Anarchiste illégaliste
membre de la Bande à Bonnot
David Bélonie en 1912
Photographie anthropométrique coloriséeLe 24 juillet 2012 France Info consacrait sa rubrique “Histoires criminelles” à la Bande à Bonnot. Une histoire qui concerne directement Gignac puisque l’un des membres de la bande à Bonnot était né à Gignac le 7 juin 1885 « de Marie Bélonie âgée de 20 ans couturière domiciliée au même lieu et des œuvres de père inconnu » (extrait de l’acte de naissance). Le jeune David Bélonie fréquente l’école primaire de Gignac et, après son Certificat d’Études, il est placé comme domestique dans une ferme à Nespouls (Corrèze).
Marie Bélonie épouse François Audubert en 1887. Un enfant, Etienne Audubert naîtra le 13 février 1898, mais Marie Bélonie, épouse Audubert, meurt 5 semaines plus tard le 26 mars 1898. David Bélonie avait 13 ans à la mort de sa mère.
En 1900 il monte à Paris où il est hébergé par une tante. Sachant lire, écrire et compter, il travaille comme garçon de laboratoire, puis comme préparateur en pharmacie. Dans les officines où il a travaillé on le trouve “travailleur, soigneux, très aimable et avenant”. Passionné par les langues, il étudie en autodidacte l’hébreu, l’anglais, le russe et l’allemand. Il lit les feuilles révolutionnaires, participe à la propagande anarchiste et fréquente les cercles libertaires.
Il rejoint Londres en 1904, revient à Paris l’année suivante et travaille dans une pharmacie de Saint-Denis. Pour éviter le service militaire, il entre dans la clandestinité et vole dans la pharmacie 60 francs pour payer son voyage jusqu’à Genève où il étudie la pharmacie. Il se présente au groupe anarchiste “Germinal” et se spécialise dans la falsification de documents. En 1907, la police suisse le signale comme un “redoutable révolutionnaire, partisan convaincu de la propagande par le fait”.
Il séjourne ensuite en Belgique et y est réputé comme anarchiste, faux monnayeur, voleur et souteneur. Il est arrêté à Bruxelles en avril 1907 pour vagabondage et port de faux noms. A sa sortie de prison il retourne à Genève. Expulsé du canton de Genève, il va à Bâle, puis il est expulsé de Suisse pour apologie de l’assassinat de l’impératrice Elisabeth d’Autriche. Il rejoint Lyon avec une fausse identité (il était recherché pour insoumission), puis Lille. Il est arrêté en 1908 et incorporé de force dans l’armée. Il fait son service à Chaumont et doit purger une peine de six mois de prison pour insoumission. Libéré en 1911, il fait un séjour à Londres chez l’anarchiste Estaguy, faux-monnayeur. En 1911, il aurait été gérant du Comptoir français des appareils automatiques. C’est là qu’il retrouve Jules Bonnot et devient l’un des membres de la bande à Bonnot. Il aurait fait la connaissance de Jules Bonnot en 1910 à Lyon (d’après la déclaration de David Bélonie lors de son interrogatoire).Compte-rendu de l’arrestation de David Bélonie dans le Petit Journal du 13 mars 1912
https://www.retronews.fr/journal/le-petit-journal/13-mar-1912/100/431623/1
On apprend que lors de son arrestation David Bélonie avait « les cheveux châtain foncé en partie décolorés par la teinture » et qu’il « portait un chapeau melon noir ».
Compte-rendu de l’interrogatoire de David Bélonie dans le Petit Journal du 20 mars 1912 Pages 1 et 2)
https://www.retronews.fr/journal/le-petit-journal/20-mar-1912/100/431477/2
Les membres de la Bande à Bonnot, qui appartenaient tous à un groupe anarchiste criminel, ont opéré en France et en Belgique en 1911 et 1912. Ce gang a utilisé une technologie de pointe, dont les automobiles et les fusils à répétition, qui n’étaient pas encore à la disposition de la police française.
Attaque de l’agence de la Société Générale à Chantilly par la bande à Bonnot (anarcho-illégaliste),
illustrée dans le supplément du Petit Journal (7 avril 1912)
Toute la page 1 du Petit Journal du 26 mars 1912 est consacrée à « la bande des voleurs d’automobiles »
https://www.retronews.fr/journal/le-petit-journal/26-mar-1912/100/431511/1
Initialement appelé par la presse simplement « Les Auto Bandits » ou encore « les bandits en automobile » (Titres du Petit Journal en avril 1912), ce groupe est ensuite appelé « La Bande à Bonnot » après que Jules Bonnot eut accordé une interview au Petit Parisien. La notoriété perçue de Jules Bonnot au sein du groupe a ensuite été renforcée par sa mort très médiatisée lors d’une fusillade avec la police française à Choisy-le-Roi.
Les derniers membres, en liberté, de la bande à Bonnot René Valet et Octave Garnier, traqués par la police, sont assiégés et tués à Nogent-sur-Marne.
Sur l’ensemble de la bande, vingt et un membres survivants sont jugés du 3 au 27 février 1913.
David Bélonie après son arrestation (tirage original : 13 cm x 9 cm)
(Document du 11 mars 1912 – Archives de la Préfecture de Police)
Fiche anthropométrique
Archives de la Préfecture de Police
David Bélonie a rendu service à Jules Bonnot pour lui trouver un logement, ainsi que pour transporter ses “bagages”. Il est arrêté le 11 mars 1912 Gare du Nord par des policiers qui surveillaient la consigne de la ligne Paris-Lille. Il avait sur lui 5000 francs de titres dérobés rue Ordener par Jules Bonnot (titres bancaires au porteur très difficiles à négocier).
Motif de son arrestation : détention des titres pris sur le garçon de recettes de la rue Ordener (1er braquage avec utilisation d’une automobile).
Inculpé d’homicide volontaire, vol et complicité, il échappe à la guillotine et est finalement condamné par la Cour d’assises de la Seine le 28 février 1913 pour complicité avec circonstances atténuantes à 4 ans de prison et dix ans d’interdiction de séjour.Carte postale allemande représentant une file d’attente devant le palais de justice de Paris lors du procès des survivants de la Bande à Bonnot (du 3 au 27 février 1913).
Portraits de Bernard Gorodesky, David Belonie, Antoine Gauzy, Edouard Carouy, André Soudy et Elie Monier.
Les accusés au tribunal lors du procès
David Bélonie est mort à la prison de Poissy, 19 rue de l’abbaye (Yvelines), le 22 janvier 1915 à l’âge de 29 ans à 10 h 50 du soir. Les raisons de ce décès ne sont pas connues.
A leur sortie de prison, après 1919, plusieurs complices de David Bélonie et Jules Bonnot se sont installés à Gignac dans la maison familiale de David Bélonie : leurs voisins immédiats, mais aussi les habitants de la commune et des communes environnantes n’étaient pas rassurés. « Le soir on se barricadait ! », témoignait leur voisine en 1984.