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Père Marie-Etienne Vayssière : Un Dominicain lotois en voie de béatification

Crédit photo : Province dominicaine de Toulouse

Lors de la rencontre à Lourdes de mars 2021, la Conférence des Évêques de France a proposé de lancer le procès en béatification du Père Marie-Étienne Vayssière. Né à Saint-Céré en 1864, il passera plus de trente ans au sanctuaire de la Sainte Baume (83) avant d’être élu prieur des dominicains de la province de Toulouse.

La Sainte Baume  : un site enchanteur, au cœur de la Provence, avec son imposante barrière calcaire et son épaisse forêt. L’âme de ces lieux, c’est la grotte sacrée située au creux du rocher où, depuis des siècles, est vénérée Marie-Madeleine. La femme blessée et transfigurée de l’Évangile aurait habité dans cette grotte les dernières années de sa vie. Sur ses pas, le sanctuaire de la Sainte Baume, devient un haut-lieu de pèlerinage du Var.

Un jour d’avril 1900, arrive sur ce Rocamadour de Provence, un jeune dominicain de 36 ans, le Père Marie-Étienne Vayssière. Un Lotois. Il vient d’y être nommé « gardien de la grotte », le seul poste compatible, pense-t-on, avec sa santé définitivement compromise à la suite d’une grave anémie cérébrale. Il ne devait y rester que quelques mois… Il y demeurera 32 ans.

Un enfant du Lot

Toussaint Vayssière (son nom d’état civil) naît à Saint-Céré le 29 octobre 1864 dans un milieu modeste. Orphelin de père et de mère, dès ses cinq ans, il est choisi enfant de chœur. Alors qu’il sert un enterrement dans l’église Sainte Spérie du village, il semble entendre une voix « Tu seras prêtre ». Sa vocation de prêtre qui éclôt dans sa prime jeunesse, ne le quittera plus. Sa première communion le 26 mars 1876, à l’âge de 12 ans, reste un repère important de sa vie. Il la commémorera chaque année.

Entré au grand séminaire de Cahors en vue d’être ordonné prêtre diocésain, il ressent finalement, à la lecture d’une biographie du père Lacordaire, un appel à la vie religieuse dominicaine, ayant en lui l’idée profondément ancrée qu’il serait un prédicateur. Ses capacités le promettaient en effet, à un vrai talent d’orateur et d’enseignant. À 22 ans, il entre dans l’Ordre des prêcheurs de Toulouse et reçoit le nom de frère MarieEtienne.

Une vie d’ermite

Ses rêves d’études et de prédication se brisent moins de deux ans après, sous les coups d’une extrême fatigue et de maux de tête qui l’empêchent de lire et de se concentrer. Sa vie vacille, sa vocation chancelle, son avenir s’obscurcit. C’est dans cet état de douloureuse impuissance qu’il est ordonné prêtre « que pour dire la messe ». « La messe, c’est à ce moment-là qu’on lisait sur son visage le plus de douceur, de paix et de sérénité » témoignera son prieur provincial. Ne pouvant se concentrer plus de vingt minutes, il est surnommé « le bon à rien » : « Je ne pouvais rien faire, ni lire, ni confesser, ni rien » constate le dominicain dès sa première affectation au couvent de Biarritz. Le frère Étienne reconnaît « avoir connu l’anéantissement ». « Mais cette déchirure dans sa vie religieuse va déterminer tout son chemin spirituel » indique le frère Olivier Guillou, vice-postulateur de la cause en béatification du dominicain.

« Consentant à n’être rien », il vivote dans les couvents jusqu’à son arrivée à la Sainte Baume où il connaît une conversion à la vie de solitude et de prière : il accueille ceux qui viennent dans cette « grotte de pénitence ». Là, sur la montagne de la Sainte Baume, il fait, près de Marie-Madeleine, une expérience de confiante acceptation de la volonté de Dieu. Beaucoup de laïcs et de religieux trouvent auprès de lui des conseils de sagesse d’un père viscéralement attaché au Christ, à la Vierge Marie, à sainte Marie Madeleine et à saint Dominique. Grâce à la grande liberté spirituelle qu’il laisse, il en aide beaucoup à s’engager pour Dieu, soit dans la vie religieuse, soit dans le monde, soit en couple. Se révélant un authentique maître spirituel, son enseignement d’une grande simplicité, est parfaitement adapté à tout chrétien : « A La Sainte Baume, on arrive touriste et on repart pèlerin » aime-t-il à relever, en fin de visite.

Un prêcheur inspirant et inspiré

Au fil des ans, les pèlerins se pressent en nombre à la grotte. Sa réputation de sainteté le précède. Sa santé toujours précaire ne lui permet pas de prêcher des retraites à un grand nombre de fidèles. Qu’à cela ne tienne, il accompagne de façon individuelle chaque retraitant. De livre, il n’écrit point. Ses nombreuses lettres et ses témoignages de vie représentent son unique testament. Face au succès de sa mission, il est élu en 1932, prieur de la province de Toulouse. Avec pour but de rétablir une certaine unité dans son secteur, les frères ayant des divergences que seul, un spirituel comme lui, pouvait aider à dépasser. Cette charge, il l’assumera jusqu’à sa mort survenue au terme de son second mandat, le 14 septembre 1940. Il repose désormais, au cimetière du sanctuaire de La Sainte Baume.

La puissance de la faiblesse

Depuis de nombreuses années, les frères de saint Dominique le considèrent comme saint. Ils travaillent à faire connaître cette figure peu connue du grand public. « C’est le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, qui a poussé le dossier, stimulant les dominicains très attachés à la figure du Père Vayssiére » nous précise Mgr Laurent Camiade qui poursuit : « le paradoxe avec ce prêtre, c’est qu’une grande partie de son apostolat part d’une expérience d’échec, d’impuissance à agir. La grande leçon qu’il a apprise par cette épreuve, c’est qu’il faut s’anéantir pour que Dieu règne. C’est à la Sainte Baume que va s’approfondir ce charisme de l’abandon de Dieu. Que d’autres talents vont émerger et porter du fruit dans son ministère. Comme la disponibilité dans l’accueil du tout-venant, l’accompagnement spirituel, mais aussi la restauration inlassable des bâtiments et les projets d’agrandissement des locaux d’accueil sur ce lieu de pèlerinage. » « Ces quelques remarques montrent la fécondité du ministère de ce grand spirituel en même temps que son enracinement dans l’expérience de sa faiblesse, ajoute l’évêque de Cahors. Le cœur de son expérience qui est aussi son message, est que c’est en partant de son néant que l’on peut laisser l’Esprit Saint jaillir en soi et faire son œuvre à Lui ».

ANDRÉ DÉCUP

Publié avec l’autorisation de l’auteur de l’article et de l’hebdomadaire La Vie Quercynoise

Un ouvrage consacré à ce dominicain a été publié par les éditions de la Béatitude

Image d’illustration : Façade du couvent de la Sainte-Baume à l’entrée de la grotte. (crédit photo Wikipédia)

Jean-Eugène Pujol, 1899-1986, peintre à Pradines

Présent de longue date dans les pages de la première version de notre site internet, nous profitons de la publication de l’ouvrage consacré à l’histoire de Saint-Cirq-Lapopie dont la couverture est illustrée par une oeuvre de Jean-Eugène Pujol pour redonner à cet artiste sa place dans notre nouvelle galerie des “quercynois célèbres”.

SOMMAIRE :
Biographie
L’artiste par Dominique, l’un de ses fils
Professeur de dessin
Quelques oeuvres
Expositions et musées

Biographie : Jean-Eugène Pujol est né le 4 mai 1899 à Carbonne, dans le Volvestre, d’une famille de propriétaire terrien, dont le père Fernand Pujol possède un talent de dessinateur. Très tôt, Eugène Pujol manifeste son désir d’être peintre. Sa première toile en 1911 représente la campagne toulousaine. Il rentre à l’école des Beaux-Arts en 1917.
Appelé sous les drapeaux en septembre 1918, il reste mobilisé trois ans à Toulouse et peut suivre presque normalement les cours de l’école.
Démobilisé en juin 1921, il part à l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, dans l’atelier de Fernand Sabatté et de Louis Roger, respectivement élèves de Gustave Moreau et de Jean-Paul Laurens, puis il s’inscrit à l’École du Louvre. A Paris, il découvre Gervais et Hélène Rivière.
En 1924, il obtient la médaille du portrait au Salon des artistes français et de 1925 à 1947, il est membre des Artistes méridionaux. Une fois diplômé, il part comme professeur de dessin à Fougères où il restera jusqu’en 1927, alors nommé à Cahors. Il s’y marie en 1929 avec une cadurcienne et revient très souvent dans le Lot, séduit par les paysages et la lumière.
En 1930, il repart à Paris comme professeur au lycée Rollin à Montmartre et habite rue Paul Féval, il rencontre un de ces compatriotes carbonnais, le sculpteur Abbal qui l’initie à la sculpture. Il s’y consacrera pendant plusieurs années, sans abandonner la peinture.
Nommé à Toulouse en 1940, il se fixe définitivement à Cahors où, à partir de 1941, il enseigne le dessin au lycée Gambetta et à l’École normale de jeunes filles. Il se partage entre les ateliers de sa maison du Cours Vaxis face au Lot et de Labéraudie, sur les coteaux.
Après la guerre, il entreprend très régulièrement des voyages en France et à l’étranger ; en 1946/1947 il se rend en Alsace où son beau-frère est en poste, en Espagne, l’été, avec ses jeunes enfants et en Corse, en solitaire. Il part en Algérie en 1947 et à Rome en 1949/1950 avec sa fille aînée, Marie-Thérèse, d’où il revient très marqué par les «Chambres» de Raphaël.
De 1972 à 1981, il voyage très régulièrement à Venise qu’il avait jusqu’à cette époque dédaignée, par crainte d’affronter une ville trop médiatisée. C’est une grande période de créativité chez cet artiste qui peint plusieurs centaines de toiles de la Sérénissime.
En 1979, il va à Londres avec ses enfants.
Le peintre s’éteint en 1986.

L’artiste par Dominique, l’un de ses fils :
Écrire un texte à propos de mon père, c’est bien difficile. Tant de souvenirs viennent à mon esprit des temps heureux où nous vivions tous ensemble.
Vous comprendrez que je ne parle pas de son oeuvre, car il y a pas plus mauvais expert que celui qui fait entrer ses sentiments personnels dans son jugement. Entre le fils d’un artiste, vivre sa jeunesse auprès de lui, partager les moments de création, les joies de partir avec lui dans la nature et peindre ou dessiner, laisse forcément quelque chose, une empreinte pour sa vie durant.
Les questions que je me posais lors de mon adolescence, sur ma vie, mon avenir, je les ai partagées avec lui et mon penchant pour la peinture ou le dessin n’est pas un hasard. Le climat familial, mon père que j’ai vu si souvent travailler, si heureux à Labéraudie, où nous passions tous les étés, en sont pour l’essentiel à l’origine.
A Labéraudie il peignait, faisait de la menuiserie et se passionnait pour l’architecture. Cette maison, il l’a pensée comme un artiste de la Renaissance. L’atelier qui ouvre sur le jardin par une large verrière, est au coeur de la maison, donnant une âme à cette vieille bâtisse. C’était là que tout se passait et se passe encore.
Lorsque j’ai voulu peindre à l’huile pour la première fois vers 9 ou 10 ans, il m’a installé une toile neuve sur un chevalet et m’a dit : « Vas-y ! ». J’ai fait son portrait… une tête triangulaire, un oeil de cyclope, c’était horrible, mais il m’a dit avec un sourire « C’est un vrai Picasso».
Il m’encourageait en bon professeur de dessin qu’il était et lorsqu’un jour je lui ai dit : « Je pourrais peut-être faire le professorat de dessin comme toi ? », il répondit « Il vaut mieux que tu sois architecte
– Mais cela n’a rien à voir avec la peinture !
– Tu crois que construire la maison des hommes, ce n’est pas beau ! »

J’ai beaucoup réfléchi et à 17 ans, je savais que je serai architecte.
Je ne suis pas le seul enfant de la famille, nous sommes quatre, trois filles et moi le dernier. La maison était toujours très animée, et souvent remplie de cris d’enfants, surtout quand nous jouions à Minuit sonnant, à nous faire peur dans la maison, toutes lumières éteintes. Quand cela dépassait certaines limites, mon père ouvrait le porte de son atelier et de sa voix courroucée, forte et grave, nous criait « Vous voulez que je vous aide » et cela nous arrachait des cris supplémentaires.
Il avait du caractère, mon père, et cela lui permettait de préserver son espace vital car ma mère si douce nous aimait tant que ses interventions manquaient de vigueur.
Mon père a peint pendant près de soixante-dix ans, et je n’ai partagé qu’une petite partie de sa vie d’artiste, mais quelles années si riches, si belles !
Notre souvenir est intact et il m’arrive, en franchissant le seuil de Labéraudie, d’être heureux de le retrouver devant son chevalet, mais seules ses toiles sont là, témoignant qu’un artiste ne meurt jamais.
Dominique

Professeur de dessin : Professeur de peinture et de dessin au Lycée Gambetta.
Né à Carbonne (Haute-Garonne) le 14 mai 1899, Eugène Pujol entre à l’école des Beaux-Arts de Toulouse en 1917, puis suit les cours de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et de l’École du Louvre. Il est fortement influencé par les peintres paysagistes tels Corot, Courbet et Cézanne. Au Salon des artistes français de 1924, il obtient la médaille du portrait.
En 1929, il se marie avec une cadurcienne ; les paysages et la lumière du Lot vont l’amener à choisir un poste à Cahors où il se fixera, après avoir enseigné à Paris, Fougères et Toulouse. Il enseigne les Arts Appliqués au Lycée Gambetta, de 1941 à 1962 et à l’École Normale de jeunes filles. Durant toutes ces années, il a patiemment formé le regard, guidé le geste de nombreux élèves qui ont pourtant toujours ignoré, tant la simplicité et la discrétion de leur maître étaient grandes, que ce dernier s’adonnait quotidiennement à son activité de peintre dans l’atelier qu’il avait aménagé à Labéraudie, où il créait, remaniait sans cesse ses oeuvres jusqu’à leur totale plénitude.

L’artiste s’est plu à reproduire avec bonheur de paisibles scènes familiales, s’attachant à mettre en valeur le moindre détail. On lui doit également de merveilleux portraits qui mettent en scène des personnages connus ou inconnus.

Mais Eugène Pujol n’est pas seulement un peintre de l’humain. Son réalisme pictural transparaît avec bonheur sur quelques cinq cent toiles reproduisant la campagne quercynoise. L’Italie, et plus précisément Venise, l’ont fortement impressionné, lui inspirant des oeuvres particulières, où l’on ressent la fascination qu’a pu exercer l’ex-Sérénissime République sur l’artiste.

Quoique son caractère modeste ne lui ait pas fait rechercher la gloire, ses expositions furent toujours accueillies avec intérêt par les Toulousains. Ce n’est qu’à partir de 1992 que l’on a pu contempler quelques-unes de ses toiles à Cahors, dans la salle dite du ” Grenier du Chapitre “, rue Saint-James. Puis trois expositions eurent lieu, simultanément, afin de lui rendre hommage, du 14 septembre au 30 octobre 1994 : au Musée Henri-Martin de Cahors, au Musée André-Abbal de Carbonne et à l’École des Beaux-Arts de Toulouse. Aujourd’hui, ses toiles sont exposées aux Musées de Toulouse (Musée des Augustins), de Cahors, de Carbonne et de Montauban (1).

(1) Le Collège conserve également le témoignage de ses œuvres. Deux de ses toiles ornent les murs du bureau du Principal : ” Le port de Larroque-des-Arcs ” et ” Rocamadour “.

VILLES Sophie, La Mémoire Vive ou Cahors, histoire du Collège Gambetta et des ses grands hommes, pp. 208-209 – P.A.E. Collège Gambetta, Association de Sauvegarde du Lycée Gambetta, Cahors – Novembre 1998.

Quelques oeuvres

Sans prétendre afficher la totalité des oeuvres du peintre, voici une sélection – présentée en visuels de basse définition pour un affichage aisé – à partir du catalogue réalisé en 1994 pour les trois expositions consacrées à Jean-Eugène Pujol.
> Cahors, Musée Henri Martin, 14 septembre – 30 octobre 1994
> Carbonne, Musée André Abbal, 14 septembre – 30 octobre 1994
> Toulouse, Palais des Arts, 28 novembre – 30 décembre 1994

Expositions :
> Paris
Salon des Artistes Français (1926 à 1939) : sociétaire
Musée Galliera, exposition «Les provinces françaises»
Salon des Indépendants : sociétaire en 1928
École nationale des Beaux-Arts de Paris
> Toulouse
Galerie Chappe-Lautier
Salon des artistes méridionaux (de 1925 à 1942)
Salon des provinces françaises
> Cahors
> Albi
> Figeac

Musées :
Montauban, Cahors, Toulouse, Carbonne

Jean-Jacques Chapou honoré une nouvelle fois à Montcuq

La rencontre qui s’est tenue à l’Hôtel de ville de Montcuq le mardi 27 septembre, autour de l’exposition consacrée à l’enfant de la ville Jean-Jaques Chapou, a donné lieu à plusieurs interventions des représentants des collectivités et associations invitées. Nous reproduisons ci-dessous l’essentiel du texte du délégué du Souvenir français, M. Hervé Thiebaut, cheville ouvrière de cette exposition.

Le patronyme de Chapou, est évoqué à Montcuq, par un boulevard, l’école primaire, par une plaque au Collège Jean Jacques Faurie, qui présente en cent caractères, notre résistant. Quant au monument aux morts. Le nom de Chapou, y est gravé trois fois dans la pierre ; il ne sera jamais oublié. Son père Etienne, mort au Champ d’Honneur en 1914, sa mère Camille née Bigou, déportée pour action dans la résistance, à Ravensbrück, en Juillet 1944, morte quelques jours avant la mort de son fils.

J’en appelle à votre ressenti quant au parcours de Jean-Jacques Chapou, qui fut l’étincelle de la Résistance en Quercy Blanc, qui, de par ses actions de fédérateur des maquis du Quercy, d’entraineur d’hommes sur le terrain, dans les combats, a marqué profondément cette période d’occupation. Jean-Jacques Chapou servit uniquement la liberté. Quel souvenir, quelle connaissance auront notre jeune génération, dans quelques années ? Le monde moderne va effacer petit à petit, le parcours de Jean-Jacques Chapou, au profit de supports virtuels, pour une mémoire virtuelle ! L’histoire nous demande de préserver son passé, c’est le devoir de notre génération, nous en sommes ce jour les gardiens.

C’est pour cela que nous devons palier à l’oubli, en lui élevant une mémoire physique dans notre ville de Montcuq, sous la forme d’une pierre droite, son profil en rond de bosse, son étoile à cinq branches, avec les inscriptions gravées dédiées à Jean-Jacques Chapou. L’ajout d’un QR CODE, permettra au passant, au touriste, de lire immédiatement cette page d’Histoire sur sa tablette ou son téléphone portable et ainsi compléter son information sur les Maquis, les Amis et Compagnons d’Armes de Chapou, et en particulier le discours en hommage rendu par Marcel Bourrières, maire de Montcuq le 8 juillet 1945. C’est pour cela qu’il faudrait envisager dès à présent une souscription individuelle et collective pour les associations, dédiée à l’érection de ce que j’appelle une « mémoire physique »….

…Cette exposition, est tout d’abord l’apport de Mlle Sarah Chabert, pour un mémoire présenté en Master de 1° année, à Université d’Avignon, (actuellement en 2° année) sur Jean-Jacques Chapou son arrière-grand-père. C’est aussi un un travail collégial, avec le Musée de la Résistance, de la Déportation, et de la libération du Lot (Mlle Louise Manciet en master 2 Université Jean Jaurès TOULOUSE stagiaire au musée, M. Jean-Luc Couderc, cheville ouvrière et personnage essentiel à la bonne marche du Musée, la Maison du Patrimoine et son animateur M. Emmanuel Carrère, référent du futur musée de la Résistance et de la Déportation. Je les remercie de la confiance qu’ils m’ont accordé pour le prêt des panneaux, et de me donner l’autorisation pour réaliser cette exposition. Merci à Mme Françoise Chapou, avec laquelle nous sommes en contact, ainsi qu’avec sa petite-fille Sarah Chabert..

Note : Ce site propose dans sa galerie des personnages emblématiques du Lot, un portrait consacré à Jean-Jacques Chapou

Photo d’illustration (Quercy net) de gauche à droite : Sylvie Caroff, élue municipale ville de Cahors, en charge notamment des musées / Emmanuel Carrère, référent du futur musée de la Résistance et de la Déportation (ouverture prévue en juin 2025) / Jean-Luc Couderc, secrétaire de l’association du Musée de la Résistance et de la Déportation / Françoise Chapou, fille de Jean-Jacques Chapou / Christiane Bouat, vice-présidente de la Société des Membres de la Légion d’Honneur (section du Lot) / Hervé Thiebaut, délégué du Souvenir français.

Les “Anciens” de Gambetta se sont retrouvés.

Notre tribun veille toujours sur “son ” Lycée

Le dimanche 4 septembre s’est déroulée la traditionnelle rencontre qui, depuis 1881, date de création de l’Amicale, réunit, dans une chaleureuse ambiance, les “Anciens” du Lycée et du collège Gambetta dans les locaux du collège, rue Wilson.

L’assemblée générale a permis à plus de 60 membres de se rencontrer et, pour 45 d’entre eux, dans la salle Fénelon, de participer au déjeuner présidé par le Docteur Hervé Gomar, gynécologue-obstétricien, qui nous a parlé de ses années au Lycée puis de son parcours professionnel très dense. L’Amicale a eu le plaisir de compter sur la présence de la nouvelle principale et ses principaux collaborateurs à ce déjeuner.

A cette occasion l’Amicale a accueilli 6 nouveaux membres, preuve de sa vitalité et de l’intérêt qu’elle suscite encore après 140 années d’existence.

Les anciens qui souhaitent rejoindre l’Amicale sont invités à nous contacter, soit à l’adresse suivante: anciens.gambetta@ac-toulouse.fr soit en envoyant un courrier à « Amicale des Anciens Collège Gambetta 105 rue Wilson 46000 Cahors ». L’adhésion, inchangée depuis 2006, est à 15 € par an. Un bulletin annuel retrace les activités de l’Amicale.

La grammaire d’Uc de Saint-Circ au service de l’Italien moderne

A l’occasion de la Commémoration du 700e anniversaire de la mort de Dante et des nombreuses manifestations qui se sont déroulées en Italie et en Corse, l’universitaire lotois Gaston Bazalgues nous fait part de sa communication publiée dans la revue Musanostra du 15 septembre 2021.

Tout au long de l’année 2021 on a célébré en Italie et en Corse le 700e anniversaire de la mort de Dante Alighieri. Cela a donné lieu à de nombreuses manifestations : colloques, conférences, publications diverses, expositions, émissions télévisées, reconstitutions historiques comme, par exemple, celle du procès qui entraîna l’exil de Dante de Florence à Ravenne. Le rôle de Dante était tenu par un descendant direct du poète. De même, celui du juge fut joué par un de ses descendants directs.

On note dans quelques-unes de ces manifestations des allusions au troubadour quercynois Uc de Saint-Circ, originaire de Thégra. Celui-ci est l’un des ponts entre la Renaissance troubadouresque, la première Renaissance selon Hegel, et la Renaissance italienne. Dans le Donatz proençals (vers 1240), grammaire de la langue des troubadours, écrite par Uc de Saint-Circ sous le pseudonyme de Uc Faydit, Dante trouva des outils linguistiques qui lui permirent, à partir de son toscan, d’inventer l’italien moderne.

La Revue littéraire Musanostra avec pour partenaires la Collectivité de Corse et la Ville de Bastia a publié le 15 septembre 2021, date commémorative de la mort du poète, un numéro hors série de 192 pages magnifiquement illustré impliquant 22 contributeurs, 3 artistes et 2 photographes.

Gaston Bazalgues

 

Uc de Saint-Circ, Uc Faidit et Dante

Le Donatz proençals est une grammaire de la langue des troubadours écrite vers 1240 par Uc Faidit à la demande de l’entourage de l’Empereur Frédéric II qui accueillit à sa cour, entre autres, des troubadours et des lettrés venus de Sicile1.

Que signifie Donatz proençals ? Donatz est le nom de Donatus grammairien latin du IVe siècle auteur d’une grammaire latine utilisée pendant tout le Moyen Age. Aussi le terme donat a-t-il fini par devenir synonyme de traité de grammaire. Le plus ancien donat français est le Donait françois en 1409. Proençals désigne la langue littéraire des troubadours. Avant eux on n’avait que roman pour nommer les parlers issus du latin : auvergnat, gascon, picard, champenois, etc. Ainsi la Chanson de Sainte Foy d’Agen, de 593 vers rimés, écrite en roman vers 1060, annonce la langue des troubadours. Les moines de Conques sont allés emprunter les reliques de Sainte Foy du côté d’Agen pour les vénérer dans leur église.

Pour désigner leur langue, les premiers troubadours, Guillaume IX, Eble de Ventadour , etc. ont employé le terme de lemosin. Les villageois du sud du domaine catalan emploient llemosin pour désigner leur parler, reste d’une unité culturelle aujourd’hui éparpillée.

L’espace troubadouresque s’élargissant, s’étendant du Poitou au nord de l’Italie et au sud de Barcelone, le terme lemosin a été remplacé par proençals dérivant de Provincia, la province romaine, la Narbonnaise dont l’influence s’étendait sur presque tout l’espace qu’on appellera plus tard occitan. Il fait référence au latin, à la culture latine.

En 1293 Dante différencie son toscan, lingua di si, de la langue d’oc, lingua d’oco.

Après la Croisade contre les Albigeois la chancellerie royale française invente Terra Occitania sur le modèle Terra Aquitania. Cela lui permet de revendiquer toutes les terres où l’on parle occitan. Terra Occitania et occitan apparaissent maintes fois dans l’écrit. Le mot occitan a l’avantage de désigner l’ensemble des parlers d’oc : limousin, gascon, provençal, etc.

Le Donatz proençals n’est pas le premier écrit grammatical relatif à la langue des troubadours. C’est, à son époque, le plus complet et il va donner à Dante les outils grammaticaux qui lui permettront d’inventer, à partir du toscan, l’italien littéraire, en différenciant grammatica, le latin, et volgare.

Dès la fin du XIXe siècle Gröber se demande si Uc de Saint-Circ et Uc Faidit ne sont pas une seule et même personne2. Les recherches de Saverio Guida, de l’université de Messine, l’ont confirmé3.

L’œuvre poétique du troubadour a été publiée en 1913 par Alfred Jeanroy qui, dans son introduction, présente la famille du poète. Le père, Armand de Saint-Circ, petit vavasseur, possédait le château de Saint-Circ bâti sur un éperon dominant le ruisseau de l’Alzou, près de Rocamadour. La forteresse détruite par guerre, la famille se réfugia auprès du seigneur de Thégra. Alfred Jeanroy est venu sur place pour découvrir les ruines du château. Descendu en gare de Rocamadour, il s’est rendu en calèche à Saint-Cyr. Malheureusement on l’a conduit aux granges de Saint-Cyr sur un terrain plat et non sur l’éperon rocheux. Il en déduisit que Uc n’était peut-être pas l’auteur de sa propre Vida4.

Uc qui avait de nombreux frères partit de Thégra étudier à Montpellier pour devenir clerc. Il y avait alors un axe commercial La Rochelle-Montpellier et un chemin roumieu Montpellier, Saint-Guilhem le Désert, Conques, Rocamadour. Montpellier est alors une cité commerçante presque indépendante. Le comte bat monnaie et lui-même est troubadour. Il n’y a pas encore là une Université mais des écoles plus ou moins éphémères où se côtoient, dans un contexte de convivenca, de tolérance raciale et religieuse, chrétiens, juifs et musulmans andalous5. L’étudiant quercynois a pu assister aux fêtes qui couronnèrent le mariage de la fille du comte, Marie de Montpellier, avec le roi d’Aragon, Pierre II. Uc prendra ce dernier comme modèle de prince.

Uc a dû faire des études sérieuses et acquérir, au moins en partie, les trois premières branches du savoir, le trivium : grammaire (latin classique), rhétorique et logique. Mais il ne devint pas clerc et choisit d’être jongleur et troubadour c’est à dire auteur compositeur. Il existe alors trois types de joglars, le jongleur acrobate, montreur d’animaux, etc. Vient ensuite le jongleur qui déclame des textes épiques et enfin celui qui chante les œuvres des troubadours avec l’aide d’un instrument de musique. Il peut alors, dans un court récit, présenter la vie de l’auteur. Ces textes courts écrits sont appelés Vidas et présentent le troubadour souvent d’une manière romancée, élogieuse ou critique.

Uc part de Montpellier à la recherche de protecteurs. Il évite les terres de Toulouse ravagées, ruinées, par la Croisade contre les Albigeois puis les troupes du roi de France. Il se rend à la cour de plusieurs mécènes, en Gascogne auprès de la comtesse de Bénauges, en Poitou auprès de Savaric de Mauléon qui, troubadour lui-même, accueille nombre de jongleurs et troubadours. De là il se rend en Castille à la cour du roi Alphonse. Il y rencontre les imitateurs des troubadours, des trobadores, des poètes galaïco-portugais. A la cour du roi de Castille cohabitent deux langues littéraires : le galaïco-portugais (poésie lyrique et satirique) et le castillan (épopée). Il a pu aussi rencontrer des musiciens andalous.

Nous n’avons que deux textes de Uc de Saint-Circ suivis de la musique, édités par Ismaël de la Cuesta6, de l’université de Madrid dans son monumental ouvrage Las Cançons dels Troubadours. Ces textes révèlent un musicien confirmé. Selon Nydia de Fernandez Pereiro 7 il donna des leçons de provençal et de poétique en Castille, enseigna l’art de composer et de chanter des textes lyriques ou satiriques. C’est ce qu’il développera à Trévise.

De Castille, Uc se Saint-Circ va dans le royaume d’Aragon. A Barcelone il est un peu chez lui puisque Montpellier est devenue ville intellectuelle du royaume d’Aragon et qu’elle accueille des troubadours exilés, faidits.

Uc se rend alors auprès du comte de Rodez où il compose une partie de son œuvre marquée par ses relations avec la trobairitz Clara d’Anduze. Mais les conditions de vie matérielles et morales du trobar n’existent plus. Les terres de Toulouse ont été ravagées par la Croisade contre les Cathares et l’intervention directe du roi de France. Les Français et l’Église ont ruiné le printemps de la première Renaissance selon l’expression de Hegel. Les valeurs de convivenca, paratge, larguessa et la promotion morale et sociale de la femme ne peuvent plus s’exprimer dans un contexte d’Inquisition.

Les premiers écrits de Uc dateraient d’environ 1211. Vers 1220 il s’exile à Trévise. Là, il s’installe, prend épouse et entre au service de grandes familles éclairées. Il enseigne l’art du trobar et devient, selon l’expression de Saverio Guida, trovatore istitutore. Dans cet environnement il écrit de nombreuses Vidas de troubadours et de Rasons de trobar, avec mise en place d’une critique littéraire en langue romane. Ces Vidas servirent de modèle à de petites biographies de hauts personnages dans la région et jusqu’à Florence. De ces biographies on passe à de courts récits imaginaires pour arriver ainsi à la publication du Novellino ou Libro di novelle e di bel parlar gentile par un auteur florentin anonyme favorable aux Gibelins partisans de l’empereur Frédéric II, et opposés aux Guelfes, partisans du Pape. Uc de Saint-Circ se trouve donc, avec d’autres, à l’origine d’un nouveau genre littéraire : la nouvelle.

La marche de Trévise offrit à Uc de Saint-Circ, auteur des Vidas et Rasons de trobar, des conditions favorables à la poursuite de son œuvre. Sous le pseudonyme Uc Faidit du Donat proençals il est l’un des passeurs, l’un des ponts, entre la Renaissance troubadouresque et la Renaissance italienne.

Tout à la fin de sa vie il fut accusé d’hérésie et d’usure, ce qui fait penser aux Cahorsins mais il semble avoir été peu inquiété et mourut riche. La dernière date connue de son existence est 1257.

Uc de Saint-Circ est presque inconnu dans son Quercy natal. Pas un nom de place, de bibliothèque, de collège. Le printemps de la première Renaissance et sa destruction par la Croisade et l’Inquisition était bien connu des historiens et des romanistes à la fin du XIXe siècle.

Le traumatisme de la défaite de 1870 et de la Commune, a fait que l’école laïque obligatoire se soit attachée à former de bons citoyens, de bons soldats pour récupérer l’Alsace-Lorraine et continuer l’Épopée coloniale. Les heures sombres de l’histoire de France sont volontairement ignorées. Unité nationale oblige, les langues autres que le français, basque, breton, corse, etc. sont pourchassées même si Mistral fut prix Nobel de littérature en 1904.

Gaston Bazalgues

1Marshall, J.-H. : The Donatz proençals. London : Oxford University Press, 1969.

2Gröber, G.: Die Lierdersammlungen der Troubadours cité par Martin de Riquer dans Los trovadores. Barcelona : Ariel, 1975, t III, p. 1540.

3Guida, Saverio : Primi approcci a Uc de Saint-Circ. Messina : Rubettino, 1996.

4Jeanroy, A. et Salverda de Grave, J.-J. : Poésies de Uc de Saint-Circ. Toulouse : Privat, 1913.

Bazalgues, Jacqueline et Gaston : Alfred Jeanroy ou un explorateur égaré sur les traces de Uc de Saint-Circ. Montpellier : Revue des Langues Romanes, Université Paul Valéry, tome CI, 1997, n° 1.

5Bazalgues, Jacqueline : Sur les traces du troubadour Uc de Saint-Circ à Saint-Cyr d’Alzou, Rocamadour et Montpellier in Uc de Saint-Circ et son temps, Actes du colloque de Thégra les 11 et 12 septembre 1998. Montpellier : CNRS, ESA 5475 et Thégra Animation, 1999.

6Fernandez de la Cuesta, Ismaël : Cançons dels troubadours. Toulouse : IEO, 1979.

7Nydia G. B. de Fernandez Pereiro : Originalidad y sinceridad en la poesia de amor trovadoresca. La Plata, 1968.

Alain de Solminihac, l’Église le fête le 31 décembre.

Évêque malgré lui, Alain de Solminihac (1593-1659) se dévouait corps et âme à sa mission. Refusant d’être enfermé dans un bureau, il participait à la construction de nouvelles églises, rendait visite à toutes ses paroisses et soignait les malades.

Son nom est intimement attaché au Lot sur les dernières années de sa vie (1636-1659). Son diocèse qui se divisait en 800 paroisses et comptait 900 prêtres était néanmoins ruiné par les guerres de religions.  Louis XIII avait trouvé en Alain, celui qui sera qualifié d’évêque “réformateur”. Il s’attela à cette mission jusqu’à son dernier souffle.

On peut retrouver le riche parcours d’Alain de Solminihac dans l’ouvrage préfacé par Mgr Laurent Camiade. A partir d’un texte d’Etienne Baux et  illustré par Christian Verdun. l’ouvrage édité  par édicausse, est toujours disponible en cliquant CE LIEN. Vous pouvez également vous le procurer chez votre libraire.

Il y a 30 ans disparaissait Gaston Monnerville

Ce timbre a été émis le 5 novembre 2011

C’est avec L’exposition nationale « Combat pour les libertés », inaugurée à Sousceyrac samedi 16 octobre que les lotois pourront honorer leur ancien président du Conseil Général (1951 à 1970).

Exposition « Gaston Monnerville – Combat pour les libertés »  du 16 octobre 2021, Espace « La Grange », place de l’église à Sousceyrac, jusqu’au 23 octobre, de 14 h à 18 h.

« Cette exposition retrace sa vie de petit-fils d’esclave né en Outre-mer en Guyane jusqu’au Conseil constitutionnel où il acheva sa longue carrière de commis de l’État attaché à servir ses concitoyens. Il avait une très haute estime des charges qu’il eut à assumer dans les diverses fonctions qui l’ont vu, tour à tour : maire ; député ; sous-secrétaire d’État ; sénateur ; président du Sénat, président du Conseil général, conseiller général, maire et membre du Conseil constitutionnel.

Hommage à une figure de l’histoire

Il conviendrait également de ne point oublier le très brillant élève passé par le lycée Pierre de Fermat à Toulouse où, après de nombreux prix, il devient avocat et remporta la médaille d’or au concours des secrétaires de la Conférence. Toute sa vie il ne manquera pas, lui issu d’un milieu modeste à plus de 7 000 km de la Métropole, de répéter qu’il doit tout à l’École.

C’est l’Affaire des insurgés de Cayenne, dite « l’Affaire Galmot » qui le conduira en politique, avec ses convictions que l’homme a besoin de la République pour grandir. Il en devient un combattant acharné pour qu’elle puisse pleinement reconnaître ses enfants, sans distinction de couleur de peau où lieu de naissance.

En cela, il mit ses pas dans les abolitionnistes de l’esclavage : l’abbé Grégoire, Victor Schoelcher, la Mère Anne-Marie Javouhey… et concourt à la départementalisation des territoires d’Outre-mer et à la fermeture des bagnes de Guyane.

Servir la république et la défendre, il le fit avec courage et dévouement en tant qu’engagé volontaire dans les deux grandes guerres, résistant de la première, avocat des arabes, tziganes, noirs, juifs sous Pétain… Humaniste attentif aux droits de l’homme, il soutint ardemment la Licra dont il fut le parrain à sa création. Du Lot, il disait ceci : «… Je veux parler du Lot, région où la République a enfoncé depuis maintes décennies des racines profondes, berceau d’une population qui a conservé les traditions démocratiques les plus sûres, et pour qui les notions de liberté et de respect des opinions sont choses sacrées. Quelles que soient les diversités marginales qui irradient dans son ciel politique, le Lot est demeuré, avant tout, un creuset incomparable d’idéal républicain… ».

Francis Laborie, maire de Sousceyrac en Quercy, Huguette Tiegna, députée du Lot, ont tenu à rendre, en accueillant cette exposition, l’hommage qui est dû à cette grande figure de notre histoire contemporaine, qu’ils espèrent, revisité, il sera le guide, l’image, le modèle… auquel nos jeunes, parfois en déshérence, sauront s’identifier. »

+ d’information sur le Comité Monnerville
qui soutient sa panthéonisation : cliquez CE LIEN

Contact : Comité.monnerville@gmail.com ; Tél. 06 58 58 88 76
L’image du bandeau fait référence au Cinquième colloque international francophone qui s’est déroulé sur le canton de Payrac en 1995, à l’initiative du professeur Edmond Jouve.
Source : actu.fr

Sème tes haricots à la Saint Didier …

Nous dit le Le dicton populaire qui ajoute : “tu en auras plein le panier” ou encore : “pour un tu en auras un millier”.

Profitons-en pour rappeler que Didier est un nom célèbre. Même si plusieurs évêques portant le nom de Didier sont répertoriés, nos préférences iront à notre évêque lotois.

Originaire de la Narbonnaise, il fut d’abord trésorier royal de Dagobert. Vivant à la cour, il fut en relation avec les grands saints de son époque: saint Ouen et saint Eloi. Le roi Dagobert fit de lui l’évêque de Cahors en réponse à une demande des habitants de cette ville. La lettre du roi mérite d’être connue: “Nous faisons violence à nous-même en nous privant d’un officier si nécessaire. Mais nous devons donner à l’Eglise des pasteurs qui conduisent nos peuples selon Dieu.”
Désiré ou Géry, évêque de Cahors et successeur de saint Rustique, son frère.
Une localité s’est mise sous son vocable: Saint-Géry-46330.
À Cahors, vers 655, saint Didier, évêque , qui fit construire plusieurs églises et monastères, et entreprit d’autres travaux d’utilité publique, sans négliger le moins du monde de préparer les âmes comme le vrai temple du Christ.

(Sources : Nominis)

Révolution de 1848 et abolition de l’esclavage : le discours de Gaston Monnerville plus que jamais d’actualité

Ce discours prononcé à la Sorbonne, le 27 avril 1948, pour la Commémoration du Centenaire a notamment été repris lors de la cérémonie commémorant la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions s’est tenue ce 10 mai 2021 à l’Hôtel de la Prefecture à Cahors. Ce discours a été lu par des élèves du lycée Monnerville.

“Il y a cent ans !
Pour un homme de ma race, comment prononcer ces mots sans une intense émotion.
Dans l’esprit de la plupart des Français, ce n’est qu’une de ces nombreuses dates qui jalonnent l’Histoire de notre Pays et qui rappellent le souvenir d’une Révolution.
Courte période sans doute, et combien méconnue ! Mais, à la vérité, l’une des plus pleines de l’Histoire de la République.
Chaque fois que dans ce pays de France, pays de mesure, de transition, les circonstances ne furent pas à l’unisson des idée le cours de la vie fut interrompu par une de ces explosions qui surprennent ceux-là seuls qui n’ont pas voulu ouvrir les yeux à la réalité.
L’explosion de 1848 secoua le monde entier.
Jamais, à aucun moment de son Histoire, la France n’assista à pareille profusion d’idées. Jamais, la France n’avait attiré à ce point l’attention des peuples.
Février. Avec le peuple de France, l’humanité espère. Quelques mois passent, et voici que ce peuple, déçu de voir que l’ordre auquel il a cru et qu’il a voulu établir ne se réalisait pas, tourne le dos à ses conquêtes.
Immense échec, a-t-on pu dire.
Mais est-il exact de prétendre que l’Histoire de l’humanité comporte de réels échecs ?
Est-il exact d’affirmer qu’une Révolution, manifestation de l’âme d’un peuple a échoué ?…”
On peut lire la suite sur la page de la Société des Amis de Gaston Monnerville fondée par le sénateur Roger Lise.

Rappelons que Gaston Monnerville a été le premier président du Conseil départemental du Lot (autrefois Conseil Général) de 1951 à 1970. Son successeur sera Maurice Faure. Celui-ci lui rendit hommage lors de la 5e édition du Colloque international francophone du Canton de Payrac qui s’est tenu à Payrac en 1995. Organisé par le professeur Edmond Jouve, ce rendez-vous réunira les meilleurs connaisseurs du parcours politique de Gaston Monnerville. Les actes de ce colloque ont été publiés l’année suivante. Pour les commander, CLIQUEZ CE LIEN

Photo souvenir, prise devant l’église de Payrac. Que de souvenirs !

On peut retrouver le portrait de Gaston Monnerville dans notre galerie des personnages célèbres du Lot en cliquant CE LIEN

Parcours politique de Gaston Monnerville (Wikipedia)

Célébrations Gambetta : la conférence du 29 septembre est annulée

 

Georges Ribeill, historien du rail qui devait évoquer le thème suivant : “Léon Gambetta, le plan Freycinet et les chemins de fer : des lignes projetées aux lignes réalisées” ne pourra pas assurer sa conférence. Celle-ci est reportée à une date ultérieure.

Célébrations Gambetta : un nouvel ouvrage “lotois” à paraître

Léon Gambetta dont le nom est présent dans presque toutes les communes de France a fait couler beaucoup d’encre et pourtant les 44 années de sa courte vie passionnent encore aujourd’hui. Cadurcien de naissance, il ne cessera de gravir une à une les marches de la renommée et la seule évocation de son nom mobilise. De prétoires en assemblées, en passant par les liesses populaires lors de ses tournées, tous se pressent pour écouter le tribun. Les joutes politiques font son quotidien et ses relations au plus haut sommet de l’Etat, même parmi ses “amis”, lui porteront le plus souvent, ombrage et défaveur.

Mais Gambetta entretient aussi des relations avec les femmes. Mais peut-être est-ce plutôt l’intérêt du beau sexe pour ce personnage qui avait autant besoin d’une seconde mère sans pour autant refuser qu’elle prit les habits d’une maîtresse ou courtisane. Certes, plusieurs noms entoureront notre “défenseur du territoire” mais celui de Léonie Léon entraînera Gambetta dans une “passion juvénile” qui persistera jusqu’à la mort. En sont témoins près de trois mille lettres, presque toutes passionnées. S’y mêlera une éloquence de tribune que Léonie accompagne à souhait …

L’ouvrage propose sous la plume d’un “ancien” professeur du Lycée Gambetta de Cahors agrégé de grammaire, Maurice Rouget (1912-2002), une lecture où la passion amoureuse de Gambetta et Léonie Léon et son arrière-fond politique ont scellé à jamais leur destin et celui de la France.

Préfacé par Etienne Baux, l’ouvrage sera illustré par une riche iconographie issue de la très belle collection personnelle de Jean-Michel Rivière, Président de l’Amicale des Anciens Elèves du Lycée et Collège Gambetta. Un album souvenir composé de photos, cartes postales et documents d’époque viendra compléter cet ensemble. Une carte postale numérotée, dessinée par l’artiste plasticien Christian Verdun, sera offerte aux seuls souscripteurs.

SOUSCRIPTION VALABLE JUSQU’AU 15 NOVEMBRE / PARUTION DECEMBRE 2020

BULLETIN DE SOUSCRIPTION DISPONIBLE EN CLIQUANT CE LIEN

+ d’information sur le site des éditions édicausse avec possibilité de souscription avec paiement en ligne

Léo Ferré… le Quercy, la vie d’un artiste généreux et vulnérable

Léo Ferré a vécu cinq ans en Quercy de 1963 à 1968, à Perdrigal (Pech Rigal) sur la commune de Saint-Clair près de Gourdon. Une période féconde où il mit en musique les poètes Verlaine, Rimbaud, Baudelaire, rédigea des réflexions sur l’écriture, créa des chansons, écrivit des poèmes sur ce pays.

Paradis Perdrigal, le jaune te va bien,
Cette couleur qui fonce à mort vers les ténèbres …/….
Il faut prier pour moi dans ton ordre païen
Il faut me pardonner mes pas dans ton silence
Et me donner le temps pour que mon temps commence
Pour que tout aille mieux et du Mal, et du Bien1

Du jaune à l’ocre, il décline les couleurs du Lot en contrepoint au bleu et au vert de l’Île de Guesclin qui lui inspira Les Chants de la fureur dont est extrait La Mémoire et la Mer : deux lieux qui vont le marquer profondément.

En dépit du lien qui a uni, un temps, Léo Ferré à André Breton qui devait écrire la préface du recueil « Poètes… vos papiers ! » avant d’y renoncer, le « pape » du surréalisme n’est pas à l’origine de sa venue en Quercy. Léo Ferré se préfaça lui-même dans un texte à la rage magnifique : La poésie contemporaine ne chante plus. Elle rampe. Elle a cependant le privilège de la distinction, elle ne fréquente pas les mots mal famés, elle les ignore.2 Rappelons que d’autres surréalistes fréquentaient le Lot. Louis Aragon, Léo Ferré mettra en musique plusieurs poèmes dont Strophes pour se souvenir rebaptisées par Léo L’Affiche rouge, Francis Carco…, des plasticiens : Matta, Zadkine, liés au mouvement ou à sa mouvance.

C’est après un concert au Casino de Saint-Céré, que Léo Ferré demanda à son ami le peintre Serge Arnoux (1933-2014) habitant Glanes de chercher un lieu vaste et isolé pour pouvoir y accueillir ses animaux, en particulier Pépée, une femelle chimpanzé.

Pech Rigal, renommé Perdrigal  pour rendre justice aux perdrix que les chasseurs flambergent, était peut-être déjà dédié aux oiseaux, rigal signifiant rouge gorge en Occitan. Sur ce pech, un château en assez mauvais état se dressait.

L’arche de Léo va s’y ancrer : Pépée et ses compagnons Zaza, Bambino, ainsi que des chiens, des chats, des moutons, un cheval, un cochon… La vie, là-haut, n’était pas toujours facile : Je suis sorti, il ventait, il pleuvait, il merdait… La nature est une drôlesse ! Faut savoir la prendre au bon endroit../.. La révolte des choses se taire dans l’immobilité../.. Le silence, cette musique du doute et du pardon. » 3 

L’attachement de Léo Ferré pour les animaux est primordial. Toute sa vie, il en fera ses compagnons. Dans l’un des premiers textes dits, il proclame : Je suis un chien et les chiens quand ils sentent la compagnie, ils se décolliérisent.4

On trouve dans son œuvre un bestiaire plein de tendresse et d’émo­tion : l’innocence leur dégoulinant des babines. Les oiseaux sont les plus représentés : ils symbolisent la liberté et le chant. Il dit de lui-même : Je suis né une métaphore au bec.

Le cheval, autre animal emblématique, lié à la folie, au vieillissement et à la mort.

Ô Nietzche agrippé aux naseaux de Turin
Ce fiacre roulant dans le fantastique
Et la folie te prenant par la main5
À mon enterrement, j’aurai des chevaux bleus…
Des dingues et des Pop aux sabots de guitare
Des chevaux pleins de fleurs des champs dedans leurs yeux
Hennissant des chansons de nuit quand y en a marre6
Et l’on se sent blanchi comme un cheval fourbu7 »

Outre les animaux, la nature, les arbres sont omniprésents, même dans le traité Le Mot voilà l’ennemi8 :

Il n’y a pas d’arbre sans le mot « arbre ». Rien n’existe que je ne doive nommer…/…
Chez moi, je donne un nom aux chênes. Je les case et les glands ne sont plus perdus.

Léo Ferré entretient un rapport dionysiaque avec la nature, voire animiste. Quand on coupe un arbre j’ai mal à la jambe.

Les éléments naturels : la mer, le vent emportent son œuvre dans un mouvement perpétuel pour échapper à l’immobilité et aux entraves. Que de mouvements toujours sollicités du dedans ! On dirait que les choses pensent, chantent, dansent, s’immolent à quelque loi sacrée qui régit tout l’univers.9 

Une « vie d’artiste »

Léo Ferré est né le 24 août 1916 à Monaco. Dès l’âge de cinq ans, il dirige des orchestres imaginaires. À douze ans, il met en musique un poème de Verlaine. Son désir : devenir compositeur.

Très vite, il comprend qu’il faut trouver un biais pour faire connaître sa musique et recourt alors aux mots. D’abord dans des chansons faussement populaires comme C’est le printemps qui manie humour et argot tout en se référant aux tableaux de Monet, Manet, Gauguin… De nouveau, il constate que s’il ne les chante pas lui-même, il ne pourra survivre.

Et ce fut long, la vie d’artiste est éprouvante, la création exigeante : chansons, poèmes, textes, roman, arts poétiques, réflexions sur la pensée libertaire, journal, introductions… Les chants de la fureur publiés en 2013 aux Éditions Gallimard/La mémoire et la mer présentent 1577 pages de textes.

Quant à la musique : une symphonie, des opéras, un oratorio La chanson du mal-Aimé d’Apollinaire et la mise en musique de 23 poètes, Baudelaire venant en tête avec 54 poèmes.

Dans les chansons, il utilise toutes sortes d’instruments piano, accordéon, violon, orchestre symphonique qu’il dirigera lui-même : son rêve d’enfant ! Tous les rythmes : jazz, blues, pop, valse, classique… Il déclamera de longs textes sur des sons de vagues, de vent, de chant de baleines…

Des concerts témoignent de cette profusion. Ainsi en 1974, à L’Opéra Comique, le spectacle s’ouvre sur La Chanson du Mal Aimé, suivie du Concerto pour la Main Gauche de Ravel, avant d’enchaîner sur ses chansons en compagnie du groupe pop les Zoos : un spectacle bouleversant et baroque sous l’or et le rouge de ce théâtre à l’italienne.

Léo Ferré a toujours travaillé dans plusieurs directions simultanément, mais le public découvrait ces diverses facettes selon les opportunités et l’évolution des mentalités. Novateur et passeur, il partage « fraternellement » ce qu’il aime : poésie, musique, peinture.

Il décède le 14 juillet 1993 en Toscane.

Malgré cette diversité, son œuvre constitue un univers cohérent qu’il nous offre. Il revendique haut et fort la liberté de penser et de créer, aussi il dérange. Une censure multiple s’exerce contre son œuvre : politique, poétique, érotique, musical.

Il bouscule les usages et les codes dans la vie comme dans la littérature. Il passe des alexandrins aux vers libres, trousse des quatrains ou déroule de longs récitatifs basés sur des associations d’idées ou des sonorités. Il mêle argot et franglais, accouple les mots de tous les jours aux métaphores… Maîtrisant les formes classiques de la versification et les arcanes de la langue française, il se permet licences et frasques. De même en musique, il fusionne le tempo au propos ou, à contrario, dresse un terrible réquisitoire sur une berceuse, chante a cappella ou enchevêtre des morceaux différents comme en écho.

Cette œuvre magistrale, mal connue, grave et profonde est constamment tempérée par la tendresse et l’humour. J’ai développé ce dernier point lors de conférences et d’émissions de radio (disponibles sur mon site.)

Son extrême sensibilité le rendait vulnérable, mais générosité et simplicité l’animaient. Attitude qui ne se démentira jamais tout au long de sa carrière de 1945 à 1993 (une cinquantaine d’années) ; jamais il ne reniera ses conceptions artis­ti­ques ni ne trahira ses convictions politiques, n’en déplaisent aux médisants, jaloux et autres détracteurs qui rabâchent toujours les mêmes inepties.

L’utilisation qu’il a fait de sa vie, le biographique rejoignant l’universel attesté par la façon dont il jongle avec les pronoms dans ses chansons, brassant les « je » « tu » « nous » en passant par le « on » nous emporte.

Demain tu seras riche mon camarade, car ce que je te donne n’a pas de prix. Accepte-moi comme je t’accepte.10

Je voudrais que ces quelques vers constituent un manifeste du désespoir, je voudrais que ces quelques vers constituent pour les hommes libres qui demeurent mes frères, un manifeste de l’espoir. (Préface)

Colette BROGNIART

Écrivain, biographe, amie de Léo Ferré

http://colettebrogniart.com

Photo 1 – Léo Ferré (1975) – Patrick Ullmann

Photo 2 – Léo Ferré & Bambino (1966) Hubert Grooteclaes

Photo 3 – Chateau de Perdrigal (1970) – Colette Brogniart

1 Texte paru sous le titre Perdrigal en 1969 dans la revue La Rue

2  Préface – 1956

3 Je donnerais dix jours de ma vie – Revue La Rue -1967

4 Une affiche représentant un chien, intitulée « Un chien à la mutualité » annonçait un concert sans autre précision…

5 Le Chemin d’enfer – Mon Programme – 1969

6 À mon enterrement -1974

7 Avec le temps – 1969

8 Paru dans la revue – La Rue n° 7 1970

9 Benoît Misère – Roman de Léo Ferré (1970)

10 Demain -1980

Jean-Gabriel Perboyre, lazariste, missionnaire et martyr en Chine

A l’occasion de la Journée annuelle consacrée à Jean-Gabriel Perboyre, en sa maison natale du Puech sur la commune de Montgesty, nous publions cette page qui vient s’ajouter dans notre rubrique “Quercynois célèbres”.

Jusqu’au sacerdoce
Jean Gabriel Perboyre est né au lieu dit “Le Puech”, commune de Montgesty (Lot), le jour de l’Épiphanie, le 6 janvier 1802. Il a été baptisé à l’église de Montgesty, le lendemain. L’aîné d’une famille de huit enfants, dont les parents (Pierre Perboyre et Marie Rigal) sont agriculteurs, il n’a d’autre ambition que de rester à la maison paternelle. D’ailleurs on compte sur lui, l’aîné des garçons, pour assurer, la relève dans l’exploitation familiale.

Sa vocation, Jean Gabriel la doit à un événement fortuit. Au début de 1817 son jeune frère, Louis, part à Montauban, au collège dirigé par leur oncle Jacques, prêtre de la Congrégation des Lazaristes. Mais l’enfant a le mal du pays. Pour faciliter l’acclimatation, l’aîné vient le rejoindre, pour un mois ou deux.Admis provisoirement en 6ème, Jean Gabriel montre vite du goût et de réelles capacités pour les études. Le prêtre discerne chez son neveu les signes d’une vocation et persuade les parents de lui permettre de poursuivre sa formation, L’adolescent n’envisage pas encore le sacerdoce. Cependant, la prière et la réflexion aidant, il écrira bientôt à son père “qu’il a compris que Dieu voulait qu’il soit prêtre ”. C’est à cette époque que naît également son désir d’être missionnaire en Chine.Les études secondaires terminées, Jean-Gabriel demande à entrer chez les Lazaristes où son frère Louis l’a précédé. Il prononce ses vœux le 20 décembre 1820.A la fin de l’été 1823 il a achevé sa théologie, mais ne sera ordonné que le 23 septembre 1826. Entre temps ses supérieurs l’envoient au collège de Montdidier. Trois années durant lesquelles élèves et professeurs seront vivement frappés par la sagesse et la bonté de ce jeune religieux, tout comme par sa passion du travail. Ces mêmes qualités le font également apprécier à Saint-Flour où il se retrouve après son ordination professeur au grand séminaire, puis directeur du petit- séminaire.Le Père Perboyre puise dans la prière force et dynamisme pour accomplir sa tâche. Mais l’excès de travail n’améliore pas une santé déjà faible. En 1831 il est appelé à Paris pour assister le directeur du noviciat.Il garde toujours au coeur le désir ardent de partir en Chine. Il dira un jour à un séminariste : “ Priez pour que ma santé se fortifie et que je puisse aller en Chine afin d’y prêcher Jésus-Christ et d’y mourir avec lui. “ II n’était entré chez les Lazaristes que pour cela, confit-il à un autre.


Missionnaire en Chine
Plus heureux, son frère Louis était parti à la fin de l’année 1830 ; mais il meurt au court du voyage. Ce décès atteint profondément Jean-Gabriel et attise son désir. Il écrit à son oncle Jacques : “ Que ne suis-je trouvé digne d’aller remplir la place qu’il laisse vacante ! Hélas j’ai déjà 30 ans “. Ténacité et prière instante parviendront à vaincre les réticences des supérieurs… et des médecins. Avec plusieurs compagnons il embarque pour la Chine le 24 mars 1835, au Havre. Cinq mois de mer non exempts d’émotions fortes conduisent les missionnaires à Macao. Le père Perboyre y séjourna quatre mois pour s’initier à la Chine. Rude besogne pour cet homme de 33 ans que l’apprentissage d’une langue extrêmement difficile. Cependant il possède bientôt un bagage suffisant. En décembre, il peut écrire : “ Je pars bien portant et bien content. Si vous pouviez me voir un peu maintenant, je vous offrirais un spectacle intéressant avec mon accoutrement chinois, ma tête rasée, ma longue tresse et mes moustaches… On dit que je présente pas mal en Chinois. C’est par-là qu’il faut commencer pour se faire tout à tous puissions nous ainsi les gagner à Jésus-Christ ”.Dans ce pays interdit à tout européen sous peine de mort, il fallait paraître le plus chinois possible et inventer toutes sortes de ruses pour circuler. En jonque d’abord, constamment obligé de se camoufler pour éviter les regards indiscrets et déjouer les contrôles de police, toujours en éveil dans la peur des raids de pirates, le père Perboyre aborde au Fokien. Une longue route attend encore le missionnaire, au péril des fleuves et des rudes sentiers montagnards, au péril de la fièvre également. Sur ce chemin d’épreuves et de fatigues, il va à la rencontre de la communauté qui lui est confiée, dans la région du Houpé.Il y parvient en 1838. Près de deux-mille chrétiens vivent là, dispersés dans une quinzaine de villages. Une population pauvre et souvent au seuil de la misère. L’église de la résidence centrale n’est qu’une masure, “ mais sa richesse est le millier de fidèles qui la remplit, même sous la pluie et la neige ”, Dans la mesure de ses moyens, Jean-Gabriel vient en aide à tous ceux qui ont besoin de lui et se donne corps et âme à son travail apostolique. Rien ne semble devoir venir troubler la vie de la communauté.


Le martyr
Le 15 septembre 1839, sans que personne n’y prête attention, une escorte se dirige vers la résidence des missionnaires et a tôt fait de la cerner. Les deux compagnons du père Perboyre n’ont que le temps de fuir. Lui-même ne pourra que se réfugier dans la forêt voisine. Il y reste tapi jusqu’au lendemain, Pour trente taèls un catéchumène le trahit… Jean-Gabriel est fait prisonnier, enchaîné comme un malfaiteur et traîné devant un mandarin pour interrogatoire. Il reconnaît être TONG-WEN-SIAO, son nom chinois, prêtre et missionnaire.La captivité va se prolonger pendant près d’une année… Long et douloureux calvaire, de prison en prison, de tribunal en tribunal. Même sous les pires tortures, le père reste inébranlable et se refuse à toutes les compromissions. Son calme et sa sérénité en imposent à ses geôliers et redonnent courage à ses compagnons.Le 15 juillet 1840, il est condamné à mort par strangulation. Dans la paix Jean-Gabriel attend son exécution. A un catéchiste venu le visiter dans sa prison, il confie ce message pour les chrétiens de mission : “ Dis-leur de ne pas craindre cette persécution. Qu’ils aient confiance en Dieu. Moi je ne les reverrai plus, eux non plus ne me reverront pas, car certainement je serai condamné à mort. Mais  suis heureux de mourir pour le Christ. ”La sentence confirmée par l’empereur, le condamné est traîné au lieu du supplice : un gibet y est dressé en forme de croix. Les bras et les mains liés à la poutre transversale, les pieds repliés assez haut  arrière, le missionnaire paraît agenouillé entre ciel et terre pour l’ultime offrande de sa vie : Avec une lenteur calculée le bourreau serre par deux fois la corde autour du cou de sa victime. Une troisième torsion plus prolongée interrompt la prière du martyr.C’était le 11 septembre 1840, un vendredi, à l’heure de midi… à Ou-Tchang-Fou “La florissante préfecture militaire”, province de Hou-Pei “Nord du lac”. Une croix apparaît dans le ciel, visible jusqu’à Pékin, confirmeront plusieurs témoins.
Grâce à la complicité d’un catéchiste qui avait soudoyé les gardes, le corps du supplicié pourra être déposé en terre chrétienne. Plus tard, sa dépouille est transférée à Paris, à la Maison-mère des Lazaristes.
Jean Gabriel Perboyre à été béatifié le 10 novembre 1889 et canonisé le 2 juin 1996 par Jean Paul II.

Jean Gabriel PERBOYRE  est fêté tous les 11 septembre à Montgesty

Retrouvez toute l’actualité sur le site de l’association des Amis de Jean-Gabriel Perboyre
et sur la page du groupe Facebook

 

Lancement des célébrations du 150e anniversaire de la Proclamation de la IIIe République par Léon Gambetta 

Vendredi 4 septembre à 11h, dépose d’une gerbe devant le Monument Gambetta, suivie de l’inauguration de l’exposition “La statuaire commémorative : Cahors, le Monument Gambetta”, place François-Mitterrand

La ville de Cahors, l’Université Pour Tous Cahors en Quercy, la Société des Études du Lot, l’Amicale des Anciens Élèves du Lycée et du Collège Gambetta, le collège Gambetta et l’ensemble scolaire Saint-Étienne s’associent pour proposer une grande variété d’animations dont le programme vient de paraître.

Le programme est d’ores et déjà disponible en ligne (cliquez CE LIEN) et vous pourrez vous le procurer en version papier dès le 2 septembre dans les principaux lieux d’accueil du public.

Renseignements :
> Maison du patrimoine  8, rue de la Halle  46000 Cahors 05 65 20 88 91
> Office de Tourisme Cahors-Vallée du Lot, Villa Cahors-Malbec Place François Mitterrand, 46000 Cahors 05 65 53 20 65

Littérature et Histoire : septembre s’annonce très riche !

Les festivités autour du 150 e anniversaire de la proclamation de la République avec en vedette notre tribun local dont le coeur a été transféré au Panthéon il y a 100 ans, sont, plus que jamais d’actualité. La Covid oblige bien évidemment les organisateurs à prendre les mesures nécessaires pour éviter tout risque et le public est invité à se faire pré-inscrire sur le site de l’UPTC en cliquant CE LIEN.
Premier rendez-vous mardi 4 septembre avec la conférence inaugurale d’Etienne Baux “La République Gambetta”.

“À moins de cent ans après sa naissance, la République, quand Gambetta la proclama le 4 septembre 1870, n’avait pas laissé de bons souvenirs :  les luttes civiles, le désordre, la guillotine. Par deux fois, elle avait été étranglée par un Bonaparte. Les atroces fusillades de la Commune l’avaient aussi discréditée.

Inlassablement, Gambetta voulut la rétablir dans l’esprit des Français, préférant la réforme à la révolution, dans le respect absolu du suffrage universel, des libertés fondamentales et de la laïcité. C’est lui le créateur de notre modèle politique. Il a réconcilié les Français et la République”.

 

 

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