur rugby, concerne le rugby sur les stades et ses supporters dans les mêmes années.

Un troisième volume, est paru en mai 2010, Cahors en devantures, et retrace la vie de la cité à travers les activités commerciales et les espaces de commerce. Ces trois livres ont été édités par l’ « Association Vitesse limitée » présidée par Jean-Louis Marre, avec le soutien de Jean-Louis Nespoulous, photographe et successeur de Léon Bouzerand qui a eu à cœur de faire renaître une œuvre photographique riche et savoureuse et celui du journaliste Christian Cazard.

D’autres ouvrages sur son œuvre sont envisagés ainsi qu’une présentation de ses photographies au Musée Henri Martin à Cahors.

   

De Jean-Louis Nespoulous (extrait du volume Vitesse limitée, Cahors, 1950-1965 )  : 

« En rangs serrés dans leurs boîtes jaunes, dormaient 100 000 portes ouvertes sur Cahors. Cahors qui va au bal, au marché, aux boules, la Dauphine devant le Tivoli et le Grand Charles sur le parvis de la Mairie. La braderie ronronne au centre, Édith Piaf fait chavirer la succursale Citroën. Et toujours l’ombre de Toto sur la ville.

Communion le matin. Vêpres en ovalie. Fêtards du soir. Vitrines de nuit. Ces vedettes qui passent. Des boules de neige jusqu’au bac, ce quotidien cyclique, que l’on pensait immuable et qui glisse imperceptiblement vers le journal télévisé.

Et toujours ces images carrées, au Rollei ou au Sem. Pudeur du cadrage. Chaleur de la lumière. Générosité de la visée. Regard et clin d’œil. Qui donc a dit qu’elles étaient fixées à jamais ces humbles pellicules de vie ? Regardez bien. Cherchez le détail. Elles frémissent encore. 1950/1970 – 20 ans- 100 000 clichés d’une exceptionnelle qualité et diversité, à travers lesquels on lit le professionnalisme d’un œil et la grandeur d’un cœur, ceux de « Toto » Bouzerand. »

De Jacques Bouzerand (extrait du volume Vitesse limitée, Cahors, 1950-1965 ) :

« Léon, que tout le monde appelle Toto, a 7 ans lorsque son père meurt. Il fréquente le Lycée Gambetta où, excellent en allemand et en latin, il passe son premier bachot.

Grand, costaud, chevelure brune, d’épaisses lunettes, élégant, l’air sérieux, c’est un sportif. Il pratique avec bonheur l’athlétisme, la course, le javelot, le saut en hauteur, à « l’Aviron cadurcien », et le tennis au terrain de jeu du Parc Tassart.

Mais il a horreur de l’eau et l’on ne le verra jamais nager à « Marianne », dans le Lot, derrière le stade, lieu de baignade traditionnel des jeunes cadurciens de l’époque.

C’est à Toulouse au Lycée Fermat, qu’il passe son bac philo, une matière qui le passionnera toujours. En 1928 un terrible accident sur la moto qu’il pilotait près de Mercuès le cloue au lit pour plusieurs mois. Rétabli, il « monte » à Paris en 1930, et entre à l’école de photographie… »

Extrait de : http://fr.wikipedia.org/wiki/Léon_Bouzerand et textes de Jacques Bouzerand

Photos : http://www.luminous-lint.com/app/photographer/Leon__Bouzerand/C/ 

Taxi Erasme à Cahors ; en attendant le client… – 1950

Le Doisneau de Cahors par Michel Desmoulin, Extrait de :
http://desmoulin.net/index.php?2005/11/26/16-le-doisneau-de-cahors

Comme Doisneau – ils avaient le même âge – Léon Bouzerand a photographié la rue, avec talent, humour et un goût prononcé pour l’anecdote.

A Cahors, où il a passé toute sa vie en dehors de son séjour à la célèbre école de photographie de la rue de Vaugirard, qui a formé tant de grands photographes, tout le monde l’appelle Toto.

Muni de son Rolleiflex, il a, pendant près de quarante ans, saisi des scènes de la vie quotidienne dans cette merveilleuse petite préfecture du Quercy.

Ces clichés, si on laisse aller son imagination, restituent, avec beaucoup de poésie et de tendresse, l’histoire de cette ville attachante.

Les boutiques ont changé, les immeubles, les métiers aussi ; son œuvre, des milliers de photos, constitue la mémoire de cette ville au siècle dernier.

Les « anciens » ne se lassent pas de regarder ces photos avec nostalgie. Les touristes et les habitants de fraîche date découvrent avec intérêt – parfois même avec passion – ce petit coin de la douce France au temps de la quatrième République…

Léon Bouzerand, moins connu que Doisneau, – Cahors n’est pas Paris – a laissé, après son décès, le 18 novembre 1972, une œuvre qui mériterait d’être mieux connue et surtout reconnue.

Léon Bouzerand Autoportrait

Au stade. Match de rugby contre Lourdes !

Concentration lors d’une partie de cartes – 1950

Cahors, la place du marché

Suzanne Bouzerand devant le magasin de la rue Foch – 1960

Traditions

► France 3 Occitanie : Viure al País (dimanche 24 février 2019)
► BIAIS N°47 : LO FEC : https://youtu.be/JaVpaRK55ag
► https://france3-regions.blog.francetvinfo.fr/le-blog-de-viure-al-pais-france3/2019/02/26/biais-lo-fec.html
► Sous-titres: Syndicat d’Initiative Quercy Pays de Serres

Oh My Lot Sincérité Authenticité

OH MY LOT !

C’est la marque de territoire du Lot. C’est l’expression de la fierté et du lien affectif que les habitants entretiennent avec leur territoire. C’est le moyen d’actualiser la perception du Lot, de proclamer que l’on y vit bien.

C’est l’affirmation d’une identité et d’une personnalité propre. C’est le vecteur de valeurs collectives : le partage, la convivialité, l’hédonisme, l’équilibre, la simplicité et la sérénité.

C’est une bannière pour tous les partenaires qui s’inscrivent dans la démarche d’attractivité du Lot : le Département, la préfecture, les communautés de communes, la chambre de commerce et d’industrie, la chambre d’agriculture, la chambre de métiers et de l’artisanat, Lot tourisme, des entreprises, des associations, les habitants et tous ceux qui aiment le Lot.

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