Catégorie : Histoire Page 2 of 6

Madame Claude sur Netflix : quelques souvenirs d’une époque cajarcoise

Madame Claude en 1977 (photo Sipa)

 

 

Au moment de la sortie du film consacré à cette femme discrète qui défraya la chronique dans les années 70, revenons sur les derniers moments de liberté de Fernande Grudet.

 

 

 

C’était le 31 décembre 1986, il y a exactement 29 ans. Fernande Grudet ne fit aucune difficulté quand les gendarmes sont venus la chercher dans sa maison de Cajarc, dans le Lot. Un détail que rapporta, à l’époque, le capitaine de gendarmerie Alix, commandant de compagnie. C’est lui, en exécution d’une contrainte par corps émanant du président du tribunal de grande instance de Paris, qui eut la difficile mission de conduire Fernande Grudet, alias Madame Claude, dans une des très vétustes geôles de la prison du Château du Roy, à Cahors. Un soir de réveillon passé dans une maison close, mais cette fois avec des barreaux aux fenêtres.

À Cajarc, Fernande se croyait protégée, mais le fisc n’attendait que son retour de l’étranger pour lui réclamer la modique somme de 11 millions de francs. Des arriérés d’impôt qui, dix ans auparavant, lui avaient déjà valu d’être condamnée à dix mois avec sursis pour fraude fiscale et douanière

Le soir du réveillon, Fernande Grudet a donc suivi les gendarmes, avant de tourner une dernière fois le regard vers sa maison aux volets clos située au lieu-dit «Gaillac», à quatre kilomètres de Cajarc. Une grange qu’elle restaurait avec soins, où s’affairaient encore l’électricien et le plombier, et qui jouxtait la propriété d’Olivier Guichard. Il arrivait que l’ancien ministre et baron du gaullisme rende visite à sa voisine, une femme qui ne s’épanchait guère.

Directrice de société
C’était l’époque où la commune avait l’habitude de croiser chez le boulanger plusieurs personnalités conquises par le petit village de la vallée du Lot. Comme le couple Pompidou qui fuyait de temps en temps les salons de l’Élysée pour rejoindre sa propriété du Prajoux. A Cajarc, on pouvait rencontrer aussi Françoise Sagan, née Quoirez, qui retrouvait la chaleur de la maison familiale située sur le tour de ville, ou bien encore le chanteur Guy Béart ou l’auteur de pièces à succès Marcel Mithois…

Sur ses papiers, Fernande Grudet était «directrice de société» ou «chargée de relations publiques». Une profession qu’elle savait décliner lorsqu’elle parlait avec les gens au hasard des rues. Celle qui avait défrayé les chroniques mondaines, qu’on appelait presque avec respect la «vestale des grands», affichait une totale discrétion, comme si elle avait résolument effacé son passé. «Dans la commune, elle était assez estimée, mais on ne se préoccupait guère de sa vie. On se souvient juste qu’elle recevait chez elle des femmes venues se reposer. C’était de très jolies filles qui avaient une grande classe. Dans Cajarc, on la voyait peu. Elle circulait dans une petite voiture et rendait visite à une amie fidèle, Madame Merle, qui était antiquaire. Elle avait noué également des relations avec Françoise Sagan et, surtout, avec son frère Jacques Quoirez. Un jour, le bruit a couru qu’il était parti vivre sur le causse, à Larnagol, justement avec une des femmes qu’il avait rencontrées chez Madame Claude», raconte Guy Mirabel. Aujourd’hui, ces témoins ont disparu. L’ancien maire se souvient du jour du 31 décembre où les gendarmes sont venus le prévenir qu’ils allaient interpeller Madame Fernande Grudet : «Que voulez-vous que je fasse. Je leur ai dit : eh bien, faites votre travail…» Guy Mirabel serait presque nostalgique quand il évoque ce passé où Cajarc aurait pu devenir le petit Saint-Tropez du Lot…

Et puis, il y a eu l’incarcération de Fernande Grudet à la maison d’arrêt, son procès au tribunal de Cahors, puis devant la cour d’appel d’Agen où l’instruction était assurée par le juge Brugières, et, enfin, le tribunal de Paris… Avant d’être libérée le 1er mai 1987, jour de la fête du Travail. La justice n’avait de cesse de faire tomber pour fraude fiscale et proxénétisme celle qui répétait : «dans la vie, il n’y a que deux choses qui marchent : le sexe et la bouffe…»

À Cahors, l’emprisonnement dura trois mois mais ne fut pas un enfer. Un de ses anciens avocats, le Cadurcien Philippe Mercadier, se souvient qu’elle bénéficiait d’une cellule particulière, avec salle de bain, avec une femme de ménage à sa disposition, mais aussi de vrais repas sortis tout droit des cuisines de «La Taverne», le meilleur restaurant de l’époque. «Le premier vendredi de son incarcération, Fernande Grudet m’avait dit non sans humour : «Vous vous rendez compte : on m’a servi, à moi, du maquereau !». Elle se plaignait parfois de sa femme de ménage qui lui rétorquait «Je n’ai que deux bras et deux jambes.» Elle répondait alors à son tour avec humour : «Moi aussi, si je n’avais eu que deux bras et deux jambes, je ne serais jamais arrivée où je suis arrivée…».

Ça ne s’invente pas.

 

(sources : La Dépêche du midi 23 décembre 2015)

Photo Bandeau : la grange de Cajarc

Le président Gaston Monnerville au Panthéon ?

Cette initiative lancée par Madame Huguette Tiegna, députée de la 2e circonscription du Lot a suscité de nombreuses réactions et notamment celle d’Edmond Jouve, Professeur émérite de l’Université Paris Descartes Sorbonne Paris Cité (aujourd’hui Université de Paris).
Edmond Jouve, enfant de Nadaillac-de-Rouge, lequel s’associe pleinement à cette démarche, est le créateur des colloques internationaux francophones du canton de Payrac (1991-2012) qui ont reçu plusieurs chefs d’Etat, ambassadeurs et représentants des principales organisations mondiales sur la Francophonie. La 5e édition (1995) a été consacrée  à Gaston Monnerville.

 

Chaque édition du colloque a sa photo de groupe qui réunit organisateurs et participants. Celle-ci est prise devant l’église de Payrac.

 

 

De très nombreuses personnalités, dont certaines avaient fait le déplacement depuis la Guyanne, sont intervenues pour fêter le grand homme. Citons les ministres Maurice Faure, René Monory, Jacques Augarde ainsi que les lotois (Martin Malvy, Jean Milhau, Edmond Massaud, Gérard Miquel…).

 

 

 

 


 

 

Les actes de ce colloque ont été publiés dans le cadre de la collection “Mondes francophones” par l’Association des Écrivains de Langue française.

 

 

 

Quelques compléments sur Gaston Monnerville

+ d’information sur Gaston Monnerville dans les pages de Quercy net

Gaston Monnerville, l’homme qui dit Non à de Gaulle (source Franceinfo)

9 mai 1915 : 8 lotois tués lors du premier assaut de la seconde bataille d’Artois

 

 

 

 

 

 

 

L’assaut du Labyrinthe du 9 mai 1915 ; une chronique d’un massacre annoncé.

Le 9 mai 1915, entre Notre Dame de Lorette et Roclencourt, sur un front large de 10 kilomètres, l’armée française déclenche la deuxième offensive d’Artois.

Dans l’esprit du haut commandement français, cette offensive au nord d’Arras doit être la bataille de rupture qui permettra de percer la ligne de défense ennemie, s’emparer du plateau de Vimy et contrôler la plaine minière de Lens. Puis, par un jeu de dominos, faire vaciller tout le front Allemand de la mer du Nord jusqu’aux Vosges.

Le général Joffre se donne les moyens matériels et humains de cet assaut qui sera conduit par les unités de la Xe armée du général d’Urbal. La Xe armée aligne sept corps d’armée contre trois corps d’armée de la VIe armée allemande et pour la première fois de la guerre une supériorité en artillerie écrasante.

Mais pour conquérir le sud-est du plateau de Vimy, deux obstacles difficiles se dressent ; le village de Neuville-Saint-Vaast et le Labyrinthe. 

Le Labyrinthe ? Un réseau de tranchées, d’abris, de fortins et d’ouvrages défensifs garnis de mitrailleuses et de canons situé au nord d’Arras. Il s’étend sur deux kilomètres de côté et forme un saillant entre Ecurie et Neuville-Saint-Vaast.

De rares officiers supérieurs estiment que le Labyrinthe en l’état est imprenable. Ce 9 mai, il le fut.

Une attaque frontale par le 26e régiment d’infanterie occasionne plus de 700 pertes humaines en … 10 minutes ! Son contournement par l’ouest grâce à une percée difficile du fortin de la Maison Blanche sise sur la route d’Arras-Béthune ne l’ébranle pas. Il faudra des semaines ininterrompues de combat pour le capturer le 17 juin 1915 au moment où la bataille d’Artois s’affaiblit avec des résultats limités.

 

Le récit historique portant sur la deuxième bataille de l’Artois en mai 1915, vient d’être publié dans le magazine “TRANCHEES” Hors Série n° 20.

Il s’intitule : Artois, le 9 mai 1915. Les combats du Labyrinthe

Le magazine est disponible depuis le 27 mars 2021 dans les kiosques et librairies. Il peut être également commandé chez l’éditeur : www.ysec.fr

Cette contribution est doublée d’une publication au format livre chez le même éditeur (disponible également dans les librairies et commerces de vente en ligne : Fnac, Amazon etc.)

Dans son écrit de 82 pages, l’auteur Vincent HERPIN, que nous remercions pour sa communication, relate l’assaut meurtrier du Labyrinthe (réseau de tranchées et d’ouvrages défensifs) au nord d’Arras le 9 mai 1915. L’ouvrage est par ailleurs richement illustré avec des photographies ou des cartes légendées.

En annexe, sont identifiés l’ensemble des soldats français et allemands tués ce jour lors de l’assaut du « Labyrinthe » ; plus de 1 000 soldats.

Soldats tués le 9 mai 1915
Résidence Nom Prénom Age Date Naissance Naissance Régiment
Cahors SIMET Ernest 22 ans 23/05/1892 Cahors 011 RI
Cahors TEULET Auguste 23 ans 23/07/1891 Saint-Germain-les-Belles 011 RI
Duravel GUIGNES Jean 26 ans 09/06/1888 Duravel 011 RI
Martel VAUX Augustin 23 ans 24/04/1882 Martel 011 RI
Montcuq BOUSQUET Joseph 26 ans 01/09/1888 Castelnau-Montratier 011 RI
St-Médard-Presque MARCILHAC Henri 20 ans 13/10/1894 Saint-Médard-de-Presque 011 RI
Tauriac BRUYERE Jean 26 ans 26/04/1889 Tauriac 011 RI
Vidaillac SAVIGNAC Léopold 28 ans 11/11/1886 Vidaillac 011 RI

Les constructions de Rocamadour

Le village de Rocamadour est largement commenté pour son haut lieu religieux.

Il en est moins sur sa construction qui a été probablement une prouesse humaine et technique pour une réalisation datant du moyen âge.
Les édifices se confondent voire s’incrustent dans la falaise ce qui offre un ensemble très minéral et imposant sur plus de 120 mètres de hauteur.

Baignée au gré de la lumière et des couleurs la cité offre une photo hors du commun.

Merci à Yves MARGUIN pour sa publication sur Quercy Net et sa vidéo.

Il y a 120 ans, le Grand Biorama s’installait à Cahors…

Le maréorama, une attraction de l’Exposition universelle de 1900

Les avancées de la science avec la conquête de la planète Mars, nous rappellent avec ces inventions telles que le Cinéorama, le Maréorama, l’Omophone… qui, de ville en ville et sur les allées Fénelon pour Cahors offrait aux cadurciens, le dimanche 17 février 1901 à 20h30, une première rencontre avec le cinéma. “Ils touchent du doigt  ce qui a excité l’imagination de millions de visiteurs à l’Exposition universelle de Paris quelques mois plus tôt : La Lune à 1 mètre, un instrument d’astronomie donnant l’impression d’observer la Lune à 58 kilomètres ! Méliès en a tourné un film, en 1898…”.

La Lune n’était pas, à cette époque, la seule découverte offerte par cette tournée ; il y avait aussi les guerres, la vie des grands de ce monde, les attractions des grands cabarets parisiens…

Ces commis-voyageurs du sensationnel ont été remplacés, il y a bien longtemps, par la retransmission en direct d’exploits “toujours plus haut, plus fort” en venant s’inviter dans notre intimité. Mais l’écran cathodique installé dans le salon est dépassé. Tablettes et surtout les smartphones nous accompagnent dans tous nos déplacements et nous font “trop” souvent oublier qu’il suffit par temps clair de regarder le ciel pour de belles découvertes avec un peu d’imagination.

Plaidoyer de Jean Jaurès pour l’enseignement de l’occitan

Un article de Jean Jaurès

“Pourquoi ne pas profiter de ce que la plupart des enfants de nos écoles connaissent et parlent encore ce qu’on appelle d’un nom grossier “le patois” ? Ce ne serait pas négliger le français : ce serait le mieux apprendre au contraire que le comparer familièrement dans son vocabulaire, dans sa syntaxe, dans ses moyens d’expression, avec le languedocien et le provençal.

Ce serait pour le peuple de France et du Midi, le sujet de l’étude linguistique la plus vivante, la plus familière, la plus féconde pour l’esprit. Par là serait exercée cette faculté de comparaison et de discernement, cette habitude de saisir entre deux objets voisins les ressemblances et les différences qui est le fond même de l’intelligence. par là aussi, le peuple de notre France méridionale connaîtrait un sentiment plus direct, plus intime, plus profond de nos origines latines.

Même sans apprendre le latin, il serait conduit par la comparaison méthodique du français, du languedocien et du provençal, à entrevoir, à reconnaître le fonds commun de latinité d’où émanèrent le dialecte du Nord et le dialecte du Midi. Les siècles d’histoires s’éclaireraient en lui et, penché sur cet abîme, il entendrait le murmure lointain des sources profondes. Et tout ce qui donne de la profondeur à la vie est un grand bien (…)

Le parler de Rome a disparu mais il demeure jusque dans le patois de nos paysans, comme si leurs pauvres chaumières étaient bâties avec des pierres des palais romains. Du même coup, ce qu’on appelle le “patois” est relevé et magnifié. Il serait facile aux éducateurs, aux maîtres de nos écoles, de montrer comment aux XIIe et XIIIe siècles, le dialecte du Midi était un noble langage de courtoisie, de poésie et d’art, et comment il a perdu le gouvernement des esprits par la primauté politique de la France du nord.

Mais, que de merveilleuses ressources subsistent en lui ! Il est l’un des rameaux de cet arbre magnifique qui couvre de ses feuilles bruissantes, l’Europe du soleil, l’Italie, l’Espagne, le Portugal. Quiconque connaîtrait bien notre languedocien et serait averti par quelques exemples des particularités phonétiques qui le distinguent de l’italien, du portugais, de l’espagnol, serait en état d’apprendre très vite l’une de ces langues (…)

Dans les quelques jours que j’ai passé à Lisbonne, il m’a semblé plus d’une fois, à entendre dans les rues les vifs propos, les joyeux appels du peuple, à lire les enseignes des boutiques, que je me promenais dans Toulouse, mais une Toulouse qui serait restée une Capitale et qui n’aurait pas subi dans sa langue une déchirure histérique, et qui aurait gardé, sur le fronton de ses édifices, comme à la devanture de ses plus modestes boutiques, aux plus glorieuses comme aux plus humbles enseigne, ces mots d’autrefois populaires et royaux (…)

J’aimerai bien que les instituteurs, dans leurs congrès, mettent cette question à l’étude. C’est de Lisbonne que j’écris ces lignes, au moment de partir pour un lointain voyage où je retrouverai, de l’autre côté de l’Atlantique, le génie latin en plein épanouissement. C’est de la pointe de l’Europe latine que j’envoie à notre France du Midi cette pensée filiale, cet acte de foi en l’avenir, ce voeu de l’enrichissement de la France totale par une meilleure mise en oeuvre des richesses du Midi latin”

Jean Jaurès   La Dépêche de Toulouse Août 1911

Un conte occitan de ÒC Tele

Òc tele propose chaque semaine un conte en occitan à ses visiteurs !  https://www.octele.com/

Comme le chemin de Compostelle passe par le Quercy, nous vous proposons d’écouter un Conte du gascon  David GrosclaudeLo pelegrin de pèira  Le pélerin de pierre

N’oubliez pas d’activer les sous-titres si vous souhaitez la traduction en français

Qué vòl dire ?

Dans certains cas, l’occitan explique des noms de localités ou de familles. c’est ce que nous allons voir 

Cahors, Quercy, Carcin, carcinòlquercynois ou quercinois ?

Au temps où notre territoire était une colonie romaine, les habitants ont été appelés Cadurci par les colons. La ville était Divona en latin, puis Civitas Cadurcorum, puis Cadurcum au IX° ; au XIII° cela évolua vers Cauricio, Caours, Caurs. Ara avèm Cahors qu’escrivèm Caors en òc (pr.”co-our”). Maintenant nous avons Cahors.

Eugène Pujol

Los estatjants de Caors son los Caorcencs o los Caorsins (prononcé. “co-oursi”). Cela viendrait du bas-latin cadurcensis. Au Moyen Âge le mot caorsin est devenu synonyme d’usurier, ceux qui faisaient métier de prêter de l’argent, tant cette profession était célèbre à Cahors.

Les “Cadurques”, Cadurci, gagnèrent la finale -inus pour devenir cadurcinu(m) qui a donné en occitan actuel Carcin, prononcé “karsi” (le Quercy) et carcinòl, prononcé “karsinol” (quercinois, l’adjectif et l’habitant du lieu). Précisons en passant qu’en occitan les noms de lieux tels que pays, rivières, etc, ne sont pas précédés de l’article.

Eh oui ! On écrit quercinois, ou plutôt “on devrait écrire”. L’écriture de l’adjectif quercynois pourrait bien être une faute d’orthographe…

Un carcin est un pòrc vengut de Carcin e un carcinon qu’es un formatge.

Espédaillac, Village des Causses du Quercy

“Au coeur des causses du Quercy, Espédaillac fait figure d’emblème. Le paysage villageois modelé au fil de l’histoire par des organisations sociales et des pratiques essentiellement tournées vers l’élevage, témoigne de la mise en valeur d’un terroir difficile….”

Cette phrase sous la plume de l’équipe du CAUE du Lot (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement) qui a consacré une étude sur ce territoire, témoigne d’un passé encore très présent, préservé par la position du village loin des grands axes de passage.

La commission Patrimoine qui a recensé tout ce que le village peut porter comme témoignages depuis les premiers siècles jusqu’à des temps contemporains, devrait nous livrer au printemps 2021, la quintessence de son travail sous la forme d’un ouvrage sous-titré “Histoire et Patrimoine”.

Les éditions édicausse, qui ne publient que des ouvrages consacrés au Quercy ont en charge sa réalisation et sa publication prévue courant avril 2021. La création de la couverture et la mise en page ont été confiées à Jérôme Soleil, graphiste. Une souscription ouverte jusqu’au 15 mars, d’ores et déjà accessible, permet d’acquérir cet ouvrage au prix de 20 € au lieu de 25.

Sommaire complet de l’ouvrage accessible en cliquant CE LIEN

Le Quercy, dernier repaire d’André Breton

Titre d’un des 3 sujets diffusés par la chaîne ARTE dans le cadre de l’émission “Invitation au voyage”.

Le village est filmé à son avantage et plusieurs intervenants ajoutent leurs commentaires : on y retrouve avec plaisir Alain Prillard, ancien locataire du village, qui, contrairement à André Breton, a souhaité “se désirer ailleurs !”, sans doute pour éviter la perversion commerciale qui inonde notre joli village.

Disponible du 08/12/2020 au 12/02/2021
Prochaine diffusion le mardi 15 décembre à 16 h 30

N’oublions jamais

 

En ces temps de commémoration, revenons quelques mois en arrière, principalement le 19 juillet, lors de cette Journée nationale pour évoquer les traces visibles en permanence des témoignages tels que les monuments et les plaques mémorielles.

 

Cette plaque répondait à une note du Ministre des Anciens Combattants et Victimes de Guerre dans l’application du décret n°93-150 du 3 février 1993 instituant l’organisation d’une journée nationale commémorative en hommage aux « victimes de la République française en hommage aux victimes des persécutions racistes et antisémites et des crimes contre l’humanité commis sous l’autorité de fait dite « Gouvernement de l’État français ». Cette plaque a été apposée, côté cour d’honneur de l’ancienne caserne, le 18 juillet 1993, sur la façade de l’ancien Musée de la Résistance, de la Déportation et de la Libération du Lot, déposée et entreposée dans les réserves de ce même Musée, le 24 juillet 2018.

Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’Etat français et d’hommage aux « Justes » de France

Vous qui passez dans me voir…

Nous profitons des célébrations Gambetta sans oublier le conflit de 70, pour publier ce texte conservé dans nos archives et qui concerne la ville de Figeac.

A PROPOS DU CENTENAIRE D’UN MONUMENT ÉRIGÉ A LA MEMOIRE D’UN SAINT-CYRIEN ET DES COMBATTANTS DE LA GUERRE DE 1870-71

Un monument imposant situé place de la Raison, au cœur de Figeac, chef lieu d’un arrondissement du Lot,  dispute l’intérêt du passant  à un obélisque érigé à la mémoire de Champollion, la gloire de cette belle « Ville d’art et d’Histoire ».

Rares pourtant sont ceux qui ont la curiosité de s’approcher de ce monument érigé sur un emplacement offert par la ville de Figeac et qui fut inauguré avec solennité le 7 juillet 1907. Plus rares encore sont ceux qui s’intéressent à ce qu’il représente.

Et pourtant, il rappelle des évènements douloureux  qu’il faudrait garder en mémoire et, depuis cent ans, c’est à son ombre que se déroulent les cérémonies patriotiques locales et devant lui que s’inclinent les drapeaux des anciens combattants.

Une monographie (1) évoque en ces termes « le monument des combattants de 1870-71 » : « Inauguré à Figeac le 7 juillet 1907, il a été érigé, par souscription publique, au Capitaine Anglade né à Figeac le 14 novembre  1835 et tué à la bataille de Froesviller, et aux enfants de l’arrondissement morts pour la défense de la patrie (1870-1871). C’est l’œuvre du statuaire Auguste Seysse(2), dont le plâtre avait été vivement admiré, l’année 1906, au Salon de la société des artistes français. L’ensemble est d’un effet saisissant pour tous les visiteurs. Ce monument remarquable consiste en un socle de granit très fin de Dijon : la face antérieure offre un  bas-relief  reproduisant un épisode de la bataille de Froesviller (6 août 1870) où le 2ème régiment de tirailleurs algériens se signala par l’abnégation de tous ses soldats, leur mépris de la mort, leur ténacité sous le feu ennemi, leur audace dans la charge. « Ce sont des démons. » criaient ce jour la les allemands affolés et terrifiés par ces hommes noirs couverts de sang et de poudre. Au dessus du socle, le capitaine Anglade est représenté debout, dans une attitude à la fois simple et martiale, fière mais sans forfanterie ; il tient des deux mains son sabre et semble attendre l’ennemi. Son visage, que tous ses anciens camarades trouvent d’une ressemblance parfaite, exprime une mâle décision et une énergie qui défie les menaces. Autour de lui sont groupés un mobile du Lot qui met un ennemi en joue, un tirailleur qui tient le drapeau haut et ferme, et enfin un artilleur expirant. Toutes les physionomies, toutes les attitudes sont du meilleur réalisme et contribuent à faire de l’œuvre, coulée en bronze, un monument vraiment digne de la pensée patriotique qui l’a inspiré »

Ce monument honore donc les soldats de l’armée impériale, et notamment  les tirailleurs algériens que l’on appelait les turcos, ainsi que ceux de la Garde Nationale Mobile engagée contre l’ennemi par Gambetta et le Gouvernement provisoire de la Défense Nationale.

Mais qui était le Capitaine Anglade et quelle est la source de l’inspiration de l’artiste qui réalisa,  plus de trente ans après les faits, cette œuvre remarquable par sa taille et le souffle qui s’en dégage ?

Le dossier de cet officier et l’historique du 2ème régiment de tirailleurs algériens (2ème RTA) consultés au service historique de la défense permettent de répondre  à ces questions et ménagent  aussi quelques surprises.

Qui était le Capitaine Anglade ? 

Second fils d’une famille de commerçants assez aisés, Pierre, Auguste Anglade nait le 6 novembre 1835 à Figeac où ses parents sont installés. A l’issue de ses études au collège de la ville, il souscrit  en octobre 1855 un acte d’engagement préalable à son admission à l’ « Ecole Impériale Spéciale Militaire ». A sa sortie de Saint-Cyr, il est affecté comme sous-lieutenant au 49ème régiment d’infanterie de ligne par décret du 1er octobre 1857. Il fera campagne en Italie – Magenta et Solférino – avec son régiment du 29 avril au 29 juillet 1859 et recevra la médaille d’Italie et celle de la valeur militaire de Sardaigne.  Il demeurera jusqu’en 1865 au 49ème de ligne alors en garnison à Limoges, date à laquelle il demande de permuter avec un officier du 2ème régiment de tirailleurs algériens de Mostaganem plus jeune en grade que lui.

 Le rapport transmis au ministre et au visa de l’aide de camp de l’Empereur est ainsi rédigé : « M. M. Anglade et Jacob demandent à permuter entre eux pour convenances personnelles. M. Anglade, plus ancien de grade que M.  Jacob, renonce à son ancienneté pour prendre au 2ème régiment de tirailleurs le rang qu’y occupe ce dernier. Les deux colonels ont donné leur consentement.

Cette demande étant régulière, on propose au Ministre d’autoriser la dite permutation qui donnera droit à l’indemnité de route et à la gratification d’entrée en campagne conformément aux dispositions de l’article 9 du décret du 3 février 1852. »

C’est au sein du 2ème Régiment de tirailleurs algériens,  qu’il rejoint en 1865 et où il servira jusqu’à sa mort, que se scellera le destin de Pierre, Auguste Anglade.

Quelle est la source de l’inspiration de l’artiste qui réalisa  plus de trente ans après les faits cette statue remarquable par sa taille et le souffle qui s’en dégage ? 

L’historique du 2ème RTA rapporte deux des faits les plus marquants de la bataille de Woerth qui sont rappelés par le monument.

Embarqué à Oran le 21 juillet 1870, le gros du 2ème RTA débarque à Marseille le 24 et arrive à Strasbourg  le 26. Il prend position le 4 août avec le Ier Corps de l’Armée du Rhin que commande le Maréchal de Mac Mahon sur le plateau de Froeswiller, non loin de Woerth.

La bataille s’engage le 6 au matin et les français vont lutter à plus de deux contre un. Le 2ème RTA qui occupe un éperon boisé, position forte du dispositif, repousse toute la journée les assauts répétés des prussiens et des bavarois appuyés par une redoutable artillerie. Il réplique inlassablement à ces assauts par de furieuses charges à la baïonnette qui rejettent chaque fois l’ennemi en désordre dans la vallée mais éclaircissent les rangs des tirailleurs. Le repli de ses voisins accablés sous le nombre des assaillants rend sa situation désespérée. Son chef de corps, le colonel de Suzzoni, décide alors de renvoyer à l’arrière le sous-lieutenant Valès, porte drapeau. Lui-même n’ayant pas reçu d’ordre de repli  meurt peu après, dans une ultime charge qu’il entraine. Nul ne songe à cesser de défendre la position alors que, submergée par le nombre, l’armée se replie grâce au sacrifice des cuirassiers.

Les restes du régiment fragmentés par le combat, se retranchent dans le bois et font face. « Les turcos, ivres de poudre, furieux de rage, travaillaient terriblement de leurs larges baïonnettes et ne lâchaient leurs derniers coups de feu que sur la peau de leurs adversaires ».

C’est à ce moment que se situe le geste héroïque que rapporte ainsi l’historique du régiment. « Une trentaine d’hommes réunis autour du  Lieutenant Anglade, tout ce qui reste de la 5ème du 1er, se trouvent de même isolés de leurs camarades et cernés par une masse de plusieurs centaines de bavarois. On les fusille à 100 mètres, ils n’ont plus de munitions, il n’y a plus qu’à mourir….. Un major bavarois s’élance disant en français :
– Bas les armes, la résistance est impossible !
– Je vais te faire voir, crie Anglade. – En avant !

Les turcos s’élancent. Anglade rejoint le major et lui plonge son sabre dans la poitrine mais il n’a même pas le temps de le retirer, il est percé de coups et ses hommes qui l’ont tous suivi, tombent un à un dans une suprême lutte à la baïonnette. »

A cinq heures, le régiment n’existe plus. 8 officiers et 441 hommes échappés presque isolément survivent à l’agonie du régiment. Ils combattront encore à Sedan. « Quand au drapeau, le dévouement de sa garde l’empêcha d’être englouti dans cette horrible tourmente » Après des péripéties sans nombre, ce glorieux trophée porté par le sergent Abd el Kader ben Dekkish arrive à Strasbourg le 9 au soir. A la capitulation de la ville, les lieutenants Bontoux et Valès se le partagent et l’emportent en captivité. Le sous-lieutenant Valès parvient à le dérober aux yeux des prussiens et, à son retour en France, rapporte le drapeau qui lui avait été confié. En récompense, il en reçut la moitié de la cravate qu’un de ses descendants rendit en 1948 pour compléter le drapeau qui serait exposé aux Invalides (3).

L’artiste a donc rappelé le geste héroïque de Pierre Auguste Anglade mais aussi le courage légendaire des turcos en représentant le sergent Abd el Kader ben Dekkish qui porte fièrement le drapeau du régiment qu’il contribua à sauver.  L’artilleur blessé rappelle peut-être la batterie d’artillerie et celle de mitrailleuses qui se trouvaient en arrière du régiment et furent terriblement maltraitées, selon l’historique du 2ème RTA, par les canons Krupp de l’artillerie prussienne.

Le mobile qui met en joue un adversaire serait un figeacois nommé Delpech. La Garde Nationale Mobile n’a pas participé à la bataille de Woerth. Sa présence se justifie par le fait que le monument a aussi été érigé à la mémoire des 187 enfants de l’arrondissement de Figeac morts pour la Patrie dont la liste figure, par canton et commune, sur les plaques de marbre fixées sur les faces latérales et arrière du socle du monument.

Mais demeure une question qui justifia des courriers au ministère d’un parent de Pierre Auguste Anglade, d’un sénateur lotois et in fine du préfet du Lot quand le projet d’érection du monument se précisa.

Le héros était il lieutenant, comme l’indique l’historique, ou capitaine ?

La réponse se trouve dans le dossier de cet officier où l’on trouve, outre les correspondances précitées, la minute de l’acte de sa nomination au grade de capitaine par décret du 4 août 1870. Cette nomination ne pouvait être connue le 6 août ni du chef de corps ni de l’intéressé. Sans doute ne l’était elle pas non plus du rédacteur de l’historique.

Si Pierre Auguste Anglade est mort avec les galons de lieutenant,  il était donc  bien Capitaine.

Une légende (4)  veut que des brancardiers allemands aient relevé sur les lieux des derniers combats du 2ème RTA le corps d’un capitaine, donné pour Anglade, tenant dans sa main une lettre de sa fille Marguerite.

Ce point est douteux. D’une part  aucune trace de cet enfant ne figure dans son dossier, d’autre part Anglade portait le 6 août des galons de lieutenant.

Observons  toutefois que la mère du Capitaine Anglade s’appelait aussi Marguerite……

Rappelons enfin, en guise de conclusion, que le Capitaine Anglade  a été enterré dans une fosse commune avec ses hommes, à l’endroit même où il mourut.  La croix qui fut érigée après la guerre de 1870 porte la mention :

Aux braves Turcos.
Ici repose mon fils
P. Auguste Anglade
Capitaine des Turcos
Mort au champ d’honneur
Le 6 août 1870
A l’âge de 34 ans.

NOTES :

(1) Rédigée par monsieur Lucien Cavalié Pages 21 et 22 et éditée à Figeac (Imprimerie Goutel)
(2) Sculpteur et graveur en médailles de l’école française, né à Toulouse en 1862. Elève de Falguière, il expose aux artistes français depuis 1884. Médaille d’argent à l’exposition de 1900 et à celle de 1937. Sociétaire hors concours. Chevalier de la Légion d’honneur en 1900, officier en 1932. On lui doit notamment les « Arts du théâtre » et les « Arts du dessin » au Grand palais à Paris.
(3) D’après une étude du Colonel Bergue conservée aux archives municipales de Figeac.
(4) Encore rapportée tout récemment dans un article de Philippe Tomasetti dans le n° 34 de la revue du cercle d’histoire et d’archéologie de l’Alsace du nord « L’Outre-Forêt » II-2006. : « Entre légendes, vérités historiques et confusions : les maisons des Turcos, près de Woerth »

Article de Jean-Pierre BAUX, paru dans la Revue Le CASOAR, N° 185, Avril 2007.
Photos : J.-P. Baux

Célébrations Gambetta : un nouvel ouvrage “lotois” à paraître

Léon Gambetta dont le nom est présent dans presque toutes les communes de France a fait couler beaucoup d’encre et pourtant les 44 années de sa courte vie passionnent encore aujourd’hui. Cadurcien de naissance, il ne cessera de gravir une à une les marches de la renommée et la seule évocation de son nom mobilise. De prétoires en assemblées, en passant par les liesses populaires lors de ses tournées, tous se pressent pour écouter le tribun. Les joutes politiques font son quotidien et ses relations au plus haut sommet de l’Etat, même parmi ses “amis”, lui porteront le plus souvent, ombrage et défaveur.

Mais Gambetta entretient aussi des relations avec les femmes. Mais peut-être est-ce plutôt l’intérêt du beau sexe pour ce personnage qui avait autant besoin d’une seconde mère sans pour autant refuser qu’elle prit les habits d’une maîtresse ou courtisane. Certes, plusieurs noms entoureront notre “défenseur du territoire” mais celui de Léonie Léon entraînera Gambetta dans une “passion juvénile” qui persistera jusqu’à la mort. En sont témoins près de trois mille lettres, presque toutes passionnées. S’y mêlera une éloquence de tribune que Léonie accompagne à souhait …

L’ouvrage propose sous la plume d’un “ancien” professeur du Lycée Gambetta de Cahors agrégé de grammaire, Maurice Rouget (1912-2002), une lecture où la passion amoureuse de Gambetta et Léonie Léon et son arrière-fond politique ont scellé à jamais leur destin et celui de la France.

Préfacé par Etienne Baux, l’ouvrage sera illustré par une riche iconographie issue de la très belle collection personnelle de Jean-Michel Rivière, Président de l’Amicale des Anciens Elèves du Lycée et Collège Gambetta. Un album souvenir composé de photos, cartes postales et documents d’époque viendra compléter cet ensemble. Une carte postale numérotée, dessinée par l’artiste plasticien Christian Verdun, sera offerte aux seuls souscripteurs.

SOUSCRIPTION VALABLE JUSQU’AU 15 NOVEMBRE / PARUTION DECEMBRE 2020

BULLETIN DE SOUSCRIPTION DISPONIBLE EN CLIQUANT CE LIEN

+ d’information sur le site des éditions édicausse avec possibilité de souscription avec paiement en ligne

Lancement des célébrations du 150e anniversaire de la Proclamation de la IIIe République par Léon Gambetta 

Vendredi 4 septembre à 11h, dépose d’une gerbe devant le Monument Gambetta, suivie de l’inauguration de l’exposition “La statuaire commémorative : Cahors, le Monument Gambetta”, place François-Mitterrand

La ville de Cahors, l’Université Pour Tous Cahors en Quercy, la Société des Études du Lot, l’Amicale des Anciens Élèves du Lycée et du Collège Gambetta, le collège Gambetta et l’ensemble scolaire Saint-Étienne s’associent pour proposer une grande variété d’animations dont le programme vient de paraître.

Le programme est d’ores et déjà disponible en ligne (cliquez CE LIEN) et vous pourrez vous le procurer en version papier dès le 2 septembre dans les principaux lieux d’accueil du public.

Renseignements :
> Maison du patrimoine  8, rue de la Halle  46000 Cahors 05 65 20 88 91
> Office de Tourisme Cahors-Vallée du Lot, Villa Cahors-Malbec Place François Mitterrand, 46000 Cahors 05 65 53 20 65

Un hapax, qué és acô ?

Un PEN en est un s’il s’agit d’un jardin.  Mystères du latin des notaires de Montcuq au Moyen-Age !

PEN est un vieux mot descriptif de formes du relief, un « fossile » linguistique, paléo-linguistique disent les spécialistes, toujours vivant en Occitan local.
A St-Pantaléon, Feu Mr Laniès, décédé il y a peu, désignait ainsi les « têtes » de causses formant des “Pechs», des «hauteurs dominantes», avançant vers la Vallée de la (Petite) Barguelonne et surplombant celle-ci. A St-Géniès la butte calcaire, très aride, portant le vieux castel des sires locaux médiévaux porte toujours le nom de Penne, écrit en Oc ancien tantôt  “Penna” (Pénno en Oc parlé) ou, très souvent dans les vieux actes, «PEN».

Pour les linguistes et historiens-linguistes «PEN» est un mot, une forme » chargée de sens, vivante en Occitan où elle s’est conservée mais qui nous vient des langues de la Préhistoire et des premiers agriculteurs-éleveurs, des plus anciens Paysans du Grand Sud de la France actuelle et de tout le Bassin Méditerranéen. Langues auxquelles appartient, par exemple, le mot CUQ, nom primitif de la hauteur isolée à sommet rocheux et rond comme un crâne (une butte-témoin pour les géographes) qui devint «MONT CUQ» aux temps des Comtes de Toulouse et Quercy (850-1249).

Un «PEN», butte aride et rocheuse, dépourvue de sols cultivables, est donc tout sauf un site propice au jardinage maraîcher. Or, c’est précisément ainsi que les vieux notaires d’Ancien Régime et du Moyen-Age désignaient à Montcuq, MAIS SEULEMENT au Bàrri de Nârcés(dont le nom signifie «lieu aux sols gorgés d’eaux», chose très vraie à Nârcés !), les jardins aux bonnes terres cultivables et aux sols riches en eaux et en sources, et jardins clos de murs de pierres sèches.

Les vieux actes concernent des jardins alors sis à droite, en descendant vers «St-Jean», de l’actuelle «Rue du Faubourg de Nârcés» alors dite «Carriera Vielha» del Bàrri de Nârcés (Carriéro byélyo en Oc parlé, accent tonique à l’espagnole ou à l’italienne). Ces jardins s’étendaient dans la Combe del Rîu de Léyret (RÎw dé Léyrétt) 1, petit cours d’eau intermittent, saisonnier, hivernal, naissant, surgissant périodiquement et coulant dans ce qui est devenu un chemin passant en contre-bas et à l’ouest du Centre Médico-Social et de l’Espace d’Animation et ruisseau descendant vers la Petite Barguelonne (qu’il rejoint au Pont de Belle Dent , lorsque l’on va vers Gàyrac).

On est donc là en aires de bonnes terres agricoles et riches en eaux que draine ce ruisseau. Or les notaires appellent PENs (BUTTES ROCHEUSES arides, impropres à la culture), les jardins gras et fertiles établis en cette combe ! Mystère du vocabulaire technique des habitants de Montcuq qui y avaient là des jardins ? Terme propre au vocabulaire juridique donc de sens précis et créateur de Droits et d’obligations, des notaires ? Questions de Droit Privé Ancien dans un pays régi par la Charte des Coutumes de Montcuq et par le Droit Romain ?

Pour les linguistes, ce pourrait être un terme UNIQUE rencontré UNE SEULE FOIS ou DANS UN SEUL LIEU et avec un sens inconnu ailleurs. On appelle cela un «HAPAX»… Lisant quelques pages de l’ouvrage d’Andrew Lewis sur les Capétiens et la Formation de l’Etat Royal Dynastique, intitulé «le Sang Royal», je suis tombé sur une citation qui pourrait être éclairante. Les scribes de la Chancellerie Royale, en Latin des Pays d’OÏL (Île-de-France) écrivaient parfois «appenagium» pour «apanagium» (apanage : terres ,droits seigneuriaux du Domaine Royal concédés par le Roi à ses fils cadets ou à ses frères). Appenagium révèle une étymologie latine en «ad Penagium», littéralement «POUR LE PENage, à Titre de PENage». Un «Penagium» était donc, les latinistes acquiesceront sans réticence, un «ensemble de droits» établis, centrés sur un «PEN». «PEN» était donc en vocabulaire des juristes médiévaux du Moult Doulx. L’origine est là aussi bien plus ancienne que l’Occitan ,le Latin, le Gaulois, on dit de ces mots (PEN, CUQ, LIGER) qu’ils sont “pré-indoeuropéen”. Ils furent ceux de langues répandues dans tout notre Grand Sud et dont il nous reste le “BASQUE” ! Ce furent les parlers des populations dites Ibéro-aquitaines qui s’étendaient jusqu’à la Loire ou presque… Royaulme de Francia Occidentalis le noyau fondateur, la base, le fondement, d’un «CORPUS» de DROITS réservés aux héritiers secondaires d’un Patrimoine, aux CADETS ainsi investis de biens et droits à eux laissés par leur père ou par leur frère aîné.

L’introduction de cette «institution» de Droit Privé en Pays d’Oc et ici à MONTCUQ et seulement au Bàrri (Quartier/Faubourg) de Nârcés n’est pas sans ouvrir bien des perspectives…

Cette «institution» est -elle «indigène» ? Propre à ce lieu ou introduite ?

S’agirait-il d’un legs paléo-juridique hérité de systèmes juridiques bien plus anciens ? Normes, coutumes, pratiques des Ibéro-Aquitains proto-historiques ? Ne souriez pas ! Les généalogistes et notaires actuels ont remarqué la persistance et rémanence en nos pays Carcinols de coutumes juridiques successorales propres aux populations ibériques anciennes et toujours observées en Gascogne (entre Garonne et Pyrénées ) et Pyrénées du Roussillon au Pays Basque et à la Galice : les filles aînées héritent de tout le «Patrimoine» (qui est plutôt là un «Matrimoine» !) et reprennent alors le nom de leur grand-mère maternelle : les biens se transmettent en ligne féminine….

S’agirait-il d’une application au droit privé local de pratiques imitées de celles des Capétiens ? OR déjà les COMTES Raymondéncs de Toulouse, seigneurs directs (et SOUVERAINS) de Montcuq pratiquaient l’institution d’apanages («appenagium» ?) en faveur de leurs fils et frères cadets (légitimes ou pas) : origine des Vicomtes de Toulouse-Bruniquel-Monclar (éteints fin 17ème siècle) et même de leurs filles et soeurs… (origine, indirecte, des vicomtes de Toulouse-Lautrec)

On aurait donc là, peut-être, à Montcuq, indice de la pratique de l’institution d’héritiers secondaires investis de biens concédés aux cadets et imputés sur le patrimoine principal laissé par le “Pater Familias”…

Affaire à creuser davantage…

F-X Nardou, Montcuq, 17 Août 2020.

 

1 Ce ruisseau, dont le nom est de même étymologie et sens que «Loiret», le Petit Loir, le Petit Liger latin (Liger à prononcer “Liguèrr”, pas «Lijé» !)

Page 2 of 6

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén