Outre le sonnet, qu’il a contribué à imposer, Clément Marot est l’inventeur d’un jeu littéraire : le blason.
Blasonner, initialement, consiste à détailler et expliquer les armoiries d’un écu. Ici, les poètes rivalisent en chantant à leur tour telle ou telle partie du corps féminin.
Le blason du beau tétin Épigrammes (1535) (Extrait)
Tétin refait, plus blanc qu’un œuf, (1)
Tétin de satin blanc tout neuf,
Toi qui fait honte à la rose
Tétin plus beau que nulle chose,
Tétin dur, non pas tétin voire (2)
Mais petite boule d’ivoire
Au milieu duquel est assise
Une fraise ou une cerise
Que nul ne voit, ne touche aussi,
Mais je gage qu’il en est ainsi.
Tétin donc au petit bout rouge,
Tétin qui jamais ne se bouge,
Soit pour venir, soit pour aller,
Soit pour courir, soit pour baller (3)
Tétin gauche, tétin mignon,
Toujours loin de son compagnon,
Tétin qui portes témoignage
Du demeurant du personnage, (4)
Quand on te voit, il vient à maints
Une envie dedans les mains (5)
De te tâter, de te tenir :
Mais il se faut bien contenir
D’en approcher, bon gré ma vie,
Car il viendrait une autre envie.
Ô tétin, ni grand ni petit,
Tétin mûr, tétin d’appétit,
Tétin qui nuit et jour criez
«Mariez moi tôt, mariez !»
Tétin qui t’enfles, et repousses
Ton gorgias de deux bons pouces : (6)
A bon droit heureux on dira
Celui qui de lait t’emplira,
Faisant d’un tétin de pucelle,
Tétin de femme entière et belle.
(1) refait : nouvellement formé
(2) voire : qui n’est pas, à vrai dire, un tétin
(3) baller : danser
(4) demeurant : de tout le reste de la personne
(5) trois syllabes
(6) décolleté, haut de la robe, corsage
D’après : X. Darcos, J.-P. Robert et B. Tartayre, Le moyen âge et le XVIème siècle en littérature, Hachette, 1987
Clément MAROT, une adolescence clémentine
(Cahors, 1496 ou 1497 – Turin, 1544)
Fils de Jean Marot, réthoriqueur célèbre, Clément Marot passe son enfance en Quercy, terre de langue d’Oc puis, en 1506, il s’en va « en France ». Ses études sont sommaires : il ne savait pas le grec et son latin était hésitant. Malgré les efforts qu’il fera plus tard pour combler ces lacunes, on ne pourra jamais le comparer aux artistes et érudits de sa génération.
Ayant, grâce à son père, approché très tôt les fastes de la cour, il ne songe guère qu’à s’assurer l’existence facile d’un amuseur de cour. Il devient d’abord page au service de Nicolas de Neufville (secrétaire des finances). Lorsque François 1er monte sur le trône (1515) il lui compose un hommage (Temple de Cupido), œuvre sans originalité.
Clément Marot, par Christian Verdun, artiste plasticien
En 1527, il prend une charge de « valet de chambre » de François 1er et connaît un certain succès comme amuseur de cour.
Lors de l’affaire des Placards (1534), il est inscrit sur la liste des suspects et a juste le temps de se réfugier à Nérac, en Navarre, d’où Marguerite, remariée en 1527 avec Henri d’Albret (grand père d’Henri IV), le fait passer à Ferrare où il devient secrétaire de la princesse Renée de France. Ferrare est alors le refuge de nombreux huguenots, et l’on pense que Marot a l’occasion d’y rencontrer Calvin.
Il meurt à Turin le 10 septembre 1544.
Maniant avec aisance le décasyllabe, il contribua à épurer la langue de son temps, s’exprimant avec un pittoresque (inventions verbales) et une clarté que vantèrent Boileau et La Fontaine.
On lui doit le recueil l’Adolescence de Clémentine (1532), les Épîtres (Épître à Lyon Jamet, 1526, Épître au roi, pour le délivrer de prison (1527), L’Enfer (une satire allégorique des mœurs judiciaires), les Élégies et la traduction des Psaumes (1536).
… au lieu que je declaire
le fleuve Lot coule son eau peu claire
qui maints rochers traverse et environne
pour s’aller joindre au droict fil de Garonne
a brief parler c’est Cahors en Quercy
La tradition rapporte que le poète Clément Marot serait né à Saint Clément commune de Cezac et que son nom lui viendrait du lieu de Marot où existait une maison forte. L’on dit qu’il y était né. Dans la fameuse épitre au roi, sur le vol dont il avait été l’objet de la part d’un valet de gascogne, il dit à François 1er:
« Avisez donc si vous avez désir
De me prêter, vous me ferez plaisir
Car depuis peu, j’ai bâti à Clément
La où j’ai fait un grand déboursement
Et à Marot qui est un peu plus loin
Tout tombera, qui n’en aura le soin »
Sur la cloche de la chapelle de Saint Clément (inscrite sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 29 mars 1929) deux vers de Clément Marot figurent sur la cloche :
« J’ai la langue pendue au milieu de mon corps
J’appelle les vivants et sonne pour les morts »
Jehan des Mares, dit Jean Marot (Mathieu, vers 1450 – Cahors, vers 1526)
Malgré une éducation très incomplète car élevé dans une famille pauvre, Jean se forme comme il peut par la lecture du Roman de la rose et autres vieux ouvrages français.
En 1471, il se rend à Cahors où il se marie et exerce le métier de chapelier. Très féru de poésie, il y montre tant de talent qu’il attire l’attention d’Anne de Bretagne.
En 1507, il devient son secrétaire et l’accompagne à la cour de France. Nommé ensuite historiographe par Louis XII, il le suit en Italie dans sa guerre contre le pape Jules II. Il sera plus tard valet de chambre de François 1er.
On lui doit :
La Vraydisante Advocate des dames (1506) écrit pour Anne de Bretagne,
le Doctrinal des princesses et des nobles dames (1508), dédié à la même,
les Voyage de Gênes (1507) et Voyage de Venise (1509) rapporté de l’expédition italienne,
l’Épit sur la défaite des Suisses à Marignan (1515).
Édifice de style gothique qui abrite des tapisseries flamandes d’exception, la collégiale Saint-Martin fait référence à son constructeur le cardinal Pierre des Prés (vers 1280-1361).
La publication consacrée à cet imposant édifice présente les tapisseries flamandes illustrant des épisodes de la vie de Saint Martin, tissées pour l’église vers 1519-1524 et qui ont été restaurées en 2016.
Visite : Tous les jours, du 01/04 au 30/09, de 8 h à 18 h ; du 01/10 au 31/12, de 9 h à 18 h. Visite libre gratuite ou possibilité de visite guidée sur réservation. Collégiale Saint-Martin. Avenue du cardinal Des Prés, 82270Montpezat-de-Quercy. Tél. 05 63 02 05 55 (Office de Tourisme) contact@tourisme-montpezat-de-quercy.com
Cliquez sur la croix en bas à droite X pour passer en mode plein écran
Le documentaire pour l’émission d’Arte « Invitation au Voyage que nous vous annoncions au mois de mai a été diffusé le 8 janvier dernier.
L’idée de l’émission est de faire découvrir au spectateur un village, une ville, une région à travers le travail réalisé sur place par un artiste, cinéaste ou écrivain… Il est notamment question des deux films tournés à proximité de son village Lugagnac Lacombe Lucien et Black Moon
On peut revoir ce documentaire jusqu’au 14 mars en cliquant CE LIEN
Maurice FAURE est né le lundi 2 janvier 1922 à Azérat en Dordogne. Agrégé d’histoire et de géographie, docteur en droit, il enseigne au Lycée Pierre de Fermat à Toulouse.
1948 : Professeur à l’Institut d’Etudes Politiques de Toulouse.
1947 : Attaché au Cabinet d’Yvon Delbos, ministre d’Etat.
1947-1948 : Chargé de mission au cabinet de Maurice Bourgès-Maunoury (secrétaire d’Etat au Budget).
1950-1951 : Chef de cabinet de Maurice Bourgès-Maunoury (secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil).
1951 : Élu député radical-socialiste du Lot à 29 ans, et réélu en 1956 (député du Lot jusqu’en 1983).
1953-1955 : Secrétaire général du Parti Radical-Socialiste.
1956-1957 : Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères dans le cabinet de Guy Mollet. 1957-1958 : Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères dans les cabinets Bourgès-Maunoury et Félix Gaillard.
Mai 1958 : Ministre de l’Intérieur puis Ministre des Institutions européennes dans le cabinet Pierre Pflimlin.
1958 – 1983 : Député du Lot.
1960-1962 : Président du Groupe de l’Entente démocratique de l’Assemblée nationale.
1961-1965 et 1969-1971 : Président du Parti Radical-Socialiste.
1962-1967 : Président du groupe du Rassemblement Démocratique de l’Assemblée nationale.
1964-1970 : Président de la Commission de Développement Economique Régionale (CODER) Midi-Pyrénées
1965-1990 : Maire de Prayssac (de 1953 à 1965), maire de Cahors (de 1965 à 1990).
1971 : Président du Conseil Général du Lot (jusqu’en 1995)
Depuis 1974 : Vice-président du Conseil de la région Midi-Pyrénées.
1979 : Député européen de 1979 à 1981.
Mai 1981-Juin 1981 : Garde des Sceaux, Ministre de la Justice dans le premier gouvernement de Pierre Mauroy, sous la présidence de François Mitterrand.
1983-1988 : Sénateur du Lot, inscrit au groupe de la Gauche Démocratique
1988-1989 : Ministre d’Etat, ministre de l’Equipement et du Logement.
1989 : Membre du Conseil Constitutionnel.
1994 : Président d’honneur du Conseil général du Lot.
Il fût aussi Conseiller général du canton de Montcuq (Lot) pendant plus de trente ans.
Photo aimablement prêtée par Charles Farreny, 46800 Montcuq
Maurice Faure : Européen radical
Ministre de François Mitterrand à deux reprises, membre du Conseil constitutionnel pendant dix ans, Maurice Faure reste l’une des figures historiques de la vie politique française.
Dernier représentant d’envergure du radicalisme, il a été l’un des artisans de la construction européenne. Un livre d’entretiens, “D’une République à l’autre”, retrace l’itinéraire de ce pur lotois.
Rencontre avec Maurice Faure lors de sa venue à la librairie Castéla à Toulouse.
Opinion Indépendante : Vous rappelez dans votre livre que le radicalisme après-guerre a tenté d’incarner ce fameux “centre” (ce qu’il avait été d’une certaine manière durant l’entre-deux-guerres). Ne pensez-vous pas que c’est finalement le gaullisme qui a réussi à transcender le clivage gauche / droite ?
Maurice Faure : C’est quand même le parti radical qui a compté le plus de Présidents du Conseil sous la IVème République. Il a été de presque tous les gouvernements et c’était autour de lui que se faisaient les coalitions. C’était un pivot. Le gaullisme c’est avant tout l’élection du Président de la République au suffrage universel auquel les Français tiennent beaucoup. Mais cela coupe la France en deux : droite et gauche. Le parti radical lui-même s’est coupé en radicaux de gauche et de droite sous la Vème République.
à propos du Parti Radical de gauche aujourd’hui, vous dites “Il est condamné (…) il n’a plus grand chose de nouveau à proposer” et sa disparition est “inéluctable”. Ce n’est pas très gentil pour vos successeurs…
On m’a reproché les mêmes travers qu’eux. J’ai cherché des idées nouvelles pour les apporter au radicalisme et je n’en ai pas trouvé. Je constate que mes successeurs non plus n’en ont pas trouvé. Tous ces discours que nous faisons sont creux – comme la plupart des autres discours. Dans une certaine mesure, peut-être que le Parti Socialiste représente aujourd’hui ce qu’était le Parti Radical sous la IIIème République.
Vous êtes entré aux Jeunesses Radicales en 1938 puis dans la Résistance en juin 44 après le débarquement. Cela veut-il dire que vous avez été – comme beaucoup de Français – plus sensible aux accords de Munich signés par le radical Daladier qu’à l’appel du 18 juin 40 ?
Daladier parlait à propos des accords de Munich de “connerie” qu’on ne pouvait pas éviter de faire. Il a dit quand il a vu la foule qui venait l’acclamer à l’aéroport : “Ils ne savent pas ce qu’ils applaudissent”. Daladier le savait. Tout le monde applaudissait les accords de Munich. Moi aussi, j’étais pour. Mais cela n’a pas été un élément déterminant. Ils étaient inévitables. On a eu des mots très excessifs pour condamner Munich mais c’était pratiquement inévitable.
à propos de l’Europe, vous dites que la France doit lui transférer sa diplomatie, sa politique de défense, sa politique monétaire et sa politique économique. Comprenez-vous que de tels transferts puissent inquiéter de nombreux républicains et pas seulement “les gaullistes, les communistes et les lepénistes” que vous désignez comme les adversaires de l’Europe ?
Les gaullistes sont très divisés sur l’Europe. Ils ont beaucoup changé et par la voix de Chirac ils ont rallié l’idée européenne. Ils sont pour le vote à la majorité et l’élargissement de la communauté. Ceux qui sont avec Pasqua restent hostiles à l’Europe. Peut-être que l’Europe que je défends est en avance sur la conception de Chirac ou de Jospin ? Le principe de subsidiarité veut que chacun s’occupe de ce pour quoi il est le mieux qualifié. La diplomatie, la défense, la justice, l’économie, tout cela découle maintenant de la mondialisation. Si nous ne faisons pas en Europe un bloc qui adhère dans son ensemble à la mondialisation, que deviendra chacun des pays européens ? Unie, l’Europe existe. Divisée, elle n’est pas grand chose.
Selon vous, l’avenir de l’Europe c’est l’Euro et vous déclarez qu’une politique économique commune entraîne une politique commune. Ne pensez-vous pas qu’inféoder la politique – et le politique – à l’économie, à la monnaie et à la finance ne marque pas un renoncement des hommes politiques ?
C’est une vaste question. Le Mark est devenu en 1848 la monnaie commune des pays qui allaient former la Prusse. Cette monnaie commune les a conduits à avoir une politique commune. Je fais ce même pari pour l’Euro. J’espère qu’il est bon. Je n’en suis pas sûr mais je crois qu’il est bon. Est-ce un désavoeu pour les politiques ? Je ne le crois pas. L’Euro pose les mêmes problèmes qu’une monnaie nationale mais à l’échelle de l’Europe.
Toujours sur l’Europe, vous dites : “L’unité européenne est inscrite dans le destin, elle se fera inéluctablement”. Ce qui est frappant chez les partisans de l’Europe c’est ce messianisme – on invoque le “destin” ou un déterminisme historique – mais on a aussi connu cette croyance dans un “sens de l’Histoire” pour le communisme ce qui n’a pas empêché le communisme de s’effondrer…
L’Europe a 50 ans. Elle a commencé avec Robert Schumann qui a lancé un appel à une politique nouvelle qui sous-entendait la réconciliation avec l’Allemagne. Puis, il y a eu le début de la construction européenne avec le charbon, l’acier, le Traité de Rome… Cinquante ans après, on peut dire que le Traité de Rome a engendré l’Euro. Aujourd’hui, tout le monde parle d’une défense européenne commune. L’Euro va se réaliser et la politique étrangère commune finira par se réaliser. C’est quelque chose de solide car c’est voulu par les gouvernements, les parlements et les opinions. Cela plaide en faveur de ce que j’ai appelé le côté “inéluctable” de l’Europe.
Vous dites : “J’estime que nous devrions avoir une politique plus franchement pro-américaine”. Est-il possible pour la France d’être encore plus pro-américaine qu’aujourd’hui ?
Tous nos partenaires sont favorables à une politique pro-américaine. La France est le seul des pays de la Communauté qui réclame son indépendance. Je suis pour cette indépendance mais il faudrait que les autres pays soient d’accord. Les Allemands, les Italiens et les autres n’ont qu’une idée : suivre les Américains. La France seule ne pourra pas réaliser son rêve d’indépendance.
Il y a quelques mois, le Commissaire au Plan Henri Guaino a été limogé pour avoir établi un rapport affirmant qu’il y avait sept millions de Français en situation d’exclusion sociale ou de grande précarité. Pour votre part, vous estimez le nombre “d’exclus” à trois millions. Sur ces trois millions, vous jugez qu’un quart de ces gens, “qui se plaisent sans domicile fixe”, est “irrécupérable” tandis qu’un autre quart “vit grâce aux prestations sociales et surtout, grâce au travail au noir”. Cette vision des choses n’est-elle pas un peu anachronique ?
Un quart de ces trois millions sera toujours chômeur. Pas pour en profiter mais ce sont des personnes qui sont inaptes au travail. Ensuite, il y a 800.000 à un million de personnes pour lesquelles c’est un métier d’être chômeur. Le système est le suivant : ils travaillent six mois puis se font licencier. Ils ont des allocations élevées pendant deux ans et ils font du travail au noir. Les véritables chômeurs ce sont les jeunes et surtout les gens entre 45 et 50 ans. Quand on est licencié à cet âge-là, on a du mal à retrouver un emploi. Ce sont de véritables chômeurs à plaindre.
Propos recueillis par Christian Authier
Entretiens avec Christian Delacampagne, éditions Plon
Les confessions de Maurice Faure
Il a fait l’Histoire
Maurice Faure vient de publier le seul ouvrage de son exceptionnelle carrière politique. «La-Dépêche du-Midi» a rencontré en exclusivité cet homme qui a tutoyé un demi siècle de politique française.
Il n’écrit pas. Il parle. Il parle très bien. A l’aune de sa carrière politique, Maurice Faure aurait pu prendre le temps d’écrire ses mémoires.
Des tomes et des tomes n’auraient pas épuisé ses souvenirs intacts. Cet orateur de génie s’est contenté de raconter sa vie politique à Christian Delacampagne, ami de son fils, spécialiste de philosophie politique et d’histoire contemporaine. Un bref ouvrage (trop bref ?) dans lequel l’ancien président du conseil général du Lot porte un regard sur sa très longue carrière. Sans fard ni miroir déformant il décrit plus d’un demi siècle de politique française. Un demi-siècle où il a souvent occupé des postes essentiels.
Maurice Faure nous invite à pénétrer dans cet univers, nous permet de rencontrer des grands personnages du siècle.
Le chemin parcouru par Maurice Faure ressemble à une ascension fulgurante de l’Everest suivie d’une promenade de santé, parfois agréable sinon monotone. Son Everest à lui c’est le Traité de Rome. L’acte fondateur de l’Europe. Il n’avait alors que 34-ans et déjà il était devenu le Mozart de la négociation, un diplomate reconnu.
En cette IVe république, armé du levier radical, il s’apprêtait à devenir l’un des plus grands hommes d’Etat français.
Mais la Ve république est passée par là avec son bipolarisme, son manichéisme droite-gauche.
Maurice Faure n’a pas choisi son camp. Il est du centre, du consensus, de l’harmonie des idées. A partir de cet instant il n’a trouvé que bien peu d’intérêt au combat politique. C’était un surdoué épicurien, un séducteur, qui n’a pas vraiment forcé son talent pour se maintenir parmi l’élite politique de l’Hexagone.
«Je ne regrette rien, j’ai fait ce que je voulais, je n’en demandais pas plus», affirme-t-il aujourd’hui. Il a compris sans doute avant tout le monde, qu’au regard de l’Histoire, la construction de l’Europe serait indélébile. Les hommes, eux, s’effacent.
Prayssac Le forum et l’Empereur
Dans la cité du maréchal d’Empire Bessières, les références historiques ne manquent pas. On se plait à dire que le signataire français du Traité de Rome, acte fondateur de la construction européenne, n’était autre que le maire de Prayssac.
Dans la cité du maréchal d’Empire Bessières, les références historiques ne manquent pas. On se plait à dire que le signataire français du Traité de Rome, acte fondateur de la construction européenne, n’était autre que le maire de Prayssac. En 1956, Maurice Faure gérait la ville depuis trois ans. En deux mandats, il va assurer le décollage de l’économie et des infrastructures, avant de passer la main en 1965 à son épouse, Andrée, pour deux autres mandats. Les vieux Prayssacois vous diront qu’en fait il était resté un mairebis.
La station d’épuration, l’une des premières dans le Lot, la salle des fêtes, la piscine, le mille-clubs, le VVF, etc., c’est lui.
Michel Lolmède, le maire d’aujourd’hui, explique que «Maurice Faure est né politiquement à Prayssac et Bernard Charles biologiquement».
D’un maire à l’autre
Chaque personnalité d’envergure alimente le livre aux anecdotes. On raconte à Prayssac qu’un jour de foire, alors que Maurice Faure discutait sur la place lorsque la secrétaire de mairie vient lui annoncer que son fils est reçu à l’ENA. Un quidam s’écrie alors dans la foule : «Ça ne m’étonne pas, sa mère est si intelligente».
Bien entendu, il voulait dire : sa mère aussi est intelligente, corrige-t-on aussitôt, personne ne contestant les capacités intellectuelles de l’ancien ministre.
Le quiproquo résume en tous cas assez bien les rapports de déférence taquine entre celui qui a tant marqué de son empreinte la vie des Lotois et ses administrés eux-mêmes. Prayssac garde un peu la nostalgie de cette époque où les enjeux politiques quercynois se cristallisaient autour de la place d’Istrie, autour de «L’Empereur du Lot».
Extrait de « La Dépêche du Midi »
Le Lot a-t-il été pour vous un tremplin ou une histoire d’amour ?
– S’il n’avait été qu’un tremplin, j’aurais été ministre vingt fois. Si je l’ai été moins que j’aurais pu l’être, c’est précisément parce que lorsque j’étais ministre, le Lot me manquait. Je me plais plus dans le Lot qu’à Paris et ce fut peut-être la faiblesse de ma carrière politique nationale.
Ce pays est le mien. J’aime ses hommes, leur tempérament, leurs mœurs. Je me sens comme un poisson dans l’eau. C’est une longue histoire d’amour qui ne s’est pas démentie.
Extrait d’une interview de Maurice Faure parue dans Dire Lot n° 26, février-mars 1991
Jean Lartigaut était né en 1925 à Montauban où son père, originaire du Bazadais et officier de cavalerie, tenait alors garnison. Sa mère, née de Camy-Gozon, appartenait à une très ancienne famille quercynoise établie en Bouriane, au château du Vigan. Il fit ses études secondaires au collège des Jésuites de Sarlat qui lui inculquèrent notamment les vertus de la discipline et le goût de l’Histoire.
En août 1944, il s’engage au 3ème régiment de hussards avec lequel il fait campagne jusqu’à la fin des hostilités. En 1947, après un passage à l’Ecole spéciale militaire interarmes, il est nommé aspirant. Promu sous-lieutenant en 1948 et lieutenant en 1950, il est volontaire pour servir dans la Légion étrangère et rejoint le 2ème REI. En 1954, après deux longs séjours en Indochine, il rentre en France pour être affecté au 126ème RI de Brive. En 1956 il quitte le service actif et en 1957 il est promu capitaine de réserve (il sera nommé chef de bataillon de réserve en 1965). Titulaire de la croix de guerre des TOE avec quatre citations, il a été décoré de la Légion d’honneur en 1955.
C’est donc en 1954, à son retour d’Extrême-Orient, que Jean Lartigaut épouse Guillemette de Valon, descendante d’une illustre famille du Quercy, qui lui donnera cinq enfants. Il quitte l’uniforme trois ans plus tard pour résider définitivement à Pontcirq et seconder son épouse dans la gestion du domaine de Labastidette.
Madame Lartigaut sut accepter avec philosophie la nouvelle vocation de son époux : la recherche historique. Vocation née lors de ses études à Sarlat, attisée par la passion de la lecture et la découverte de riches archives familiales 1. Sa rencontre avec Louis d’Alauzier fut déterminante 2. Celui qui devait devenir son “guide” l’initie à la paléographie et au dépouillement méthodique des Archives. D’emblée le néophyte s’enthousiasme pour le Moyen Age, avec une prédilection pour les XIVe et XVe siècles, se plongeant dans les minutes notariales et disséquant toutes les sources utilisables. L’occupation du sol, l’origine des seigneuries, l’organisation des réseaux paroissiaux, autant de sujets qui stimulent son insatiable curiosité. Tout naturellement il oriente ses investigations vers le repeuplement du Quercy après les malheurs de la guerre de Cent Ans, faisant sienne “l’immense peine des hommes”, celle de ces laboureurs qui furent les humbles artisans de la reconstruction de nos campagnes.
Jean Lartigaut entre Louis d’Alauzier (à gauche) et le Professeur Michel Labrousse lors du Congrès de la Fédération régionale des Sociétés Savantes – Cahors, 1977. (Archives S.E.L.)
En 1978, sous la direction de Philippe Wolff, il soutient à l’Université de Toulouse-Le Mirail sa thèse de doctorat sur “Les Campagnes du Quercy après la guerre de Cent Ans”. Cette œuvre majeure, publiée avec le concours du CNRS, attire aussitôt l’attention des médiévistes sur ses travaux et lui vaut, en 1980, le second prix Gobert de l’Académie des Inscriptions créé, doit-on le rappeler, pour “couronner le travail le plus savant et le plus profond sur l’Histoire de France”.
Il serait difficile d’énumérer tous les congrès, colloques ou journées d’études auxquels il a activement participé, comme les Journées internationales d’histoire de Flaran ou les Rencontres internationales d’archéologie et d’histoire de Commarque qui avaient sa préférence. Innombrables sont ses articles et communications parus dans notre bulletin et d’autres publications lotoises, régionales ou nationales. On en donnera prochainement une bibliographie détaillée.
Rappelons que parmi ses ouvrages figurent “Puy-l’Evêque au Moyen Age” (1991), les Atlas historiques de Cahors et Figeac (CNRS, 1983) et l’Histoire du Quercy, publiée sous sa direction (Privat, 1993), dont il a rédigé les quatre chapitres consacrés à la période médiévale (Xe-XVe siècles).
On se souviendra de l’accueil courtois et souriant qu’il réservait à ceux qui venaient le consulter à Labastidette, dans son cabinet de travail, au milieu de ses dossiers. Il prêtait une oreille attentive aux étudiants préparant un mémoire de maîtrise, un DESS, un DEA ou une thèse. Il se faisait un devoir de les conseiller, de les orienter, de les encourager, tout en leur communiquant généreusement ses sources d’information et ses notes personnelles.
Voici le moment venu d’évoquer la place tenue par Jean Lartigaut au sein de la Société des études du Lot. Il avait adhéré à 19 ans, avant même son départ sous les drapeaux ! Entré au conseil d’administration en 1960, il fut élu président en 1981 au fauteuil laissé vacant par le décès du général Soulié. Il était assidu à nos permanences du mardi et à nos séances mensuelles. Il était rarement absent de nos manifestations, à la fois organisateur, animateur et conférencier. En 1984 il avait été appelé pour quatre ans à la présidence de la Fédération des sociétés académiques et savantes Languedoc-Pyrénées-Gascogne (aujourd’hui Fédération historique Midi-Pyrénées).
On pourrait certes apporter d’autres éléments à cet essai biographique. Pour rappeler, par exemple, que de 1959 à 1965 il avait été maire de Pontcirq. Ou qu’en plus des décorations obtenues à titre militaire, il était également officier du Mérite et officier des Palmes académiques.
Doué d’une puissance de travail étonnante et d’une rigoureuse honnêteté intellectuelle, Jean Lartigaut était aussi un personnage profondément humain, d’un contact agréable, toujours heureux de partager ses vastes connaissances et sa riche expérience.
Nous garderons de lui l’image d’un chercheur exemplaire dont la notoriété n’avait en rien altéré la modestie naturelle. Il était notre maître. Il était notre ami. Pierre Dalon
Hommage à Jean Lartigaut (1925-2004)
Les Archives départementales tiennent à évoquer dans ce numéro la mémoire d’un grand médiéviste récemment disparu : Jean Lartigaut.
Issu d’une famille de militaires, et militaire lui-même, rien ne paraissait prédestiner Jean Lartigaut .à une carrière de chercheur. Pourtant, en lisant l’avant-propos de la publication de sa thèse (Les campagnes du Quercy après la guerre de cent ans), trouve sous sa plume l’évocation de ces étés qui le ramenaient en Quercy, durant son enfance, vers une maison aimée et un vieux grenier où gisaient alors des archives familiales baignoire en zinc d’époque Napoléon Ill et une malle ventrue, usée par des voyages en diligence. Déjà l’intérêt pour l’histoire, en particulier celle du Moyen Age, était présent. L’installation définitive de Jean Lartigaut en Quercy, après des années de campagnes militaires,dans une maison au long passé, elle aussi nantie d’archives, lui permit d’entreprendre des recherches, épaulé et guidé par Louis d’Alauzier, autre grand médiéviste du Quercy, et par Philippe Wolff, professeur à l’Université de Toulouse.
Après sa thèse, publiée en 1978, Jean Lartigaut continua de dépouiller lesminutiers de notaires et de publier de nombreux articles. Mais il contribua également à faire rentrer aux Archives du Lot plusieurs fonds d’archives privées, dont certains ont été classés par ses soins : citons notamment le fonds Camy-Gozon, le fonds de Valon, le fonds Lavaur de Laboisse…
Ses activités de recherche valurent à Jean Lartigaut d’être président de la Société des Études du Lot de 1981 à 2003 et président de la Fédération historique Languedoc-Pyrénées-Gascogne de 1984 à 1988.
Mme Duthu dans Archives Info n°16 – janvier 2005.
Notre ancien président et président d’honneur nous a quittés discrètement, le 4 novembre 2004, victime d’un malaise cardiaque, dans sa 79ème année. Sa santé s’étant progressivement altérée au cours des derniers mois, il avait dû se résoudre à abandonner la présidence de la société. Lors de l’assemblée générale du 4 mars il avait été, à l’unanimité, élu président d’honneur en hommage à son œuvre d’historien et en reconnaissance des éminents services rendus à la Société des Études du Lot.
Une importante délégation s’est rendue le 6 novembre à Pontcirq pour assister à ses obsèques, avant de l’accompagner jusqu’à la chapelle de Labastidette où un hommage lui a été rendu avant l’inhumation dans le caveau de famille.
Article publié dans le Bulletin de la Société des Études du Lot, 4ème fascicule 2004,
(Octobre-Décembre)
Charles Dumont né à Cahors, le 26 mars 1929,
nous a quittés dans la nuit du 17 au 18 novembre
Voici l’article que Quercy net lui avait consacré en 2015
Ses études (médiocres), il les a faites à Toulouse. Sa passion de toujours : la musique. Mais, ni le piano, ni le solfège, ni la théorie ne se laisseront apprivoiser, dans un premier temps. La révélation viendra du jazz. La découverte de Louis Amstrong fera naître sa vocation pour la trompette. Monsieur Déjean, son professeur toulousain décèlera son talent d’instrumentiste.
Il était une fois…
A 15 ans, dans les années d’après-guerre, il crée son premier orchestre de jazz amateur, puis il monte à Paris, après l’obtention d’une médaille au Conservatoire de Toulouse.
L’accident : Dans le Paris des années difficiles, Charles subit une ablation apparemment bénigne des amygdales. II reprend prématurément ses exercices à la trompette, et c’est le drame, hémorragie, hospitalisation au sortir de laquelle la pratique de cet instrument lui est définitivement interdite.
Charles repart de zéro : Solitaire et démoralisé, il entre dans une église, Saint-Ambroise où Maître Paul-Silvia Hérard, titulaire des Grandes Orgues, est au clavier. L’organiste accepte de donner des leçons au jeune homme désemparé. Au terme de celles-ci, Charles, maîtrisant le clavier et l’harmonie, découvrira sa voie: il veut être compositeur de chansons.
Jusqu’aux années soixante : il fait, pour vivre, tous les petits métiers qui n’en sont pas, il compose , et doit à des femmes (déjà) ses premières rencontres déterminantes, celle du poète Francis Carco et celle de Michel Vaucaire. La suite appartient à la carrière » en chansons » et à la vie privée de Charles Dumont, l’une et l’autre bien remplies.
Les années Piaf
» Cette chanson est tellement pour moi que je ne la chanterai pas. On dirait que je me pastiche « . C’est dans ces termes qu’Édith Piaf venait de refuser la ènième chanson du tandem Vaucaire-Dumont présentée par un éditeur. Aussi Charles n’espérait-il plus la rencontre avec Edith. Celleci, grâce à l’entêtement de Michel Vaucaire, eut lieu le 5 Octobre 1960, boulevard Lannes, chez Edith.
Non je ne regrette rien bouleversa Piaf et lui donna, de son propre aveu, l’énergie et le courage nécessaires pour faire sa rentrée à l’Olympia, en dépit d’un état de santé catastrophique. Créée en direct à Cinq colonnes à la Une, le plus prestigieux des magazines TV jamais réalisés, la chanson fit pleurer la France entière.
De la rencontre Piaf-Dumont naquit une quarantaine de chansons, le plus souvent signées Vaucaire-Dumont, parmi lesquelles Mon Dieu. Mais c’est une chanson signée Piaf-Dumont qui allait faire évoluer, sans qu’il en soit pleinement conscient, le sort de Charles. Piaf avait décidé qu’il l’interprèterait lui-même et qu’elle serait sa choriste. C’est donc avec Les Amants que Charles se vit propulser » interprète « , presque à son corps défendant et qu’il fut amené sur scène auprès de Piaf.
Dans l’ombre des « années perdues ». C’est Charles lui-même qui appelle » années perdues » cet espace entre la fin de Piaf et le début de sa propre carrière d’interprète. Pourtant, ces années-là auront été plus fructueuses qu’on ne l’imagine. Pour le cinéma, Charles aura composé les musiques deTrafic et parade (films de Jacques Tati), et d’un film italien interprété par Elsa Martinelli Pour la TV, Charles aura composé les musiques et chansons des feuilletons Gorki le diable etMichel Vaillant. Aux USA, Charles aura rencontré Alan J. Lerner, père de My Fair Lady, Gigi, Un Américain à Paris… malheureusement, la comédie musicale issue de leur collaboration ne sera jamais montée.
En revanche, Barbra Streisand, alors inconnue en France, enregistrera I’ve been here , en français Le mur, dont elle fera un succès outre-Atlantique. Dans cette grande époque des concours de chansons internationaux, Charles connaîtra quelques succès primés, dont Un Dimanche après la fin du monde, à Rio de Janeiro..
Non je ne regrette rien, un succès mondial, intemporel
Si la voix de Piaf a transporté » Non Je ne regrette rien » à travers les continents, la chanson s’est envolée de ses propres ailes pour vivre sa vie à travers des interprétations multiples et parfois inattendues, celles de Duke Ellington et Shirley Basset, celle de la japonaise Yusiko Ishii et, pour la génération montante, celle des Garçons Bouchers et l’amusante prouesse de Bernadette Soubirous et ses Apparitions… sans parler des corps d’armée qui ont pu, ça et là, en faire spontanément leur hymne. Quand une chanson prend vie, on n’en maîtrise pas le devenir…
Les années Dumont
En 1963, la disparition de Piaf isole Dumont, dont le nom et le style semblent définitivement liés à son irremplaçable interprète. Jusqu’au seuil des années 70, ce sera le purgatoire, doré, certes, mais purgatoire tout de même.
Écrite en 1967 avec Sophie Makhno, son directeur artistique de l’époque, Ta cigarette après l’amour marquera le départ du style intimiste de » l’interprète » Charles Dumont, mais il faudra attendre les années 70 pour que la chanson passe les interdits de 2 censures, l’une morale, l’autre anti-tabac et trouve sa place en radio et TV.
Toute en nuances, la carrière de Charles l’amènera, de disques d’or en music-halls, de tournées internationales en oeuvres inclassables, tels les Concerto pour une chanson et passion, à se trouver une place » à part « , dans l’univers d’un show business où le business a pris le pas sur le show. Cette carrière, jalonnée de Disques d’Or et distinctions diverses, s’articule autour des battements du coeur de Charles et d’un public pour qui les modes n’ont qu’une médiocre importance au regard des saisons de la vie et de l’amour.
Parmi ses interprètes de la première heure aux plus récents, Marie-José, Lucienne Delyle, Bourvil (Notre amour est en grève), Sidney Bechet (Pourtant), Luis Mariano (El Guerillero), Annie Cordy (Pantaléon), Dalida (Gitane), Michel Legrand (Lorsque Sophie Dansait), Juliette Gréco (La Propriétaire), Willy DeVille (Les Amants), Jacques Brel (Je m’en remets à toi), Heltau (création allemande de Une Chanson), Mireille Mathieu (Les Gens qui s’aiment, Mon Dieu), Barbra Streisand (Le Mur) …
Gaston Monnerville est né en Guyane française, à Cayenne, le 2 janvier 1897. Excellent élève du collège de Cayenne, il est reçu, en 1912, au concours des Bourses Métropolitaines. Il quitte la Guyane et entre en classe de seconde, à Toulouse, au Lycée Pierre Fermat (Hôtel Bemuy).
Il s’y montra un élève particulièrement brillant, aussi doué pour les sciences que pour les lettres. Puis, étudiant aux facultés de lettres et de droit de Toulouse, il passe à la fois sa licence ès lettres et sa licence en droit, avec félicitations du jury.
C’est également avec félicitations du jury qu’il est reçu, en 1921, docteur en droit, après avoir soutenu une thèse sur » L’enrichissement sans cause « . Cette thèse sera honorée d’une souscription du ministère de l’Instruction Publique et primée au concours des thèses.
Le fils d’Outre-Mer que je suis doit tout à la République. C’est elle qui, dans ma Guyane natale, est venue m’apporter la dignité et la culture. C’est elle qui m’a tout appris et qui a fait de moi ce que je suis. Tous les mouvements de liberté et de démocratie, à travers les temps et les pays, revêtent la même forme : l’instauration ou le respect de la loi.
L’avocat, l’homme de conviction et l’orateur
Dès 1918, Gaston Monnerville s’inscrit au Barreau de Toulouse. Reçu, en 1921, au concours des Secrétaires de la Conférence, il obtient la Médaille d’Or » Alexandre Fourtanier » qui récompense l’un des meilleurs Secrétaires. A ce titre, il prononce, à une séance solennelle de rentrée, un discours remarqué sur » La Critique et le Droit de Réponse « . Puis, il quitte Toulouse et s’inscrit, en 1921, au Barreau de Paris. Il entre bientôt au cabinet du célèbre avocat et futur homme d’Etat, César Campinchi (1882-1941), dont il sera, pendant huit ans, le principal collaborateur. En 1923, il est reçu au Concours des Secrétaires de la Conférence des Avocats, à la Cour d’Appel de Paris.
En 1927, il est élu Président de l’Union des Jeunes Avocats. Gaston Monnerville plaide dans plusieurs grands procès. Il s’illustre notamment en 1931, à l’âge de 34 ans, dans l’affaire » Galmot « . Inculpés, après l’émeute provoquée, en 1928, par la fraude électorale et par la mort suspecte de Jean Galmot, quatorze Guyanais sont traduits devant la Cour d’Assises de Nantes. Avec d’autres avocats (Fourny, Zevaes et Torres), Gaston Monnerville assure leur défense. Sa plaidoirie produit un effet considérable sur les jurés qui se prononcent pour l’acquittement.
Les idées politiques de Gaston Monnerville se sont fixées très tôt et ont déterminé son engagement : il adhérera à la Grande Loge de France, militera dans les rangs du parti radical-socialiste et, toute sa vie, il consacrera une éloquence entraînante à exalter les Droits de l’Homme, à combattre le racisme et, plus tard, à défendre le bicamérisme et le Sénat. L’écrivain sera estimé, et surtout, l’orateur sera célèbre.
Le député de la Guyane (1932 – 1946) A la suite de l’affaire Galmot et du procès retentissant des émeutiers de Cayenne, ses compatriotes demandent, en 1932, à Gaston Monnerville de se présenter en Guyane contre le député sortant Eugène Lautier. Il est élu à une majorité considérable, au premier tour de scrutin, et il sera réélu de la même manière, en 1936, après avoir été élu maire de Cayenne en 1935. Il sera maire de Cayenne jusqu’aux élections de 1945, où il sera battu par Constant Chlore. Le sous-secrétaire d’Etat aux colonies Gaston Monnerville sera deux fois sous-secrétaire d’Etat aux Colonies en participant à deux cabinets successifs, l’un et l’autre présidés par Camille Chautemps (1885-1963), du 22 juin 1937 au 10 mars 1938.
La nomination d’un homme de couleur au Gouvernement ne fut appréciée ni en Allemagne, ni en Italie. Dans » l’Azione coloniale » du 22 juillet 1937, un article titré » Derrière le Rouge du Front Populaire vient le Noir » annonce la création d’un sous-secrétariat d’Etat aux Colonies » confié au noir G. Monnerville » et commente : » La France a adopté une politique indigène qui, outre qu’elle est une folie pour la nation française elle-même, est un danger pour les autres nations de l’Europe, car cette action qui dépasse le cadre purement politique pour rencontrer le cadre biologique, doit être dénoncée à l’opinion publique mondiale, là où existe une race incontestablement supérieure à celle de couleur que la France voudrait implanter au coeur de l’Europe « . Dans le cadre de ces fonctions, Gaston Monnerville eut à traiter de deux dossiers importants : le fonds colonial et le conflit sino-japonais.
La Guerre
Lorsque la guerre éclate en septembre 1939, Gaston Monnerville est parlementaire, âgé d’un peu plus de quarante ans. Aux termes de la loi sur l’organisation de la Nation en temps de guerre, il n’est pas mobilisable. Mais il entend participer au combat. Avec plusieurs de ses collègues, il obtient d’Edouard Daladier un décret-loi (5 septembre 1939) qui les autorise à s’engager. Ce qu’il fait aussitôt (7 septembre 1939). Il servira comme » Officier de Justice » sur le cuirassé » Provence « . Ce bâtiment participera à une croisière de guerre qui se terminera tragiquement à Mers-el-Kebir, le 3 juillet 1940. Gaston Monnerville sera alors démobilisé le 16 juillet. Durant toute cette croisière, Gaston Monnerville tiendra un important journal de bord (78 feuillets), illustré de nombreux croquis et photographies. Il y consigne, jour après jour, tous les traits marquants de la croisière : l’heure de départ, l’état de la mer, les étapes, les rives longées, les bâtiments d’escorte, la destruction d’un sous-marin… Gaston Monnerville est démobilisé le 17 juillet 1940. Il n’a donc pas pu prendre part au vote de l’Assemblée nationale (sous ce nom, on désigne alors la réunion du Sénat et de la Chambre des Députés), dans la fameuse séance du 10 juillet à Vichy.
Les historiens insistent sur le courage des quatre-vingts parlementaires, les fameux » Quatre-Vingts » (57 députés et 23 sénateurs), qui ont refusé les pleins pouvoirs à Pétain et ont sauvé l’honneur du Parlement, en refusant l’abaissement de la République. Mais ils oublient de rappeler que si Monnerville n’a pas fait partie des » Quatre-Vingts « , c’est parce qu’il était engagé volontaire.
La Résistance
Dans ses Mémoires, Gaston Monnerville divise cette époque en deux périodes de résistance : – civile dans le Sud-Est (août 1940-décembre 1942), – militaire dans les maquis de Haute-Auvergne (jusqu’en septembre 1944). Démobilisé, Monnerville s’empresse de rejoindre son ancien patron, Campinchi, à Marseille, en août 1940. Ministre de la Marine, du 23 juin 1937 jusqu’à la formation du gouvernement Pétain, le 16 juin 1940, Campinchi avait été un farouche opposant à l’armistice. Préconisant la poursuite de la guerre en Afrique du Nord, il s’était embarqué, le 16 juin, sur le » Massilia « . A son arrivée, il avait été arrêté, sur les ordres de Vichy, placé en résidence surveillée à Casablanca, puis à Alger, enfin à Marseille. Non plus que Monnerville, il n’a participé à la fameuse séance de Vichy. Tous deux partagent l’analyse qui est celle même du Général de Gaulle. La guerre ne fait que commencer ; et l’Allemagne sera vaincue. Mais Campinchi meurt le 22 juin 1941. Entre temps, Monnerville est allé protester à Vichy contre les premières mesures discriminatoires qui frappent » les Juifs, les Arabes et les hommes de couleur « . Le maréchal répond de façon évasive ou dilatoire.
Déjà, les premiers réseaux de résistance se constituent. Monnerville entre en contact avec le capitaine Chevance et adhère au mouvement » Combat « . En qualité d’avocat, Monnerville assure systématiquement la défense de ceux que » l’Etat français » emprisonne pour délit d’opinion ou d’origine raciale. Cette activité lui vaut d’être inquiété par la police et plusieurs fois arrêté. La » zone libre » envahie le 11 novembre 1942, Monnerville rejoint alors les maquis d’Auvergne. Il entre dans le groupe du commandant Cheval. Capitaine, puis commandant F.F.I., il y prend le pseudonyme de Saint-Just.
Gaston Monnerville et son épouse sont établis à Cheylade, dans le Cantal, du 7 décembre 1942 au 5 août 1944. Saint-Just sera un actif agent de liaison entre les réseaux de Lozère, d’Ardèche et du Gard. Le poste de commandement du groupe Cheval est établi au château de Mazerolles. (C’est là que Monnerville apprendra le débarquement en Normandie du 6 juin 1944). Les opérations s’intensifient à partir du début de 1944, lorsque le général Koenig, nommé commandant en chef des Forces Françaises de l’Intérieur, entreprend d’unifier les réseaux métropolitains. L’hospice civil de Cheylade sera réquisitionné par les F.F.I., pour servir d’hôpital militaire. La gestion et l’administration en sont confiées à Monnerville, activement secondé par son épouse (juin-juillet-août 1944). Enfin, Gaston Monnerville participe à l’opération du » bec d’Allier « , du 7 au 10 septembre 1944. Il est démobilisé des F.F.I. à la fin de septembre.
L’Assemblée consultative provisoire et les deux constituantes
Début juin 1944, le Comité Français de Libération Nationale se transforme en » Gouvernement provisoire de la République française « , sous la présidence du Général de Gaulle. L’Assemblée consultative provisoire, instituée par l’ordonnance du 17 septembre 1943, réunie d’abord à Alger, siège ensuite à Paris au Palais du Luxembourg, à partir du 7 novembre 1944. (Félix Gouin la préside). Monnerville en est désigné membre par la Résistance. Président de la Commission de la France d’Outre-Mer, il contribue à préparer, en concertation avec le Général de Gaulle, le futur statut et le cadre constitutionnel de l’Union Française. Lors de la séance du 12 mai 1945, il célèbre, au nom des populations de nos provinces lointaines, la victoire des Alliés. Son discours est un hommage vibrant aux soldats originaires de l’Outre-Mer, qui ont libéré la métropole.
Octobre 1945 : Premier référendum. L’Assemblée qui sera élue aura des pouvoirs constituants, mais limités. 8 novembre : L’Assemblée Nationale Constituante se réunit au Palais Bourbon. Elle élit son Président : Félix Gouin. Gaston Monnerville en est élu membre. 21 janvier 1946 : Le Général de Gaulle donne sa démission. Félix Gouin devient Président du gouvernement provisoire. 19 mars 1946 : Les quatre vieilles colonies françaises (Guyane, Martinique, Guadeloupe, Réunion) sont transformées en départements d’Outre-Mer. Gaston Monnerville a pris une part déterminante dans ce changement de statut. Il reprend également son ancien projet de création d’un fonds colonial et dépose, en ce sens, une proposition de loi en mars 1946. Le 30 avril, la loi créant le fonds d’investissement pour le développement économique et social des territoires d’Outre-Mer (F.I.D.E.S.) est votée.
5 mai 1946 : Deuxième référendum : les Français rejettent un premier projet -purement monocaméral – de Constitution. 11 juin 1946 : La deuxième Constituante se réunit au Palais-Bourbon. Monnerville en est à nouveau membre. Elle élit, trois jours plus tard, Vincent Auriol, Président de son Bureau.
13 octobre 1946 : Troisième référendum : cette fois, le projet de Constitution est adopté. Le nouveau texte n’est plus strictement monocaméral. La Constitution institue une seconde chambre : le Conseil de la République, élu au suffrage universel à deux degrés. Mais ses prérogatives sont réduites à un simple pouvoir d’avis. 10 novembre 1946 : Elections législatives à la première Assemblée nationale, en application de la nouvelle Constitution. Gaston Monnerville, qui se présente en Guyane, est battu par René Jadfard. Il est néanmoins élu quelques semaines plus tard au nouveau Conseil de la République, mais, précisera-t-il, » en son absence et sans avoir été candidat « .
Le Conseil de la République et son Président (1946 – 1958)
Le Congrès se réunit à Versailles, le jeudi 16 janvier 1947. Vincent Auriol, Président de l’Assemblée nationale et, à ce titre, Président du Congrès, est élu Président de la République, par 452 voix ; Champetier de Ribes n’en recueille, lui, que 242. A l’assemblée du Luxembourg, Gaston Monnerville est l’un des trois Vice-Présidents désignés, dès le premier bureau définitif du 27 décembre. Il est confirmé, à ce poste, le 14 janvier. Gravement malade, Champetier de Ribes décède le 6 mars 1947. Le groupe M.R.P. se rallie à l’idée d’une candidature, peut-être plus » technique » que politique, et propose Gaston Monnerville qui, le 14 mars 1947 est élu au deuxième tour, par 141 voix, contre Henri Martel, qui en a obtenu 131. Le nouveau Président précisera, quelques jours plus tard, sa conception de la présidence et du rôle de la seconde chambre, dans une intervention qui sera très vivement applaudie.Les premières élections au Conseil de la République ont lieu le 15 décembre 1946. Gaston Monnerville est, en son absence, élu en Guyane. Il recueille les 10 voix des 10 votants de ce département. La nouvelle assemblée se réunit au Palais du Luxembourg, le mardi 24 décembre, et commence par procéder à la vérification des pouvoirs. Un premier bureau est élu, le 27 décembre. Au troisième tour, Auguste Champetier de Ribes (M.R.P., Président du Mouvement des Démocrates Chrétiens) est élu Président par 124 voix, contre Gaston Marrane (Président du Groupe communiste) qui en recueille 119. La session est aussitôt close. Le 14 janvier 1947, ce bureau est renouvelé. Au troisième tour, Champetier de Ribes obtient le même nombre de voix, 129, que son concurrent, Georges Marrane. Il est alors proclamé au bénéfice de l’âge. Deux jours plus tard, Champetier de Ribes sera également candidat à la présidence de la République.
Monnerville sera constamment réélu au fauteuil présidentiel, durant toute la décennie. Rappelons que, sous la IVème République, le bureau de la Haute Assemblée se présentait devant le suffrage des sénateurs non seulement à chaque renouvellement triennal , mais aussi, chaque année, au début de la session. Le Président du Sénat de la Vème République (1958-1968) Gaston Monnerville approuve le projet de Constitution de 1958. Il en a suivi de près l’élaboration. Un des principaux rédacteurs est le garde des Sceaux, Michel Debré, membre du Conseil de la République, qui entretient des rapports confiants avec son Président d’assemblée. D’autre part, plusieurs membres du Comité Consultatif Constitutionnel rendent compte régulièrement des séances de travail et des versions successives du texte. Contrairement à celle de 1946, la nouvelle Constitution est favorable à la Haute Assemblée, qui retrouve son nom de Sénat, son prestige et l’essentiel de ses anciens pouvoirs. C’est enfin une véritable assemblée qui vote la loi et contrôle le gouvernement. Le Président du Sénat voit avancer son rang protocolaire. En cas d’empêchement du chef de l’Etat, c’est lui qui assure l’intérim. Les voeux du bicamériste convaincu qu’est Monnerville ne peuvent qu’être comblés.
A l’époque, politologues et observateurs pensent que le pouvoir exécutif s’est ainsi donné les moyens constitutionnels de s’appuyer, en cas de besoin, sur le Sénat pour contenir une Assemblée nationale, rétive ou hostile. (En 1958, personne ne prévoit le fait majoritaire, qui s’affirmera quatre ans plus tard, et transformera les conditions de fonctionnement du régime). La Constitution de la Vème République comble également les voeux de Monnerville, dans l’autre domaine qui lui est cher : l’Outre-Mer. A la place de » l’Union Française « , le nouveau pacte fondamental institue une » Communauté » rassemblant des pays, relativement autonomes, mais fortement liés à la France. Une assemblée spéciale est prévue : le Sénat de la Communauté. Gaston Monnerville en sera élu et réélu Président. Les débuts de la Vème République sont donc particulièrement prometteurs. Monnerville fera campagne pour les institutions nouvelles. Il expliquera dans ses mémoires comment et pourquoi viendront ce qu’il nomme » ses premières désillusions » : l’évolution de l’Outre-Mer, l’indépendance rapidement acquise par les anciennes colonies, l’ajournement indéfini du Sénat de la Communauté…, autant d’événements qui déçoivent celui qui, depuis tant d’années, rêvait pour la France, d’un système cohérent et stable, à l’égal du Commonwealth britannique.
Inauguration à Dégagnac, le 15 avril 1962 aux côtés de Maurice Faure. Fonds Bouzerand
En septembre 1962, il est au premier rang de ceux qui s’opposent au Référendum instituant l’élection de Président de la République au suffrage universel. Il est réélu Président du Sénat le 2 octobre 1962 et encore le 2 octobre 1965. L’élu local du Lot Elu Président du Conseil de la République, Gaston Monnerville jugea rapidement que ses nouvelles responsabilités allaient le retenir très souvent à Paris et qu’il serait trop absorbé pour être en mesure de prendre régulièrement l’avion et suivre sur place les affaires de la Guyane.
L’échec aux législatives de 1946 l’avaient instruit des dangers de l’absence. Henri Queille en voisin et Maurice Faure sur place, lui suggèrent alors de se présenter dans le Lot. En novembre 1948, Gaston Monnerville fut élu haut la main sénateur de ce département. Puis il renforça son implantation, en novembre 1949, en devenant Conseiller général de Souceyrac. Il fut ensuite élu au conseil général en 1949, qu’il présida de 1951 à 1970. Il fut enfin élu maire de Saint-Céré de 1964 à 1971.
On doit noter que Monnerville a eu une carrière politique atypique car il n’exerça son premier mandat local qu’après avoir été élu au Parlement : c’est le député de Guyane qui devint maire de Cayenne ; pareillement c’est le sénateur du Lot qui, après 16 ans de mandat, devint maire de Saint-Céré. Certes son attachement au Lot fut, au début du moins, d’ordre intellectuel, mais, toujours scrupuleux, il fit honneur à ses engagements, aux prises avec tous les problèmes d’un département rural en cours de modernisation. Peu à peu se créa entre lui et le Lot en réel courant affectif, à côté du grand respect que lui valurent son dévouement et une urbanité non dépourvue de fermeté. Il dirigeait les débats de l’assemblée départementale comme ceux du Sénat, avec autorité, et connaissait bien les dossiers. Sous sa présidence, le Lot progressa notablement dans les domaines de la voirie, de l’adduction d’eau, des constructions scolaires, du tourisme…
A Saint-Céré l’oeuvre réalisée sous son impulsion réveilla une cité quelque peu endormie : un plan d’urbanisme, la création des « Rencontres Internationales », l’appui à Jean Lurçat… La solidarité des Lotois ne fit pas défaut à Gaston Monnerville à l’heure de sa disgrâce officielle subie par le président du Sénat, il y fut constamment et très largement réélu. Après avoir cédé la présidence du Conseil général à Maurice Faure en 1970, il continua jusqu’à un âge avancé, à participer aux manifestations locales, celles du part radical ou de la fédération des Maires du département.
Les dernières années Ayant renoncé, en 1968, à la Présidence du Sénat, Gaston Monnerville continue à exercer son mandat sénatorial pendant six ans. Puis, le 22 février 1974, Alain Poher, son successeur le nomme membre du Conseil Constitutionnel. Cette nomination surprit car, en 1962, Gaston Monnerville avait eu des propos durs lorsque le Conseil Constitutionnel s’était déclaré incompétent pour juger du référendum sur l’élection du Président de la République au suffrage universel.
Gaston Monnerville siègera 9 ans au Conseil, s’interdisant toute prise de position politique pendant cette période, estimant qu’il remplissait une fonction juridictionnelle. A l’issue de ce mandat, Gaston Monnerville a 86 ans. Il poursuit néanmoins ses activités, prononçant des conférences, participant à des émissions de souvenirs, ou signant quelques préfaces. Il décède à Paris le 7 novembre 1991, peu avant d’atteindre ses 95 ans. Grand homme politique, c’est aussi un peintre amateur de qualité qui s’endort, laissant pour témoignage de nombreuses toiles dont deux furent longtemps exposées à la Chantrerie de Cahors.
Ces textes et photographies sont extraits de : 10ème Anniversaire de la mort de Gaston Monnerville, Archives du Sénat, 2001, et de Gaston Monnerville, la passion républicaine, Conseil Général du Lot, juin 1999
Françoise SAGAN, une jeunesse éternelle jamais sortie de la célébrité depuis un demi-siècle
Françoise Quoirez est née le 21 juin 1935 à Cajarc ( Lot) . Elle a une dizaine d’années quand la famille emménage à Paris, dans les beaux quartiers de la rive droite. Son père Pierre, un industriel, apparaîtra souvent dans ses interviews comme un excellent fournisseur de bons mots. Cela n’empêche pas une éducation des plus strictes et bourgeoises, dans un cadre chaleureux. «Mes parents m’ont protégée», a toujours dit Sagan. Elle entre au couvent des Oiseaux en 1947. Elle est renvoyée pour son « dégoût de l’effort ».
Elle rate le bac en 1951, après une année surtout consacrée à écouter du jazz à Saint-Germain-des-Prés où, plus tard, elle se liera à Juliette Gréco, Jean-Paul Sartre et tant d’autres. Adolescente, elle lit Gide, Camus, Sartre, Rimbaud, Proust. Elle commence à la Sorbonne des études de lettres qu’elle ne poursuivra pas. Elle signe Sagan (Pseudonyme inspiré de la princesse de Sagan dans « A la Recherche du temps perdu » de Proust) en publiant, en 1954, son premier roman,
Bonjour Tristesse :
C’est l’histoire d’une jeune fille, Cécile, qui déteste la maîtresse de son père et qui ne sera pas étrangère au suicide de celle-ci. Sagan n’a pas encore vingt ans. Elle connaît un succès considérable (1 million d’exemplaires vendus en quelques semaines) et son livre est couronné par le prix des Critiques Pour la presse grand public, Sagan incarne alors la romancière « nouvelle vague ». En 1955 elle se rend à New York où son livre est traduit et y rencontre Truman Capote, puis elle part à Key West où elle verra Carson McCullers et Tennessee Williams, avec lequel elle se lie d’amitié : elle fera adapter à Paris sa pièce Sweet Birds of Youth.
Elle publie cette année-là son second roman : Un certain sourire. En 1957, Françoise Sagan est victime d’un grave accident de voiture qui lui vaut plusieurs semaines d’immobilisation. Elle publera en 1964, Toxiques, le journal. En 1957, paraît son troisième roman, Dans un mois dans un an. En 1958, elle épouse Guy Schoeller.
En 1959 ce sera Aimez-vous Brahms : le portrait sans complaisance d’une femme de quarante ans. Grâce à ce roman Françoise Sagan échappe aux pages « faits divers » des magazines et réussit à se faire respecter en tant qu’écrivain. En 1960 sa première pièce, Château en Suède, est créée au théâtre de l’Atelier.
Dès lors Françoise Sagan alternera romans et pièces de théâtre. Dans La Chamade ( 1965), Un peu de soleil dans l’eau froide ( 1969), Le Lit défait ( 1977), La femme fardée (1977) , on retrouve l’univers de Sagan : la fragilité des liens amoureux, l’ennui dans l’élégance , la bourgeoisie désabusée, les soirées arrosées et mélancoliques dans les boîtes de nuit, les fuites en avant en voiture de sport… Dans De guerre lasse ( 1985) et Chagrin de passage ( 1995) Françoise Sagan évoque en plus le thème de la mort.
Françoise Sagan a également écrit pour le théâtre : Un Château en Suède (1960), Les Violons parfois ( 1961), Le Cheval évanoui (1966), Il fait beau jour et nuit ( 1978), Un piano dans l’herbe ( 1994). Françoise Sagan a reçu en 1985 le prix de la fondation Prince Pierre de Monaco pour l’ensemble de son œuvre. Depuis longtemps, on avait un peu oublié ses livres pour ne retenir qu’une invraisemblable accumulation d’histoires qui n’ont fait que renforcer sa légende : goût immodéré pour la vitesse et l’alcool, cures de désintoxication, grave accident de voiture de 1957, casinos, prise assumée de stupéfiants, plèvre déchirée lors d’un voyage en 1985 en Colombie avec son ami, le président François Mitterrand, procès Elf où certains auraient tenté de lui faire jouer les espionnes etc.
BIBLIOGRAPHIE DE L’ÉCRIVAINE : Françoise Sagan avait publié une cinquantaine de livres, dont une bonne partie parue chez Julliard. – « Bonjour Tristesse » (1954) – « Un certain sourire » (1956) – « New York » (textes, 1956) – « Dans un mois, dans un an » (1957) – « Aimez-vous Brahms » (1959) – « Toxique » (1964) – « La Chamade » (1965) – « Le Garde du coeur » (1968) – « Un peu de soleil dans l’eau froide » (1969) – « Des Bleus à l’âme » (1972) – « Il est des parfums » (1973, en coll. avec Guillaume Hanoteau) – « Les Merveilleux nuages « (1973) – « Un Profil perdu » (1974) – « Réponses » (1975) – « Des yeux de soie » (nouvelles, 1975) – « Brigitte Bardot » (1975) – « Musiques de scènes » (nouvelles, 1981) – « La Femme fardée » (1981) – « Un Orage immobile » (1983) – « Avec mon meilleur souvenir » (1984, mémoires) – « De Guerre lasse » (1985) – « Sarah Bernhardt, ou Le rire incassable » (1987) – « Un Sang d’aquarelle » (1987) – « Au marbre: Chroniques retrouvées, 1952-1962 » (1988) – « La Laisse » (1989) – « Les Faux-Fuyants » (1992) – « Répliques » (1992) – » La Maison de Raquel Vega » (1992) – « Oeuvres » (1993) – « …Et toute ma sympathie » (1993) – « Un Chagrin de passage » (1994). – « Le Miroir égaré » (1996) – « Derrière l’épaule » (1998) Théâtre – « Château en Suède » (1959) – « Les Violons parfois » (1961) – « La Robe mauve de Valentine » (1963) – « Bonheur, impair et passe » (1964) – « Le Cheval évanoui » (1966) – « L’Echarde » (1966) – « Un Piano dans l’herbe » (1970) – « Zaphorie » (1973) – « Le Lit défait » (1977) – « Le sang des Borgia » dialogue et co-scénario avec J. Quoirez, 1978) – « Pol Vandromme » (1978) – « Il fait beau jour et nuit » (1978) – « Le Chien couchant » (1980) – « L’Excès contraire » (1987) Cinéma – « Aimez-vous Brahms » (scénario) d’Anatole Litvak (1961) – « Landru » (scénario) de Claude Chabrol, 1962) – « Les Fougères bleues » (mise en scène et scénario, 1976)
La fin de la saga Sagan « Je suis futile, mais la futilité consiste à s’occuper de choses intéressantes » avait-elle coutume de dire à François Mitterrand qu’elle recevait dans sa maison natale de Cajarc (Lot). Dans ses romans, Françoise Sagan racontait en effet avec légèreté les choses graves de la vie. Son irruption dans une Maserati rouge au cœur des événements de mai 1968 résume sans doute aussi les excès, l’oisiveté et le goût pour la provocation mondaine d’une personnalité qui, mèche blonde en bataille et cigarette au bout des lèvres, a incarné la France des années 1960 et 1970. « La gloire et le succès me délivrèrent très tôt de mes rêves de gloire et de succès » déclarait Sagan en évoquant « Bonjour tristesse », son premier roman, devenu un mythe littéraire.
De son vrai nom Françoise Quoirez, née le 21 juin 1935 dans une famille d’industriels fortunés, elle a tout juste 18 ans quand elle achève en sept semaines dans la maison de campagne de Cajarc, l’écriture du manuscrit qu’elle signe sous un pseudonyme emprunté à l’œuvre de Marcel Proust. Des millions d’exemplaires sont vendus à travers le monde (un million aux Etats-Unis) et toute une génération se passionne pour Cécile, l’héroïne éprise de liberté et hantée par la solitude, dont le destin s’achève tragiquement sur une route.
LA PEUR DE LA SOLITUDE, L’ANGOISSE DE LA NUIT
C’est justement après un accident de voiture en 1957 que bascule la vie de l’écrivaine. Ses fresques littéraires, plus appréciées du public que de la critique et des jurys de concours, attirent moins l’attention que ses frasques mondaines. Passion immodérée pour la vitesse, voyages dans les paradis artificiels revendiqués, cures de désintoxication, fraude fiscale qui lui a valu une condamnation pénale un an après avoir écopé d’une autre peine pour trafic de stupéfiants, apparition dans l’affaire Elf…
Cette vie sulfureuse et effrénée de jet setteuse cynique, les dépenses sans compter d’une fortune colossale, sont pour elle une arme contre une timidité maladive qui la fait bredouiller devant les micros et une angoisse de la nuit qui ne la quitte pas depuis son séjour au pensionnat du couvent des Oiseaux en 1947. D’ailleurs, si elle n’obtient pas son bac en 1951, c’est qu’elle préfère écouter jusqu’à l’aube du jazz et Juliette Greco à Saint-Germain des Prés et Sartre au café de Flore. Ils deviendront ses compagnons parisiens. A ses maris, l’éditeur Guy Schoeller et l’Américain Bob Wetshoff, père de son fils Denis, elle préfère ses amis, intellectuels, bringueurs ou politiques (de gauche).
SES ÉTÉS À CAJARC
Mais plutôt qu’à Saint-Tropez, c’est à Cajarc qu’elle passe le mois d’août. Françoise Sagan a largement contribué à la renommée de cette bastide lotoise blottie au cœur de son méandre. Rituellement, François Mitterrand rendait visite à l’écrivaine sur les bords du Lot. « Elle est tout simplement saganesque » commentait Mitterrand à son propos. Lecteur assidu de l’œuvre et fasciné par une personnalité qui correspondait sans doute à l’idée qu’il se faisait de la vie et de l’être humain, il la conviait régulièrement dans le cercle de ses amis littéraires et dans ses déplacements. Elle a d’ailleurs failli laisser la vie en Colombie en 1985 lors d’un voyage présidentiel, victime d’un décollement de la plèvre. A partir de cette époque, ses oeuvres rencontrent moins de succès. Ses déficiences pulmonaires et chaque disparition d’ami l’affectent tout autant. Malade, ruinée, plus présente à la chronique judiciaire qu’à la rubrique mondaine, elle vend ses biens, se fait héberger par ses amis et doit sa liberté à des protections politiques.
En 1998, elle publie son dernier livre (Derrière l’épaule). En dehors de ses fans, il passe inaperçu. Elle s’est éteinte ce 24 septembre 2004 à Honfleur à 69 ans, victime d’une embolie pulmonaire, achevant sa lutte contre la solitude. Le chef de l’Etat, de nombreuses personnalités de droite comme de gauche ainsi que du monde littéraire ont salué cette « figure éminente », « flamboyante et mélancolique ». Pascal Jalabert – La Dépêche du Midi, 25/09/2004
MARDI 28 SEPTEMBRE 2004
Ses proches, amis et voisins ont rendu un dernier hommage à Françoise Sagan. L’écrivain a été inhumée mardi après-midi dans le petit cimetière du hameau de Seuzac, où se trouve le caveau de sa famille, à quelques kilomètres de sa ville natale de Cajarc (Lot), en présence d’environ 200 personnes. Le gouvernement français était représenté par le ministre de la Culture et de la Communication Renaud
Donnedieu de Vabres et la ministre de l’Egalité et de la Parité professionnelle Nicole Ameline. Juliette Greco, Pierre Bergé, l’écrivain Bernard Frank étaient aussi venus rendre un dernier hommage à celle qui fut célèbre dès l’âge de 19 ans avec son roman « Bonjour tristesse ». Aux côtés de son fils Denis Westhoff et de sa soeur Suzanne, une cinquantaine de personnes parmi les plus proches amis et habitants du hameau avaient pu pénétrer dans l’enceinte du cimetière.
Sous un doux soleil, un brève bénédiction religieuse a précédé l’inhumation de Françoise Sagan. Celle-ci repose désormais dans une tombe à côté d’une de ses plus proches amies, face au caveau où sont enterrés ses parents et son frère Jacques Quoirez. Brigitte Bardot, qui n’a pu se rendre aux obsèques à cause de son état de santé, a estimé que Françoise Sagan a été « terrassée par la maladie et les impôts ». Elle confie que Sagan et elle « étaient comme deux soeurs jumelles reliées par nos destins ».
Christian Signol est né en 1947, aux Quatre Routes, un hameau du Quercy blotti au pied des causses de Martel et de Gramat.
Le petit garçon mène une existence heureuse entre ses parents et ses grands-parents. Son univers s’étend de l’école communale (dont il dévore la bibliothèque) à la campagne environnante. Les moissons, les vendanges, la cueillette des champignons, les parties de pêche l’été sur la Dordogne sont autant de «bonheurs d’enfance».
A onze ans, il est mis en pension au lycée de Brive. Il vit comme un drame cet éloignement du pays natal. Il dira plus tard : Cette déchirure a fait de moi un écrivain. Après des études universitaires de lettres et de droit, Christian Signol débute dans la vie professionnelle comme rédacteur administratif à la mairie de Brive.
Christian Signol est, avec Claude Michelet, l’écrivain le plus populaire de l’Ecole de Brive. C’est en 1984 qu’il a publié son premier livre, Les Cailloux bleus. Au rythme d’un roman par an ensuite (dont la magnifique trilogie de La Rivière Espérance), il a bâti une œuvre baignée par le parfum de la terre.
Il est heureux de se dire l’héritier d’une longue ligne de gens courageux et fiers, originaire du Périgord par son père et du Quercy par sa mère. D’où des personnages d’une ampleur et d’une sincérité plus vraies que nature où le poids naturel des racines écrase les modes et le parisianisme le plus frelaté.
«Homme de terroir, Christian Signol anime son pays d’une vie qui doit autant à la terre elle-même, à ses couleurs, à sa lumière, au cortège charnel de ses courbes et de ses senteurs qu’aux hommes, aux familles, aux métiers dont il sait la peupler. Ce contour insuffle aux destins anonymes, une ampleur et une sincérité, une humilité, aussi, qui sont des choses rares. C’est cet art du simple et du vrai, ce poids naturel des racines qui font le charme et le succès de ses livres.»
La statue de Gambetta a aussi été placée à Saigon Place Gambetta
La statue de Gambetta, la même que celle qui est à Cahors, avait été installée à Saïgon.
Voici la carte postale la représentant. Je me suis rendu à Saïgon/Hô Chi Minh Ville récemment, je l’ai cherchée, je ne l’ai pas trouvée. Je pense qu’elle a été déposée et sans doute fondue… Sic transit…
En 1943, pour accompagner le Débarquement, l’armée américaine a édité un petit ouvrage de 64 pages pour initier les soldats US au langage français.
Du genre : Do you understand? = KAWN-pruh-nay VOO? pour : Comprenez-vous?
Mais ce qui intéressant c’est que ce guide comporte 5 illustrations de monuments français : la Tour Eiffel, le Panthéon, l’Arc de Triomphe, une église et….LE PONT VALENTRE.
Les débuts de l’imprimerie, à Cahors, ne sauraient être antérieurs à 1583, contrairement à de tenaces légendes. Les biographes quercynois citent Jacques Rousseau, imprimeur itinérant venu d’Anjou, comme le premier imprimeur de Cahors.
La bibliothèque municipale possède une copie d’un ouvrage dont l’original se trouve à Londres, signé « à Caors par Jacques Rousseau ». Il est daté de 1586, le thème est l’historique de Cahors. Pourtant, cette ville était dotée d’une université. Mais ses professeurs étaient obligés, comme le professeur Dominici, de publier à Paris.
LES GRANDES DYNASTIES D’IMPRIMEURS CADURCIENS
L’imprimerie cadurcienne prit rapidement son essor avec de véritables dynasties d’imprimeurs, telle celle des Rousseau puis les Bonnet, les Richard, couvrant les XVIIe et XVIII, siècles, à coté d’imprimeurs « météores » au nombre d’une douzaine.
(1549-1656) La dynastie ROUSSEAU : Jacques Rousseau est le fondateur d’une véritable dynastie d’imprimeurs cadurciens. Il est nommé imprimeur de l’université et de la ville de Cahors. A sa mort, son fils Claude prend la succession. Celui-ci imprime des manuels scolaires pour le collège des Jésuites à partir de 1604. Sa femme continue l’impression jusqu’à ce que son fils puisse prendre la relève sous l’appellation «Veuve de Rousseau ». L’héritier, André Rousseau, n’ayant pas de fils, vend son imprimerie le 4 juillet 1656. (1614-1683)
La dynastie DALVY : Le premier de cette dynastie est Jean DALVY qui était fils de libraire. Il exerce une activité d’imprimeur de 1614 à 1640. C’était un notable de la ville de Cahors dans laquelle il s’était établit vers 1600. Il fut même consul (conseiller municipal) et eut le privilège d’être le libraire et l’imprimeur de l’évêque de Cahors. Son fils, Pierre DALVY (1621-1683) rachète l’atelier d’André ROUSSEAU, à son principal concurrent, le 4 juillet 1656. (1636-1698)
La dynastie RICHARD : Le premier de la dynastie est Georges RICHARD dont le premier ouvrage connu a été publié en 1681. Sa seconde femme est fille d’imprimeur. Ses enfants François et Pierre lui succèdent. Sa fille, Hélène, épouse un imprimeur de Carcassonne venu s’établir à Cahors. (1668-1694)
La dynastie BONNET : Le premier de la dynastie est Jean BONNET. Associé de Pierre DALVY, il lui succède vers 1660. Son fils François prend la relève en 1685. C’est ensuite le second fils, le libraire Arnaud, qui rachète l’atelier. Le nom de BONNET disparaît du corps des imprimeurs au début du XVIIIème siècle.
ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION CADURCIENNE AU COURS DES SIECLES
La majorité des livres produits au XVIIe siècle, soit 432 pièces ou titres et 35 000 pages, relève de la littérature religieuse : celle qui se voulait un instrument de la réforme catholique inspirée par le concile de Trente. L’épiscopat cadurcien, avec d’aussi fortes personnalités qu’Alain de Solminihac, se place tout naturellement au premier rang des clients des imprimeurs.
Ceux-ci dépendent donc de ses commandes pour leur survie. A peu de distance, des écrits huguenots sortent en masse des imprimeries montalbanaises. L’administration, la littérature, les sciences viennent loin derrière avec 3% seulement chacune des pages imprimées. Une seule oeuvre imprimée, bien audacieuse pour son temps, échappe au conformisme de rigueur, « Scatabronda » (1697) : celle-là même que Patrick Ferté exhuma et étudia en 1983. On y critiquait les juges, le clergé ; on y revendiquait des droits pour les femmes et pour la langue locale, l’occitan !
Journal du Lot, août 1941
Le XVIIIe siècle connut un notable ralentissement dans l’activité des imprimeurs: trois fois moins de pages, avec bien moins de gros ouvrages. A ce moment Cahors est supplanté par les villes voisines, alors qu’elle les devançait, sauf Montauban, au XVIIe siècle. Ainsi Rodez, au XVIIIe siècle, publie trois fois plus de pages que Cahors et travaille parfois pour nos évêques. Cela correspond bien à la crise de langueur qui affecta alors Cahors et le Quercy, privés de leurs Etats, de la Cour des Aides et enfin de l’Université (1751). Aucune Académie ou société littéraire ne s’y créa. Il faut souligner le paradoxe que constitue l’absence de liens entre l’imprimerie cadurcienne et l’Université qui ne fut jamais, à la différence du collège des jésuites, cliente et soutien des imprimeurs locaux : cela ne laisse pas de surprendre et confirme le déclin de l’institution, ce qui, par ailleurs, n’est pas propre au seul Quercy.
Il faudra attendre le XIXe siècle et un courant libertaire fort, pour qu’intervienne le renouveau de l’imprimerie cadurcienne . Au début du XIXeme siècle, on ne faisait état que de deux imprimeries à Cahors. Au début du XXème, on mentionne sept imprimeurs dont l’imprimerie Coueslant (devenue aujourd’hui Imprimerie France Quercy), et l’imprimerie Brassac (qui deviendra imprimerie Besse, puis Dhiver, et aujourd’hui Cahors Imprimerie).
Ancienne imprimerie Laytou l’imprimerie Couslant est achetée en 1897 par Auguste Coueslant jeune Maître-Imprimeur huguenot du Vigan (Gard). Un incendie la détruit totalement en janvier 1912. En 1928, elle est de loin la plus importante, puisqu’elle compte presque 150 salariés. Dans les années 60, l’imprimerie cadurcienne compte une dizaine d’entreprises, mais l’imprimerie France Quercy reste néanmoins l’établissement le plus important.
Sources : - BSEL, 4e fasc. 2001, T. CXXII, oct.-déc., p. 342-343, compte-rendu d'Etienne Baux sur la conférence de Patrick Ferté : "l'imprimerie cadurcienne, miroir de la contre-réforme". - Compte-rendu par Claire Ligier, Académie de Toulouse, Lycée Clément Marot, PAE. - Cahors, une jeune ville de 2000 ans, Alexandre Marciel, Publifusion Editeur. - Imprimerie France Quercy.
Le site Internet 14-18.lot.fr , créé par le Département du Lot, vient d’ouvrir. Ce site a pour vocation de rassembler les nombreuses initiatives lotoises liées à la Grande Guerre mais aussi de présenter les histoires singulières de poilus et de leur famille qui ont subi cette tragédie.
Au travers de témoignages, d’illustrations d’époque, des photos des monuments aux morts, de reproductions de courriers, de vidéos, de contributions de spécialistes, ce site invite à se replonger dans ce qui fut l’une des périodes les plus sombres de notre Histoire.
Rappelons que le Lot, département rural, a été durement saigné lors de la Grande Guerre: 8 000 poilus sont morts durant cette période. A ce chiffre, il faut ajouter tous ceux qui sont décédés des suites de leurs blessures. De très nombreux Lotois et communes se sont mobilisés ces derniers mois pour leur rendre hommage.
Si vous aussi, vous souhaitez partager un sujet sur 14-18, une initiative, un témoignage, des documents, des photos, vous pouvez les déposer sur ce site 14-18.lot.fr. Ce site est à vous, faites le vivre.